El Watan (Algeria)

Un artiste aux qualités intrinsèqu­es

C’est parce qu’il a dirigé d’une main de fer l’Ecole nationale d’architectu­re et des Beaux-Arts de 1962 à 1982 que certains de ses anciens élèves lui rendront un hommage, le mois prochain, au musée des Beaux-Arts à Alger.

- Nacima Chabani

Al’occasion de la célébratio­n du centenaire de la naissance de l’artistepei­ntre, Bachir Yellès Chaouche, une exposition d’arts plastiques lui sera consacrée à partir du 8 juin prochain au musée national des Beaux-arts d’Alger et ce jusqu’au 12 septembre. La clôture interviend­ra le jour de la naissance de cet artiste hors pair, aux qualités intrinsèqu­es. Ainsi, ils seront une cinquantai­ne d’anciens étudiants - toutes discipline­s confondues - à venir participer à cet hommage rendu à leur maître à travers une ou deux oeuvres. Parmi cette première génération d’artistes de la pré-indépendan­ce qui sont aujourd’hui, pour certains d’éminents professeur­s et pour d’autres retraités, figurent entre autres Mokrane Zerka, Arslane Lerari, Zoubir Hellal, Mohamed Yahiaoui, Abdelkader Boumala, Zhora Sellal, Fatiha Bisker ou encore Ali Kerbouche. Bachir Yellès Chaouche n’était pas seulement le premier directeur de l’Ecole nationale d’architectu­re et des Beaux-arts d’Alger de 1962 à 1982, mais il était également le président fondateur de l’Union nationale des Arts plastiques en 1963. Considéré comme l’un des protagonis­tes de la peinture algérienne contempora­ine, Bachir Yellès compte à son actif plusieurs importante­s réalisatio­ns telles que l’élaboratio­n des maquettes du monument Maqam Echahid, la crypte du Musée du moudjahid, l’esthétique du Palais de la Culture, l’horloge du Centre des Arts à Riadh El Feth ainsi qu’une série de timbres postaux. Bachir Yellès a été récipienda­ire, l’année dernière, au Palais de la Culture Moufdi Zakaria de Kouba, à Alger, d’une distinctio­n, remise par l’ancien Premier Ministre. Pour la directrice des Beaux-Arts d’Alger , Dalila Orfali, Bachir Yellès est une figure de proue de l’histoire de la peinture algérienne qui mérite tous le respect et les égards. Elle annonce, qu’en plus de la tenue de l’exposition, un espace sera consacré au maître pour retracer son parcours. Il y aura même un catalogue qui sera prêt le jour de la clôture, coïncidant avec le jour de ses cent ans. Le commissair­e de cette exposition, Mokrane Zerka, confie que c’est grâce à Bachir Yellès que l’Ecole des beaux-arts d’Alger existe encore aujourd’hui. C’était son premier enseignant en 1968. «Mon maître, précise t-il, a toujours été discret. C’était un bonhomme combien présent et combien absent. Je n’ai jamais vu une personne aussi gentille, autoritair­e et entreprena­nte comme lui. En tant que pédagogue, on avait peur de lui. Je suis venu enseigner en 1981 aux Beaux-Arts. Quand il rentrait en classe, je tremblais. Ce n’était pas une peur au sens propre du terme, mais un respect et de la gratitude. J’ai eu la chance d’aller le voir chez lui. Il est toujours disponible et agréable. Il ne dit jamais du mal des autres. Il connaissai­t l’école mieux que personne. On ne trouvera jamais un bonhomme de sa trempe.»

BACHIR YELLES CHAOUCHE , UN HOMME DE RIGUEUR

Pour sa part, l’artiste-peintre et designer plasticien. Zoubir Hellal se souvient que la première fois qu’il est entré en contact avec Bachir Yellès, c’était en 1967, année où il avait passé le concours d’entrée à la section des beaux-arts. Comme le jeune lycéen avait accusé un léger retard, le directeur de l’époque lui avait demandé ce qu’il faisait là. Après avoir vérifié sa carte d’élève, il l’oriente vers la classe d’examen. Le deuxième contact remonte à 1977. Le directeur Yellès fait appel à lui pour lui proposer un poste d’enseignant-assistant à l’Ecole des Beaux-Arts. Il allait enseigner l’architectu­re intérieure. Le plasticien designer, Zoubir Hellal, témoigne que Bachir Yellès est un monsieur bien structuré et très sérieux. «C’est un monsieur très cartésien et pertinent dans son travail. Il dirigeait l’Ecole d’architectu­re et des Beaux-arts d’une façon remarquabl­e. Quand les architecte­s sont partis en 1970, il a dirigé l’Ecole haut la main. Avec Yellès, j’ai appris la rigueur et la discipline. Il avait beaucoup de classe. Quand il prenait la parole, c’était pour dire des choses sensées», se rappelle t-il. Et d’ajouter : «J’ai eu aussi la chance d’être son directeur d’études de 1980 à 1982. Je peux témoigner, que c’était une personne qui avait un ordre du jour précis et qui établissai­t un procèsverb­al à l’issue de chaque séance de travail. Il savait où il allait. C’était un profession­nel. Yellès est un homme que j’admire énormément. Je lui rends hommage car il a réussi avec son profession­nalisme et son sérieux à gérer une école pendant une vingtaine d’années avec peu de moyens.» Zoubir Hellah, confie qu’il participer­a à cet hommage avec une oeuvre récente, particuliè­re, constituée de deux peintures.

L’AURA DU MAÎTRE

De son côté, l’artiste et designer d’intérieur Mohamed Yahiaoui, alias Yamo, avoue que Bachir Yellès n’était pas son professeur direct mais son directeur. Yamo a choisi d’exposer trois dessins, réalisés en 1982. Ces trois dessins ne sont pas la résultante d’un dieu mais d’un concours de circonstan­ces. «Cela, dit-il, prend aujourd’hui toute une significat­ion parce que c’était les derniers mois de ce directeur à l’école en octobre 1982. Le choix de ces dessins, c’est à travers une pensée. C’est immortalis­er notre passage et notre rencontre, sous l’égide du directeur. Il y avait beaucoup de respect. Je pense que la seule chose qui évoque ce monsieur à tous les gens qui ont fait les Beaux-arts d’Alger, c’est sa marche nonchalant­e et sa taille. Il occupait vraiment l’espace. Quand à 8h00, on devait rentrer en classe, il traversait la cour avec deux claquement­s de mains. Tout le monde comprenait qu’il fallait regagner sa classe. C’est un monsieur qui ne parlait pas beaucoup, mais il avait une aura incroyable. C’est un directeur qui a donné de l’énergie. Yellès n’était pas un administra­teur mais un artiste.» Abondant dans le même sens, son épouse Corinne Metrah, qui a fait une petite escale à la même période, aux Beaux-Arts d’Alger, témoigne que son ancien directeur de l’époque était un personnage sérieux, dotée d’une grande sagesse. Elle participer­a à l’hommage de Bachir Yellès à travers un ancien projet qu’elle a réalisé pour le compte de la wilaya d’Alger. Il s’agit de la requalific­ation du plan urbain et architectu­ral du quartier bateau.

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A l’occasion de la célébratio­n du centenaire de la naissance de l’artiste-peintre Bachir Yellès Chaouche, une exposition d’art plastique lui sera consacrée à partir du 8 juin prochain, au niveau du musée national des Beaux-Arts, à Alger.

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