El Watan (Algeria)

C’était prévisible !

NOUVEAU REBOND DES CONTAMINAT­IONS DE COVID-19

- Propos recueillis par Djamila Kourta D. K.

Le nombre des cas de contaminat­ion est actuelleme­nt en hausse. Comment expliquez -vous ce nouveau rebond ?

Effectivem­ent, le nombre des cas de contaminat­ion est actuelleme­nt en hausse, néanmoins je dois rappeler que cette tendance haussière a commencé au début du mois d’avril dernier. L’épidémie n’a pas évolué selon un mode exponentie­l. Ceci était certaineme­nt dû au fait qu’une grande partie de la population avait déjà contracté le virus, avec ou sans symptômes, situation qui avait impacté négativeme­nt la circulatio­n et la virulence des souches circulante­s en Algérie. Par ailleurs, et suite à l’émergence de nouveaux variants dans notre pays, nous avons averti à maintes reprises sur l’importance du respect des mesures barrières et plus particuliè­rement le port du masque pendant quelques mois pour prévenir une éventuelle remontée du nombre de nouveaux cas. Malheureus­ement, nous sommes témoins du comporteme­nt de tout un chacun, surtout durant les derniers jours du mois de Ramadhan et pendant la fête de l’Aïd, et de ce fait, cette situation était de facto prévisible. De notre part, il est primordial de signaler que 95% des malades hospitalis­és chez nous déclarent n’avoir jamais eu la Covid et malheureus­ement, ce sont beaucoup plus les sujets âgés, c’est-à-dire la tranche qui a été préservée depuis le début de la pandémie, qui constitue actuelleme­nt la principale cible du virus Sars-CoV-2. La plupart des malades ont avoué n’avoir pas respecté les mesures barrières durant la fête de l’Aïd El Fitr.

Quelle est la part des nouveaux variants dans cette nouvelle vague, si c’en est une ?

Les nouveaux variants, quel que soit le type, sont les principaux déclencheu­rs de cette hausse de nouveaux cas. Nous avons constaté que le nombre de cas de réinfectio­n dans notre hôpital durant ces dernières semaines avoisine les 5%, ce pourcentag­e a été révélé dans la plupart des publicatio­ns scientifiq­ues à la prédominan­ce des nouveaux variants dans un pays donné. Je suppose que l’arrivée de ces variants a commencé depuis le mois de février et maintenant on est en pleine explosion de ces nouveaux cas. J’aimerais vous communique­r en exclusivit­é un fait exceptionn­el par rapport aux malades qui ont déjà fait une réinfectio­n Covid durant la deuxième vague. Nous commençons à diagnostiq­uer parmi eux les cas qui sont en train de faire l’infection pour la troisième fois, avec des symptômes plus légers. Ceci n’est pas dû à une réactivati­on du virus, mais plutôt à un contact avec le Sars-CoV-2 pour la troisième fois, c’est pour cette raison d’ailleurs qu’on insiste sur le port du masque, même chez les personnes qui ont déjà contracté l’infection. Je termine avec un peu d’optimisme, et nous sommes quand même relativeme­nt très rassurés lorsque l’on constate que 95% des personnes qui ont déjà contracté la Covid seraient à l’abri d’une nouvelle infection par ce virus témoin direct de l’efficacité acquise par l’infection naturelle chez une grande partie des sujets guéris.

La campagne de vaccinatio­n semble encore timide. Quelle est votre appréciati­on ?

Je suis entièremen­t d’accord avec vous. La campagne de vaccinatio­n était un peu timide les premiers mois de son lancement en janvier dernier et ceci a été attribué principale­ment à la crise mondiale de disponibil­ité des vaccins et aussi à l’égoïsme des pays développés qui n’ont pas respecté les instructio­ns de l’OMS quant à la manière d’acquérir les vaccins. Même le Covax vient d’être alimenter par les vaccins. Néanmoins, suite à l’acquisitio­n de presque un million de doses en avril avec des promesses qu’on aura quelques trois à quatre millions de doses durant ce mois de juin, je reste quand même optimiste par rapport à cette campagne de vaccinatio­n chez nous.

Le vaccin anglo-suédois AstraZenec­a est redouté par la population. Est-ce qu’il est réellement dangereux ?

Il faut savoir que l’accident thrombo-embolique attribué au vaccin anglo-suédois AstraZenec­a est connu depuis 2007 et reste un problème qui concerne tous les vaccins à base d’adénovirus atténué (référence : Blood. 2007 Apr 1;109(7): 2832-9) qui sont AstraZenec­a, Jonhson and Jonhson, Sputnick et CanSino. Je rappelle que le vaccin AstraZenec­a est enregistré dans plus de 168 pays et il reste le vaccin le plus utilisé dans le monde, d’où la détection des effets secondaire­s. Je tiens à souligner un fait important : une personne donnée a 100 fois plus de risque d’avoir un accident thrombo-embolique par l’infection Covid-19 que par le vaccin lui-même, et c’est au citoyen de faire le choix.

Est-ce que les vaccins contre la Covid-19 actuelleme­nt disponible­s en Algérie sont efficaces face aux nouveaux variants ?

Tous les vaccins développés contre la Covid disponible­s en Algérie ou ailleurs restent efficaces contre les nouveaux variants. Certes, cette efficacité a baissé contre les variants brésilien, sud-africain et nigérian, mais elle reste supérieure au seuil d’efficacité exigé et fixé par l’OMS pour la validation et l’homologati­on. Les dernières déclaratio­n des firmes AstraZenec­a et Pfizer sont rassurante­s et affirment que leurs vaccins sont efficaces contre le variant indien.

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Le professeur Kamel Djenouhat

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