FORCING POUR LA PARTICIPATION ET PEU DE DÉBATS CONTRADICTOIRES
● Hormis pour quelques formations politiques qui ont un programme et une idéologie établis, les sorties étaient consacrées à faire connaître les candidats et à lancer des appels pour la participation au vote.
■ La campagne électorale pour les législatives anticipées du 12 juin devra se terminer demain, soit trois jours avant la date du scrutin
■ Des dizaines d’activités ont été organisées durant plus de deux semaines par les différents candidats, partisans ou non, à travers le territoire national
La campagne électorale pour les législatives anticipées du 12 juin se terminera demain, soit trois jours avant la date du scrutin. Des dizaines d’activités avaient été organisées durant plus de deux semaines par les différents candidats, partisans ou non, à travers le territoire national. Hormis pour quelques formations politiques qui ont un programme et une idéologie établis, les sorties étaient consacrées à faire connaître les candidats et à lancer des appels pour la participation au vote.
C’est le cas notamment sur les réseaux sociaux où les potentiels futurs députés ont fait étalage de leur parcours professionnel, leurs diplômes et leur passé militant, pour ceux qui peuvent se targuer de disposer d’un capital-expérience sur ce plan-là. Peu de débats contradictoires par contre, surtout pour ce qui est des questions importantes, tant politiques que socioéconomiques.
Cette situation est due probablement au fait que l’opposition a boycotté les élections et, par conséquent, n’a pas droit de cité sur les plateaux télé ou de prétendre à une salle pour animer un meeting. Donc, même s’il y a des différences entre les programmes des uns et des autres, parmi ceux qui sont en course pour un siège à l’APN, le fait que cette élection survienne dans un contexte marqué par le hirak, a obligé tous ces prétendants à axer leurs campagnes sur la promotion de la participation, un défi pour les uns et les autres qui craignent une réédition du scénario du référendum sur la Constitution du 1er novembre 2020, qui n’a enregistré qu’un taux de participation de 23,7%.
L’autre point qui a fait que les débats autour des questions importantes soient marginalisés ou carrément occultés est la présence en force des listes indépendantes (837 contre 646 de partis politiques, selon l’ANIE), les indépendants étant globalement, pour des raisons objectives, dépourvus de programmes politiques. Ces derniers préfèrent s’exprimer sur des sujets locaux, mettant souvent en avant leurs «régions», oubliant que la première mission d’un député est de s’exprimer principalement sur des questions d’ordre national. En tout cas, pour ce qui est des démarches des uns et des autres, il faut dire que durant les deux premières semaines, le plus gros des meetings – les rassemblements populaires étant toujours le moyen, dans un contexte normal, de jauger la popularité d’une liste ou d’un parti politique – ont été animés par des formations politiques, les «indépendants» ayant préféré, majoritairement, opter pour des «actions de proximité», des sorties dans les rues, cafés… ou de l’activisme sur les réseaux sociaux.
«ÉVOLUTION DANS LE DISCOURS DES CANDIDATS…»
Là encore, ce ne sont pas tous les partis qui ont choisi ce mode opératoire, puisque certains, conscients de la faiblesse de leur ancrage populaire, ont évité les meetings par crainte de se retrouver face à des salles vides. Ceuxlà ont choisi également des sorties sur le terrain. Ce sont les entités qui ont une certaine base, à l’image du FLN, RND ou bien MSP, qui ont enchaîné les meetings, en en organisant quotidiennement un ou deux dans des villes différentes.
Parallèlement à cela, les deux premières semaines de la campagne électorale ont été marquées aussi par des déclarations ou situations loufoques ayant provoqué soit la dérision, soit des polémiques, comme ce fut le cas avec le président du Front de la bonne gouvernance (FBG), Aïssa Belhadi, lorsqu’il a qualifié les femmes candidates inscrites sur les listes de son parti de «fraises sélectionnées», ou de Abdelkader Bengrina, président du parti Bina, qui a promis le «paradis» à tous les Algériens. Par ailleurs, les questions de l’heure, notamment celles liées au hirak, donc à l’état des libertés, ne sont que furtivement évoquées lorsqu’elles ne sont pas carrément évacuées. A titre d’exemple, seuls des candidats du Front de la justice et du développement (FJD), de Abdallah Djaballah, se sont exprimés, lors de plusieurs meetings, sur les dernières arrestations de militants et d’activistes du mouvement populaire.
En tout cas, du côté de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), il est question d’une «évolution dans le discours politique des candidats», comme l’a déclaré samedi son président, Mohamed Charfi. Différents responsables mettent en exergue également le fait que la campagne s’est déroulée jusque-là sans un quelconque incident.
Dans tous les cas de figure, il est clair que le contexte politique particulier que connaît le pays a fait que les participants à l’élection législative soient beaucoup plus préoccupés par le taux de participation qu’autre chose. D’où leurs appels incessants lancés en direction des citoyens pour se diriger le 12 juin vers les bureaux de vote, mettant généralement de côté les questions importantes…