Alger réaffirme son soutien à Tripoli
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a réaffirmé hier le soutien de l’Algérie aux efforts des autorités libyennes visant à rétablir la stabilité politique et sécuritaire dans le pays et à parvenir à la réconciliation nationale entre toutes les parties du peuple libyen.
«Je réitère le soutien de l’Algérie aux efforts des autorités libyennes, en l’occurrence le Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale,visant à rétablir la stabilité politique et sécuritaire en Libye, réaliser la réconciliation nationale entre toutes les parties du peuple libyen, et unifier et renforcer les institutions de l’Etat, en prévision des élections générales, libres et régulières, qui préservent l’intégrité et l’unité du territoire libyen et remettent la Libye sur les rails de la reconstruction, de la prospérité et de la croissance», a indiqué Sabri Boukadoum dans son allocution d’ouverture du Forum économique algéro-libyen, tenu à Alger, a rapporté l’APS. Comme il a soutenu que la diplomatie algérienne n’a ménagé aucun effort et s’est mobilisée avec tout ce dont elle dispose comme capital et force d’influence au double plan régional et international, afin que la Libye retrouve sa place dans le concert des nations. «L’Algérie ne pouvait pas, alors que la Libye, pays frère, traversait une grande épreuve, être spectatrice. L’Algérie a répondu présente à l’appel de la fraternité et du devoir de voisinage, d’autant plus que la diplomatie algérienne s’est mobilisée avec tout ce dont elle dispose comme capital et force d’influence au double plan régional et international, afin que la Libye retrouve sa place (…) parmi les nations». Ainsi, «l’Algérie a initié, alors que certains en ont omis et d’autres ont éprouvé des difficultés, l’accueil de tous les belligérants libyens, toutes tendances confondues, en vue de les rapprocher et chercher des solutions consensuelles que les Libyens mettront en place par eux-mêmes, à l’abri des expansionnismes et ingérences étrangères qui guettent les richesses et les atouts de son peuple», a soutenu le chef de la diplomatie algérienne.
Selon des analystes, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est du pays, cherche à se replacer en première ligne et pourrait être tenté de jouer la carte politique en vue des élections cruciales annoncées pour le 24 décembre. D’avril 2019 à juin 2020, le maréchal, qui a lancé ses combattants à la conquête de Tripoli, n’a pas réussi à s’emparer de la capitale libyenne, siège de l’ancien gouvernement reconnu par les Nations unies, en dépit de l’appui de la Russie, de l’Egypte ou des Emirats arabes unis. Cet échec a été suivi de la signature d’un cessez-le-feu en octobre et, surtout, de l’installation en mars sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU) d’un gouvernement unifié chargé de mener la transition d’ici les élections, dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi après une révolte populaire en 2011. Dans ce contexte, les soutiens du chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) «ont compris que la seule issue possible est politique», faute de quoi ils risqueraient de «perdre leurs intérêts en Libye», a observé l’analyste libyen Mahmoud Khalfallah, cité par l’AFP. Ses sponsors étrangers, qui n’hésitaient pas à le recevoir avec les honneurs, évitent désormais de s’afficher à ses côtés, a-t-il relevé. A cela s’ajoute la perte d’une partie de ses appuis dans l’Est, surtout le soutien des puissantes tribus qu’il avait ralliées à sa cause. Khalifa Haftar «a perdu sa base populaire» en Cyrénaïque, la partie orientale du pays où le système tribal reste important, a indiqué Mahmoud Khalfallah, car «il ne jouit plus du soutien incontestable des tribus qui lui reprochent d’avoir impliqué leurs fils dans une guerre où beaucoup sont morts pour rien». Reste que les «sérieux problèmes de défiance» auxquels fait face le maréchal ne sont que «partiellement dus à des dynamiques tribales», a soutenu Jalel Harchaoui, chercheur au Global Initiative à Genève. Et d’observer : «Ce qui avant juin 2020 était encore gérable (...) est plus difficile maintenant que les finances de Haftar se sont asséchées et ses espoirs d’expansion territoriale à l’ouest sont bloqués.» Pour le chercheur Hamish Kinnear de l’institut Verisk Maplecroft, «Haftar semble soutenir une élection présidentielle directe dans laquelle il pourrait soit se présenter lui-même, soit promouvoir son propre candidat».