El Watan (Algeria)

Paris passe à l’acte

L Forte de 5100 militaires, la force Barkhane au Sahel poursuivra son action seule, a déclaré le ministère des Armées français l Cela pourrait concerner surtout les opérations aériennes.

- Amnay Idir

La suspension par la France de ses opérations militaires avec l’armée malienne a commencé à se concrétise­r, a rapporté hier l’AFP citant des sources militaires. «Les opérations conjointes Barkhane/FAMa (Forces armées maliennes, ndlr) sont arrêtées, les Français continuent seuls», a indiqué un responsabl­e à l’état-major malien, évoquant la force antidjihad­iste française et les Forces armées maliennes. Une mission militaire malienne vient de rentrer de Sévaré (Centre) à Bamako pour cette raison, a affirmé ce responsabl­e sous le couvert de l’anonymat. La force européenne Takuba, initiée par la France, «refuse aussi les éléments au sol des FAMa à Ménaka» (nordest), a-t-il ajouté. Après le deuxième putsch du colonel Goïta, le 24 mai, Paris a annoncé jeudi soir suspendre les opérations conjointes avec les forces maliennes, avec lesquelles elle coopère depuis des années contre les djihadiste­s. Les missions de conseil sont également mises en suspens. C’est une mesure «conservato­ire et temporaire» dans «l’attente» de «garanties» que les colonels maliens rendront le pouvoir aux civils après des élections prévues en février 2022, a dit le ministère français des Armées. Les colonels s’y sont engagés après le coup d’Etat du 18 août 2020. Cet engagement est bafoué le 24 mai quand Assimi Goïta a arrêté le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane qui assurent la transition dans le pays. Il s’est depuis fait déclarer Président de la transition par la Cour constituti­onnelle.

LE PRÉTEXTE

Cet événement intervient quelques heures seulement après l’annonce d’un nouveau gouverneme­nt, que dominent toujours les militaires. Le changement de l’Exécutif est marqué par la mise à l’écart des officiers proches de la junte qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat d’août 2020 et dont Assimi Goïta est le chef. Le 25 mai, le colonel Goïta a indiqué avoir déchargé de leurs prérogativ­es le Président et le Premier ministre. Vice-Président, le colonel Goïta a reproché aux deux dirigeants d’avoir formé un nouveau gouverneme­nt sans se concerter au préalable avec lui. Démarche qui constitue à son avis «une violation de la charte de transition (…), d’où une intention avérée de sabotage de la transition». Forte de 5100 militaires, la force Barkhane au Sahel poursuivra son action seule, a déclaré le ministère des Armées français. Cela pourrait concerner surtout les opérations aériennes. Par ailleurs, un rassemblem­ent était prévu hier, à l’appel du mouvement dit du 5-Juin, probable futur partenaire gouverneme­ntal du colonel Goïta. Lundi, le colonel Goïta devrait être investi devant la Cour constituti­onnelle. Ce dernier a exprimé son intention de confier le poste de Premier ministre au Mouvement du 5-Juin/Rassemblem­ent des forces patriotiqu­es (M5/RFP). Collectif hétéroclit­e et fer de lance en 2020 de mois de contestati­on parachevée en août par le putsch ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Après le pronunciam­iento, le M5 a vainement réclamé d’être traité d’égal à égal par les militaires dans la mise en place de la transition pour se retrouver affaibli et divisé. Le colonel Goïta l’a rappelé dans l’échiquier actuel. Le M5 a choisi pour le poste de Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pour son opposition à l’accord de paix de 2015 avec d’anciens rebelles du Nord. En parallèle la question se pose sur la place à accorder à l’imam Mahmoud Dicko, figure importante de la contestati­on de 2020, qui a pris ses distances avec le M5 mais favorable, comme les colonels, au dialogue avec certains djihadiste­s, rejeté par Paris.

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La France suspend ses opérations militaires conjointes avec Bamako après le coup d’Etat

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