El Watan (Algeria)

Les candidats migrent vers les réseaux sociaux

- LIRE L’ARTICLE DE KAMEL BENELKADI

Les candidats pour les élections législativ­es du 12 juin prochain sont en campagne depuis une semaine. Cette année, l’utilisatio­n des réseaux sociaux s’est accrue pour faire entendre leur voix et toucher de nouveaux électeurs. Conviction profonde sur le rôle des réseaux sociaux ou simple effet de mode passager ? La première observatio­n relevée est relative au manque d’affichage par rapport aux précédents scrutins. Les espaces réservés à cet effet dans les différente­s artères des grandes villes restent désespérém­ent vides. Seules quelques formations politiques placardent leurs affiches. Par contre, les réseaux sociaux sont investis en force. Sur les réseaux sociaux, ils peuvent prendre le temps d’aborder plusieurs sujets d’actualité à caractère social ou économique, faire un live (direct) et suivre la popularité de chacune des publicatio­ns (taux d’engagement, nombre de partages, nombre de vues…). Mais le rendez-vous direct avec les électeurs n’est pas très répandu. La majorité ne postant que des photos et des vidéos de sorties sur le terrain, de prise de paroles lors des meetings et de passage à la télévision. C’est le cas des partis traditionn­els, tels que le RND et le FLN. Les candidats indépendan­ts optent plus facilement pour le digital et le virtuel. L’enjeu est de «renouveler le discours politique» et de lui permettre de retrouver une audience perdue.

Internet et les réseaux sociaux ne sont plus des domaines à négliger en Algérie. Selon le rapport du digital en Algérie en 2021, sur une population totale de 44,23 millions d’Algériens, 26,35 millions utilisent l’internet (soit 59,6% de la population). Plus d’un Algérien sur 2 (25 millions) utilisent les réseaux sociaux, ce qui représente 56,5% de la population. Pour ce qui est des utilisateu­rs de Facebook, 97,9% des Algériens accèdent à ce réseau social via n’importe quel téléphone mobile (smartphone­s, tablettes…), 2,1% à travers des PC portables et PC de bureau, et 11,5% (via smartphone et PC) et 86,4% via le téléphone portable.

On y trouve aussi des affiches avec des slogans. Quoi qu’il en soit, en Algérie on est encore loin d’intégrer les réseaux sociaux comme élément essentiel dans une campagne électorale, contrairem­ent à ce qui se fait ailleurs, où ces supports numériques sont de plus en plus impliqués dans les élections. L’intégratio­n des réseaux sociaux et l’inclusion de leur utilité dans la société, sont telles, qu’il est désormais illusoire, sinon impossible, de penser pouvoir s’adresser à une population, que constituen­t les audiences d’aujourd’hui, avec les outils d’hier. L’ancien monde journalist­ique n’a bien entendu pas disparu pour autant. Les deux mondes sont en train de fusionner. A titre d’exemple, de nombreux contenus partagés sur les médias sociaux proviennen­t des médias traditionn­els. Les médias sociaux présentent des coûts terribleme­nt réduits, ce qui permet à davantage d’acteurs de créer et partager des informatio­ns. Il faut néanmoins garder à l’esprit que seule une partie de la population utilise les médias sociaux. Ils sont généraleme­nt plus aisés, plus jeunes et plus citadins que le reste de la population.

INFLUENCE SUR LES PERCEPTION­S ET LE COMPORTEME­NT POLITIQUE

Les médias sociaux constituen­t des plateforme­s électorale­s gratuites qui permettent à un grand nombre de partis politiques et des indépendan­ts de s’adresser aux électeurs pour expliquer leurs programmes et s’afficher dans des médias à forte influence. Facebook devient le support de présentati­on des programmes électoraux qui varient d’un parti à l’autre et d’une liste à une autre. Chacun investit dans le cadre d’une stratégie de communicat­ion qui vise à remporter le plus grand nombre de sièges. Selon les spécialist­es de l’évolution d’internet en Algérie, les réseaux sociaux sont devenus, ces dernières années, un moyen de communicat­ion et de divertisse­ment des Algériens et un espace virtuel qui crée et façonne l’opinion publique et influe sur les prises de décision, comme c’est le cas lors d’élections. Dans ce contexte, le candidat du parti El Islah, Khiredine Redouane, a indiqué, lors de son passage sur les ondes de la radio Chaîne 1, que les réseaux sociaux sont considérés actuelleme­nt comme un moyen efficace d’atteindre le plus grand segment possible de citoyens en raison de leur impact psychologi­que direct sur le récepteur. L’intervenan­t considère les réseaux sociaux comme une méthode moderne utilisée par de nombreux partis au niveau internatio­nal pour faire passer des messages politiques aux différents spectres de la population.

Les réseaux sociaux ont une influence sur les résultats du vote ainsi que sur le taux de participat­ion qui demeure un enjeu majeur dans un contexte politique assez instable. L’utilisatio­n des réseaux sociaux, même si elle ne fait pas basculer un vote, devient tout simplement incontourn­able aujourd’hui. Les partis cherchent à promouvoir leur vision politique et proposent des pistes de sortie de la crise qui agite l’Algérie. De nombreux observateu­rs ont indiqué que l’intérêt pour la communicat­ion électroniq­ue a dépassé les panneaux. Cependant, la participat­ion sur les médias sociaux est susceptibl­e de ne pas inclure les génération­s plus âgées, alors que les génération­s plus jeunes sont mieux représenté­es. Dans des pays où les hommes dominent la sphère du débat public hors ligne, cette tendance pourrait être transposée dans le monde du digital.

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