Un parti arabe dans la coalition gouvernementale
Aune quarantaine de minutes de l’échéance mercredi soir, le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a informé le président Reuven Rivlin qu’il a réuni la majorité nécessaire de 61 députés (sur 120) pour un accord de gouvernement. Gouvernement censé tirer un trait sur plus de deux ans de crise politique, marquée par quatre élections et aucun gouvernement stable. «J’ai l’honneur de vous informer que j’ai réussi à former un gouvernement. Il s’agira d’un gouvernement alternatif, et le député Naftali Bennett sera le premier chef de ce gouvernement», a-t-il indiqué dans le message envoyé au Président. Le document réunit les signatures des huit membres de la prochaine coalition : les partis centristes Yesh Atid et Bleu Blanc, les partis de droite Israel Beiteinou, Yamina et Nouvel espoir, le Parti travailliste et le parti de gauche Meretz.
Pour la première fois, un parti arabe israélien participera à une coalition gouvernementale, le parti islamiste Raam se joignant officiellement à l’accord. «J’ai signé un accord avec (le centriste) Yaïr Lapid (...), après que nous soyons parvenus à un nombre important d’accords sur différents sujets qui servent les intérêts de la société arabe», a-t-il dit dans une déclaration télévisée. La dernière fois qu’un parti arabe israélien avait soutenu (sans toutefois y participer) un gouvernement remonte à 1992, à l’époque de Yitzhak Rabin. Cette fois, la formation arabe islamiste Raam dirigée par Mansour Abbas a signé l’accord mais ne prévoit pas de participer à ce gouvernement. Le chef de l’opposition et ses partenaires ont désormais sept jours pour répartir les portefeuilles et obtenir un vote de confiance du Parlement. L’accord formel de coalition ne fait pas encore un gouvernement. Pour y parvenir, cette coalition doit obtenir le vote de confiance d’une majorité d’élus à la Knesset, le Parlement israélien. Or, la convocation de ce vote est aux mains du président du Parlement, Yariv Levin, ténor du parti de droite Likoud de Benyamin Netanyahu, qui pourrait être tenté de temporiser en espérant que certains députés sous la pression du Premier ministre fassent défection. Les Israéliens sont entièrement polarisés entre ceux qui voient dans cette alliance détonante une «trahison» des idées de la droite aussi bien que de la gauche, et ceux soulagés de voir l’indéboulonnable Premier ministre sur le départ après plus de 10 ans au pouvoir. Jugé pour «corruption» dans trois affaires, le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, est le premier chef de gouvernement israélien à faire face à des poursuites pénales en cours de mandat. Il devrait redevenir simple député et ne pourra plus user de son influence pour tenter de faire passer une loi pour le protéger de ses ennuis judiciaires. «Ce gouvernement sera au service de tous les citoyens d’Israël incluant ceux qui n’en sont pas membres, respectera ceux qui s’y opposent et fera tout ce qui est en son pouvoir pour unir les différentes composantes de la société israélienne», a assuré Y. Lapid mercredi soir. Les yeux étaient également tournés vers Naftali Bennett, ancien assistant de Netanyahu devenu son rival. Le dirigeant de la droite radicale n’a rallié le bloc anti-Netanyahu qu’au dernier moment, après avoir fait planer le doute pendant des semaines. Et c’est d’ailleurs N. Bennett, chef de la formation Yamina dont le soutien était essentiel pour atteindre le nombre magique des 61 députés, qui sera le premier chef du gouvernement, jusqu’en 2023, avant d’être remplacé par Yair Lapid jusqu’en 2025, selon les médias israéliens.