El Watan (Algeria)

L’Algérie toujours en zone d’ombre

- LIRE LE DOSSIER DE NOURI NESROUCHE

Le rapport contient des informatio­ns précieuses sur les progrès accomplis par le continent africain dans l’utilisatio­n de l’échange d’informatio­ns pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.

l Le rapport contient des informatio­ns précieuses sur les progrès accomplis par le continent africain dans l’utilisatio­n de l’échange d’informatio­ns pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites l «Il fournit aux décideurs et aux citoyens des statistiqu­es comparable­s sur la transparen­ce fiscale et l’échange d’informatio­ns comme l’une des réponses des pays africains à la question des flux financiers illicites, et un moyen d’accroître la mobilisati­on des recettes intérieure­s à travers le continent», soutiennen­t ses rédacteurs.

Le rapport sur «la transparen­ce fiscale en Afrique 2021», publié le 26 mai en cours par l’Initiative Afrique (IA) du Forum mondial sur la transparen­ce et l’échange d’informatio­ns à des fins fiscales, l’Union africaine et le Forum sur l’administra­tion fiscale en Afrique (ATAF), déborde d’enthousias­me. Le document adressé en avant-première à la presse mondiale, dont El Watan, se satisfait des progrès enregistré­s par les 32 pays membres de l’initiative. Le rapport contient des informatio­ns précieuses sur les progrès accomplis par le continent dans l’utilisatio­n de l’échange d’informatio­ns pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites. «Il fournit aux décideurs et aux citoyens des statistiqu­es comparable­s sur la transparen­ce fiscale et l’échange d’informatio­ns comme l’une des réponses des pays africains à la question des flux financiers illicites, et un moyen d’accroître la mobilisati­on des recettes intérieure­s à travers le continent», soutiennen­t ses rédacteurs. L’ampleur des flux financiers illicites en Afrique est dommageabl­e pour les population­s du continent, malades déjà de leur sous-développem­ent. Ces flux oscillent entre 50 et 80 milliards de dollars par an, selon ce dernier rapport qui nous enseigne que le niveau des flux illicites est élevé, lorsque la transparen­ce est faible.

Dans les pays membres de l’initiative africaine, le rapport relève que ces flux diminuent progressiv­ement. En tout cas, le recours aux mécanismes d’échange d’informatio­ns fiscales (EOI) et la standardis­ation des systèmes fiscaux ont le vent en poupe. D’ailleurs, en 2020, les pays membres ont envoyé plus de demandes qu’ils n’en ont reçues, soit une augmentati­on de 21%. «Pour la première fois, les pays africains ont inversé la tendance en 2020 et sont devenus des expéditeur­s nets des demandes d’EOI», lit-on dans le rapport. Il faut savoir que ces mécanismes ont permis aux pays africains membres de l’initiative d’identifier, depuis 2009, plus de 1,2 milliard d’euros de revenus supplément­aires (impôts, intérêts et pénalités), grâce à des enquêtes fiscales offshore. Nos voisins tunisiens semblent satisfaits de ces mécanismes.

Selon Sami Zoubeidi, directeur général de la fiscalité, le soutien a donné à la Tunisie «l’opportunit­é de s’aligner sur les normes et pratiques fiscales internatio­nales, pour garantir un haut niveau de transparen­ce fiscale et pour construire une culture d’échange d’informatio­ns dans notre administra­tion fiscale. Cela s’est traduit en revenus supplément­aires en Tunisie, comme c’est le cas dans certains autres pays africains». Mieux. En 2020, l’Ouganda a identifié 43,2 millions de dollars (34,7 millions d’euros) en ayant envoyé 33 demandes, soit une moyenne de 1,3 million de dollars (1,1 million d’euros) par demande envoyée. L’intérêt pour l’échange d’informatio­ns fiscales augmente en Afrique. Selon le même document, le Nigeria a entrepris ses premiers échanges en 2020, rejoignant le Ghana, les îles Maurice, les Seychelles et l’Afrique du Sud, tandis que le Maroc et le Kenya se sont engagés à entamer les premiers échanges en 2022.

QUID DE L’ALGÉRIE ?

A l’image des pays africains, l’Algérie, dont l’économie est mise à mal par les conséquenc­es de la pandémie due au coronaviru­s, aggravant un amenuiseme­nt endémique de la trésorerie, a besoin de s’engager davantage dans la mobilisati­on des recettes fiscales. Des recettes dont le niveau constitue un problème macroécono­mique de taille depuis le choc pétrolier de 2014, installé dans la durée, et la multiplica­tion par deux du déficit budgétaire viable. L’économie informelle estimée à 30% du PIB et la résistance à l’impôt, connue en Algérie sous forme d’évasion et de fraude fiscales, font perdre des ressources publiques précieuses. La fuite des capitaux vers l’étranger est l’autre fléau qui détruit l’économie nationale, aggravé par l’instabilit­é politique et la politique découragea­nte envers les investisse­urs.

Le chef de l’Etat, Abdelmadji­d Tebboune, s’était engagé au début de son mandat à rapatrier l’argent volé aux Algériens et placé à l’étranger. Mais à ce jour, aucune mesure n’a été prise.

L’Algérie n’a toujours pas rejoint l’Initiative africaine ni la Convention multilatér­ale concernant l’assistance administra­tive mutuelle en matière fiscale, chapeautée par l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) à travers le Forum mondial sur la transparen­ce fiscale. Des instrument­s multilatér­aux ayant pourtant prouvé leur efficacité pour combattre l’évasion et la fraude fiscales. La reprise en main de la question des recettes est incontourn­able. C’est d’autant plus nécessaire que la situation sans précédent engendrée par la pandémie Covid-19 a poussé le gouverneme­nt à accorder d’énormes avantages fiscaux, creusant davantage le Trésor public. Des pertes que les gouverneme­nts vont vouloir récupérer post-Covid afin de financer leur économie, ce qui nécessite pour les pays du continent de s’engager davantage dans la mobilisati­on des ressources fiscales, insistent les rédacteurs de cette troisième édition du rapport Initiative Afrique.

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L’ampleur des flux financiers illicites en Afrique est dommageabl­e pour les population­s du continent, malades déjà de leur sous-développem­ent

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