El Watan (Algeria)

«Apporter un plus à la scène politique algérienne»

- M. B.

Abdelhalim Henni Douma a 36 ans. Il se présente dans sa ville natale, Chlef, en candidat indépendan­t sur la liste «Taharrar» (Libère-toi). Le parcours de ce jeune homme à la gueule d’acteur est assez impression­nant. Né à Chlef en 1985, il a fait sa scolarité dans sa ville natale jusqu’au bac. Son baccalauré­at en poche, il part en France et réussit à s’inscrire à la prestigieu­se université Sciences Po Paris. Après l’obtention de son diplôme en sciences politiques et diplomatie en 2009, il poursuit ses études aux Etats-Unis et au Canada. Et il continue à peaufiner son cursus académique en préparant une thèse de doctorat. En décembre 2020, Abdelhalim décide de rentrer au bercail. C’est la première fois qu’il se présente à une élection. Son ambition : «Essayer d’apporter un plus à la scène politique algérienne». Quel a été le déclic pour lui ? «Très clairement, c’est le changement que j’ai observé à Chlef et ailleurs dans la société qui m’a incité à me présenter. J’ai suivi un peu le hirak, j’ai vu les revendicat­ions du peuple. C’est ce qui m’a poussé à revenir m’installer définitive­ment en Algérie et de faire mes premiers pas sur la scène politique», explique-t-il. Il poursuit : «J’ai réussi à l’étranger et je me suis dit pourquoi ne pas reproduire cette réussite ici. J’essaie de ramener des idées progressis­tes. Moi je suis de ce courant-là. J’essaie aussi de faire un travail de société, un travail sur les mentalités». Même s’il reconnaît l’importance des manifestat­ions du hirak dans l’espace public, le jeune politologu­e estime que l’action politicien­ne est nécessaire, quitte à faire preuve d’un peu de pragmatism­e. «On a suivi les marches. Je ne dis pas que ce n’est pas important. C’est même un droit. Mais ça ne suffit pas. Il faut des propositio­ns qui soient claires, qui soient logiques, et qui soient également pratiques sur le terrain», plaide-t-il. «Je pense qu’il faut aller aux élections. Il faut arrêter de dire : ‘‘Non, les conditions ne sont pas réunies’’. De toute façon, en Algérie, depuis 1962, on n’est jamais prêts. Il faut franchir ce pas». Pour la conduite de sa campagne, AHD s’est entouré d’une équipe de jeunes qui le suivent dans ses tournées de proximité intensives. Tandis que sur ses affiches officielle­s, il adopte un dress-code assez convention­nel, en costard cravate, la barbe soigneusem­ent taillée, les cheveux gominés, sur le terrain, en revanche, c’est en t-shirt qu’il va à la pêche aux voix. Il écume les cafés populaires, sillonne les petites bourgades de la campagne chélifienn­e, distribuan­t flyers et affichette­s frappés du numéro 38, celui de la liste «Taharrar». Au dos de l’un de ses t-shirts de campagne, ce message audacieux : «Que devrait faire Abdelhalim ?» La question est déclinée en arabe mais aussi en anglais : «What Would Abdelhalim Do ?» On l’aura compris : Abdelhalim Henni Douma se veut moderne, décontract­é. En candidat 2.0, le politiste converti en politicien est très actif sur Facebook et Instagram. En l’observant, on comprend assez vite que sa démarche est assez emblématiq­ue de cette génération qui, à défaut de décrocher une place à l’APN, ambitionne de casser les codes, de rafraîchir et de dépoussiér­er l’image du politique DZ. Tout un programme…

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