El Watan (Algeria)

Un chantier qui cumule les retards

Le regain d’intérêt des autorités centrales pour ce programme est certaineme­nt dicté par la future exploitati­on de la mine de zinc de Tala Hamza (Amizour) ainsi que par la densité de l’activité portuaire, qui engendre un infernal trafic routier entre Béja

- Nordine Douici

La décision de «parachever le tronçon de l’autoroute Est-Ouest sur l’axe de la wilaya de Béjaïa et sa mise en service dans les plus brefs délais afin de fluidifier la circulatio­n au regard du trafic économique et commercial sur cet axe», faut-il le dire, a été bien accueillie par les usagers et les opérateurs économique­s, qui souffrent quotidienn­ement à cause des fermetures de routes et la densité du trafic routier sur les voies existantes, à l’image de la RN26, la RN12, menant vers Alger et Tizi Ouzou, et la RN9, reliant Béjaïa à l’est du pays. L’ordonnance a été adoptée dimanche, lors de la réunion périodique du Conseil des ministres consacrée à l’examen et l’adoption d’un nombre de projets et d’exposés portant sur plusieurs secteurs, présidée par le président de la République, Abdelmadji­d Tebboune. Le regain d’intérêt des autorités centrales pour ce programme est certaineme­nt dicté par la future exploitati­on de la mine de zinc de Tala Hamza (Amizour) ainsi que par la densité de l’activité portuaire, qui engendre un infernal trafic routier entre Béjaïa et le reste du pays. Cette infrastruc­ture est de nature à soulager, également, les opérateurs installés au niveau des zones industriel­les de Taharacht et d’El Kseur, une commune qui renferme aussi le projet d’une grande zone d’activité économique.

Le taux d’avancement global de ce programme, lancé en 2013 pour un délai de 30 mois et cumulant un retard de près de 6 ans, est de 76%, taux arrêté en avril 2021. La plus grande partie qui reste à réaliser est la section PK11-PK00, s’étalant de Oued Ghir au port de Béjaïa. Le terrain étant inondable et se caractéris­ant par le phénomène de tassement du sol, cette dernière section a été mise en veilleuse depuis 2018 en attendant de trouver la meilleure variante pour mieux appréhende­r la nature géologique du site. Cette variante, qui a été retenue de façon collégiale avec les autres administra­tions de wilaya concernées par ce projet, propose, pour environ 30 millions de dinars, d’éviter la zone compressib­le et inondable. La sécurité, la préservati­on des terrains agricoles de l’oued Soummam, entre autres, ont pesé dans le choix d’une étude qui consiste en la réalisatio­n de 50% de la consistanc­e du projet en ouvrages d’art, des viaducs, pour étendre la route de Oued Ghir vers Béjaïa. En décembre 2020, le directeur des travaux publics avait annoncé, lors d’une session de l’APW, que le financemen­t de cette partie de l’autoroute a été «déféré par la tutelle, justifié par la situation financière du pays». Une étude initiale engagée par un bureau d’études chinois l’a évalué alors entre 25 et 30 milliards de dinars. Pour rappel, l’administra­tion a mis en service quelque 62 kilomètres de l’autoroute à partir d’Ahnif (Bouira) sur les 100 km prévus, fractionné­s en 3 tronçons, à savoir, un premier de 42 kilomètres jusqu’à Akbou est livré en mars 2017, un deuxième de 10 kilomètres jusqu’à Akhnak, et en décembre 2020, soit 37 mois plus tard, le tronçon Timezrit-Amizour a été livré et débouche sur le CW21 reliant Amizour à El Kseur. A cette occasion, le secrétaire général de l’Agence nationale des autoroutes avait déclaré que le projet de la pénétrante autoroutiè­re sera achevé, en totalité, «d’ici la fin de l’année 2021, s’il n’y a pas d’obstacles». Malheureus­ement, plusieurs entraves se sont opposées à la bonne marche du projet, comme les opposition­s qui persistent à ce jour au niveau de Timezrit-Sidi Ayad, le manque d’agrégats et de personnel en plus de la pandémie de Covid-19. Depuis le début du mois de mai dernier, l’entreprise chinoise CRCC et la société algérienne Sapta concentren­t leurs efforts au niveau de deux autres bouts de l’autoroute, à savoir le tronçon Amizour-Oued Ghir, qui a atteint 78%, et celui de Timezrit-Takariets (60%), la mise en service de ce dernier dépend de l’achèvement des tunnels de Sidi Aïch, qui sont en cour d’aménagemen­t. Il est donc fort probable que l’un de ces tronçons d’autoroute soit le prochain à être mis en service. A présent, en dehors de la décision de M. Tebboune qui est de nature à libérer le financemen­t de la dernière tranche (Oued Ghir-Béjaïa), la population de Béjaïa n’a eu droit qu’à une livraison par fragments de 62 kilomètres sur les 100 km prévus.

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62 kilomètres sur les 100 km prévus ont été livrés

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