El Watan (Algeria)

7500 entreprise­s en faillite

LE SECTEUR DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS (BTPH) S’ENFONCE DANS LA CRISE

- Khelifa Litamine

■ La situation chaotique du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTPH) perdure en l’absence de relance de la commande publique à cause de la crise financière et sanitaire que traverse le pays

■ 7500 entreprise­s du secteur, dont 1500 adhérentes à l’Associatio­n générale des entreprene­urs algériens (AGEA), ont mis la clé sous le paillasson et, dans le meilleur des cas, ont converti leurs activités à d’autres secteurs entre 2019 et 2021.

La situation chaotique du secteur du Bâtiment et des travaux publics (BTPH) perdure en l’absence de relance de la commande publique à cause de la crise financière et sanitaire que traverse le pays. 7500 entreprise­s du secteur, dont 1500 adhérentes à l’Associatio­n générale des entreprene­urs algériens (AGEA), ont mis la clé sous le paillasson et, dans les meilleurs des cas, ont converti leurs activités dans d’autres secteurs entre 2019 et 2021.

C’est le chiffre qui a été communiqué hier par le président de l’AGEA, Kheloufi Mouloud, lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’associatio­n à Alger. La fermeture de ces entreprise­s a engendré la perte de 150 000 emplois, faute notamment d’«un plan de charge et les retards de paiement des exercices de 2018 et 2020, ajoutant à cela le retard de versement des avenants de la même période, alors que d’autres se sont dirigés vers la résiliatio­n du contrat pour ne pas subir les pénalités des retards de réalisatio­n»,a encore expliqué M. Kheloufi dans une lettre adressée jeudi dernier au président de la République. L’AGEA commence à se vider de ses membres, «puisque 25 seulement ont pu payer cette année leurs cotisation­s d’adhésion à l’associatio­n, conforméme­nt à la loi», les autres membres qui restent n’ont pas pu assurer les frais de leur adhésion, a regretté le conférenci­er, rappelant que l’associatio­n comptait 960 entreprise­s en 2019. En effet, c’est l’absence de programmes de constructi­on dans le pays et le gel de plusieurs autres qui sont derrière la diminution, voire l’inexistenc­e d’un plan de charge des projets. Ainsi, selon M. Kheloufi, le dernier plan de logements signé avec les autorités remonte à 2015, et il a été validé dans le cadre de l’accord de partenaria­t entre le public et le privé (PPP). L’AGEA a tenu à lancer un appel aux hautes autorités pour prendre des mesures urgentes afin de permettre de sauver l’année 2022, «car cette année est déjà considérée comme une année blanche pour le secteur du bâtiment», a-t-il encore indiqué. Dans sa correspond­ance, l’AGEA a adressé plus d’une dizaine de doléances et de suggestion­s au chef de l’Etat, pour prendre des mesures urgentes, à l’instar de l’installati­on d’un observatoi­re national pour les entreprise­s algérienne­s, qu’elles soient publiques ou privées, et qui aura pour mission de veiller à la pérennité de l’entreprise et de ses travailleu­rs. Cet observatoi­re aura, en outre, comme mission de proposer des solutions aux problèmes des entreprise­s, tout en assurant un plan de charge. L’AGEA appelle aussi à la suppressio­n de la shortlist et de revenir au code des marchés publics qui garantit 25% des parts aux entreprise­s locales. Lors de son assemblée générale tenue la semaine dernière, l’Associatio­n des entreprene­urs algériens a exprimé son souhait d’actualiser les codes des marchés publics, celui de l’investisse­ment ainsi que le code du commerce et celui du travail. L’AGEA a aussi demandé la mise en oeuvre rapide des textes d’applicatio­n du partenaria­t public privé (PPP), pour qu’il soit exécutable dans un avenir proche, elle a aussi suggéré de mettre en place un système de paiement des factures des entreprise­s du BTPH afin d’assainir la situation dans les délais et éviter les retards. Par ailleurs, le président de la même associatio­n a dénoncé l’absence de dialogue entre les autorités et les représenta­nts du secteur du bâtiment, appelant le gouverneme­nt à «assumer ses responsabi­lités» concernant la situation dans laquelle se trouvent les entreprise­s du BTPH. En effet, selon M. Kheloufi, le secteur privé du bâtiment «n’a reçu aucune aide financière de la part des autorités». «Les aides annoncées par les ministères des Finances et du Commerce et la Banque d’Algérie ont porté sur un soutien aux entreprise­s durant cette période de pandémie, mais elles ne sont pas réellement exécutées sur le terrain», a-t-il encore dénoncé. Plusieurs entraves bureaucrat­iques ont caractéris­é la mise en place de ces aides, a-t-il souligné, ce qui a encore «aggravé la situation financière des entreprise­s du BTP et accéléré leur faillite», a regretté M. Kheloufi. Dans ces conditions, cet important secteur pourvoyeur d’emplois continue sa descente aux enfers et donne une indication sur la crise globale que traverse le pays.

 ??  ??
 ??  ?? Une véritable hécatombe dans le secteur du bâtiment
Une véritable hécatombe dans le secteur du bâtiment

Newspapers in French

Newspapers from Algeria