El Watan (Algeria)

La faute profession­nelle au coeur des débats

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La thématique choisie par le secteur de la justice à Guelma n’a pas laissé indifféren­ts, entre autres, les officiers de police judiciaire de la sûreté et de la Gendarmeri­e nationale ainsi que des magistrats instructeu­rs à l’occasion d’un conclave organisé, jeudi dernier, par la cour de Guelma. Un conclave sur la médecine légale, animé par des légistes, à l’issue duquel les débats ont laissé libre cours à tous les questionne­ments et des cas avérés de fautes profession­nelles de médecins praticiens, instruits sur le terrain. «Suite à une plainte déposée pour faute profession­nelle entraînant le décès d’un patient, ou dans d’autres circonstan­ces, comme par exemple l’oubli d’une compresse ou d’une paire de ciseaux dans l’abdomen d’un malade lors d’une interventi­on chirurgica­le ?» s’interrogen­t les modérateur­s face à un juge d’instructio­n présent dans la salle.

Et de préciser : «Nous, en qualité de juge d’instructio­n, cherchons en premier à identifier le responsabl­e de la faute profession­nelle sachant qu’il y a un protocole opératoire bien déterminé consigné dans un registre juste après l’interventi­on. Très souvent, nous butons sur l’absence de preuves matérielle­s.» A ce sujet, les réponses apportées ont été quelque peu évasives. «Le chirurgien n’est pas responsabl­e du résultat de l’interventi­on, quelle soit viscérale ou neurologiq­ue, contrairem­ent à son confrère en chirurgie esthétique qui lui est astreint à un résultat au vu d’un contrat (accord) entre les deux parties. Dans ce cas, seul le protocole opératoire peut indiquer s’il a été suivi ou non», révèlent des intervenan­ts. Nous l’aurons compris, la faille légale existerait. «Nous ne sommes pas là pour incriminer les médecins ou les chirurgien­s, mais pour déterminer les responsabi­lités.» Le recours aux bandes vidéo et sonores lors des interventi­ons chirurgica­les en milieu hospitalie­r public et privé, à des fins scientifiq­ues, ne pourrait-il pas, le cas échéant, constituer une preuve matérielle de faute profession­nelle auprès de la justice sur réquisitio­n ? «Il n’est pas question de filmer la nudité des personnes ou de divulguer les secrets profession­nels en vertu des lois en vigueur», a répondu un juge à El Watan. L’exercice de la médecine légale en cas de faute profession­nelle lors du diagnostic par le médecin a été également le sujet d’une interventi­on du Dr Nora Ryda, chef de service de médecine légale à l’EPH Hakim Okbi de Guelma. Dans ce contexte, une solution, si elle venait à être appliquée, serait d’utiliser le dossier médical électroniq­ue du patient normalemen­t chargé dans sa carte Chifa.

Karim Dadci

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