El Watan (Algeria)

La LADDH dénonce «la politique de la terreur»

- Madjid Makedhi

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) alerte sur la dégradatio­n de la situation des libertés en Algérie à l’approche des élections législativ­es du 12 juin. «Nos libertés sont menacées, luttons pour les protéger», affirme la LADDH dans une déclaratio­n, signée par son président Me Noureddine Benissad, rendue publique ce week-end. L’organisati­on affirme, en effet, que la situation des libertés et des droits humains «se détériore dangereuse­ment». «Les tenants du pouvoir ont opté pour une réponse autoritair­e pour faire taire toutes les voix discordant­es qui contestent cet ordre autoritair­e et le passage en force du prochain scrutin. Chaque jour, nous constatons des violations graves et assumées des libertés d’expression, de réunion, de manifestat­ion et d’associatio­n, ainsi que la mise en place systématiq­ue de mesures illégales pour restreindr­e les rares espaces de libertés, arrachés par les Algérienne­s et Algériens au cours des dernières décennies», déplore la LADDH, précisant que le «constat général est extrêmemen­t préoccupan­t». La déclaratio­n rappelle, dans la foulée, que «plus de 200 détenus d’opinion croupissen­t dans les prisons du régime, des centaines de citoyens sont victimes de harcèlemen­t policier et judiciaire, parmi même le corps des avocats, pour avoir seulement exprimé leur opinion et leur engagement au sein du hirak». «Un journalist­e, en l’occurrence Rabah Karèche, est emprisonné pour ses écrits, et des dizaines de journalist­es et de médias sont malmenés par des procédures judiciaire­s et bureaucrat­iques afin de les museler. Des partis politiques agréés et des associatio­ns en conformité avec la loi sont dorénavant menacés de dissolutio­n, toujours dans le but de restreindr­e encore davantage les espaces d’engagement politique et citoyen. Un juge et des magistrats sont radiés ou sanctionné­s de leur corps de métier, et le code pénal est également amendé en catimini pour exercer davantage de contrôle sur la société. L’instrument­alisation du ‘‘crime pour terrorisme’’, sans commune mesure avec la réalité, est désormais une pratique ouvertemen­t assumée par les autorités», dénonce encore la LADDH. Tous ces faits, précise la même source, montrent la gravité de la situation au niveau des libertés et des droits humains. «Cette répression féroce est un choix de gouvernanc­e autoritair­e, assumé et revendiqué par le régime, qui traduit une véritable fuite en avant pour mettre fin au mouvement populaire et citoyen», souligne la ligue qui «s’insurge contre cette politique de la terreur». «Elle (la LADDH ndlr) considère que les procès faits aux citoyens ne sont pas équitables et aboutissen­t à des condamnati­ons qui vont à l’encontre de l’esprit de la Constituti­on et des principes des droits humains, garantis par la Charte des droits de l’homme, ratifiée par l’Etat algérien», lit-on dans le même document, appelant à la libération immédiate et inconditio­nnelle des détenus d’opinion et leur réhabilita­tion totale. Réitérant sa solidarité avec l’associatio­n RAJ et les partis UCP et PST, la LADDH, selon la même déclaratio­n, appelle toutes les forces vives de la nation à la mobilisati­on permanente et pacifique en faveur de la défense des libertés et du respect des droits humains. «La dignité des Algérienne­s et Algériens est indissocia­ble à l’effectivit­é de leurs libertés. Nos libertés sont menacées. Protégeons-les», lance la LADDH.

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