Combien ?
3 500 morts de la Covid en Algérie contre 350 détenus dans le même pays dans le cadre de manifestations pacifiques, activisme politique ou publications sur Facebook. Ce qui donne un rapport de 1 sur 10, une maladie fait encore plus de mal que la maladie au pouvoir, contrôle, paranoïa et méchanceté gratuite. Sur le long terme, qui est-ce qui fait plus de mal, le virus ou le régime ? Pour l’instant, la balance est encore du côté du premier, mais si la vague de répression sans précédent qui s’abat sur la Nouvelle Algérie continue, dans quelques mois il y aura plus de détenus d’opinion que de morts dus à la pandémie. Ce qui posera une question fondamentale, un micro-organisme sorti de Chine et qui a tué des millions de gens sur la planète aura fait moins de mal à l’Algérie que des Algériens aux Algériens, en gros, on se fait plus de mal tous seuls entre nous que la main étrangère, le pied extérieur et tous les organes invasifs du monde dominant. Bien sûr, il y a les grâces présidentielles qui sont là pour gérer les équilibres malthusiens, comme celle de la fin février qui n’aura libéré sur l’humeur du Président que 30 détenus sur 150, et quand les prisons sont pleines, il faut bien les vider pour pouvoir les remplir à nouveau. Mais il est clair que mettre tout le monde en prison en enchaînant les procès d’atteinte à la sécurité de l’Etat ou attroupements non armés n’est pas un modèle civilisationnel viable. Ce qui revient à poser la question au nouveau Président, qui s’il n’ordonne pas cautionne et ne décide pas mais accepte, pourquoi des centaines d’Algérien(ne)s finissent en prison pour avoir revendiqué publiquement ce que lui a peut-être souhaité en secret ? C’est là où les avis divergent, le Président n’est qu’un homme du système, autocratique et centralisateur, issu d’une faille gérontocratique dont il a profité, ou il est l’enfant docile du régime mais qui veut lentement le transformer de l’intérieur avec le temps qu’il n’a pas. Combien de mauvais essais faut-il pour avancer ?