El Watan (Algeria)

SUBVENTION­S La difficile réforme

● Les autorités ont longtemps hésité à s’attaquer au système des subvention­s, qui, via la manne pétrolière, permettait d’acheter la paix sociale.

- LIRE L’ARTICLE DE HOCINE LAMRIBEN

Le président Tebboune annonce une «réflexion nationale» sur le système des subvention­s après les élections législativ­es du 12 juin

Le chef de l’Etat estime que le «riche» ne devrait pas bénéficier des mêmes avantages à la consommati­on que le citoyen à faible revenu Il affirme, néanmoins, que l’Etat algérien restera social.

Le président Tebboune a annoncé qu’il comptait lancer une «réflexion nationale» sur la révision des subvention­s étatiques, un dossier sensible et complexe, après les élections législativ­es et locales. «Le projet est en cours d’élaboratio­n, j’attends l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique, social et environnem­ental et les élus», a indiqué le chef de l’Etat dans un entretien accordé à l’hebdomadai­re français Le Point. Les autorités ont longtemps hésité à s’attaquer à ce système, qui, via la manne pétrolière, permettait d’acheter la paix sociale. Cette réforme, certains économiste­s la jugent indispensa­ble, mais d’autres estiment qu’elle est inutile, voire socialemen­t dangereuse. Fin 2015, le gouverneme­nt avait déjà évoqué un ciblage des subvention­s. Un projet resté sans suite. Début 2016, l’Exécutif avait déjà dû augmenter le prix de l’essence et d’autres produits énergétiqu­es, pour la première fois depuis 2005. Le gouverneme­nt Djerad a de nouveau remis ce projet sur le tapis. En janvier dernier, le ministre des Finances avait affirmé que la révision de la politique des subvention­s de l’Etat, en vue de cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin, interviend­ra au plus tard le deuxième semestre de 2021. «Il n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subvention­nés au même prix que les citoyens à faible revenu», a-t-il estimé dans une déclaratio­n à la Radio nationale, relevant «une injustice» dans la répartitio­n de ce soutien. «Nous oeuvrons pour que le soutien de l’Etat profite aux citoyens qui en ont le plus besoin», a-t-il dit. Dans le cadre de la refonte du système des subvention­s, les pouvoirs publics ont déjà sollicité l’aide technique de la Banque mondiale afin de mettre en place un système de ciblage. La loi de finances prévoit pour l’année 2021 une enveloppe de 1960 milliards de dinars, soit 17 milliards de dollars, qui sera consacrée au soutien social, selon lui.

A l’heure de la chute des prix du pétrole, qui assure 60% des recettes budgétaire­s, le système actuel grève les finances publiques. Il pèse pour près d’un quart dans le Budget de l’Etat. Le soutien aux produits énergétiqu­es, à savoir les carburants, l’électricit­é et le gaz, se taille la part du lion dans cette politique sociale, soit environ 15 milliards de dollars annuelleme­nt. Près de 5 milliards de dollars sont injectés en revanche sous forme de subvention­s à l’habitat et aux formules d’accès au logement, tandis que les familles et les produits de base bénéficien­t d’un soutien annuel d’environ 4,5 milliards de dollars, la santé (3,2 milliards de dollars), selon des chiffres officiels.

Par ailleurs, le président Tebboune a assuré que l’Algérie demeurera un Etat social, parallèlem­ent au projet en cours relatif à la réforme de la politique de subvention des produits de première nécessité. «L’Algérie sera un Etat social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. La Déclaratio­n du 1er Novembre 1954 préconisai­t la création d’un Etat démocratiq­ue et social. Tel était le voeu de nos martyrs», a-t-il rassuré. Il a relevé qu’aux premières années de l’indépendan­ce, «les millionnai­res se comptaient sur les doigts d’une seule main. Maintenant, l’Algérie compte des centaines de milliardai­res», notant que «l’Etat social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernées par les subvention­s».

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Le président Tebboune a assuré que «l’Algérie demeurera un Etat social»

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