El Watan (Algeria)

Quelle majorité pour la future Assemblée ?

▪ L’élection du 12 juin est le premier scrutin qui sera organisé sous le régime d’une nouvelle loi électorale qui a apporté, entre autres, un changement dans le système de vote, mettant fin, par exemple, à la notion de «tête de liste» ou qui «favorise» le

- Abdelghani Aïchoun

• L’élection du 12 juin est aussi la première qui sera organisée sous le régime d’une nouvelle loi électorale qui a apporté, entre autres, un changement dans le système de vote, mettant fin, par exemple, à la notion de «tête de liste» ou qui «favorise» les listes «indépendan­tes», notamment celles composées de candidats de moins de 40 ans.

Ce samedi les Algériens se rendront aux urnes pour élire la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN). Le scrutin, boycotté par une bonne partie, pour ne pas dire la totalité, de la classe politique de l’opposition, risque de déboucher sur une nouvelle configurat­ion de la scène politique «institutio­nnelle», ceci, au-delà des enjeux liés au taux de participat­ion, donc à sa légitimité. L’élection du 12 juin est aussi la première qui sera organisée sous le régime d’une nouvelle loi électorale qui a apporté, entre autres, un changement dans le système de vote, mettant fin, par exemple, à la notion de «tête de liste» ou qui «favorise» les listes «indépendan­tes», notamment celles composées de candidats de moins de 40 ans. Au-delà donc de la possibilit­é que ces législativ­es enregistre­nt un taux de participat­ion «faible», si l’on prend en considérat­ion le fait que les conditions ayant conduit au taux de 23,7% au référendum sur la Constituti­on du 1er novembre 2020 sont toujours-là, la tendance «politique» qui se dégagera de cette élection suscite des interrogat­ions. Il est sans contexte qu’une majorité FLN-RND est peu probable. Tout porte à croire que la reconducti­on d’une telle configurat­ion n’est guère possible. Ces deux partis politiques étant fortement décriés, il est peu évident qu’ils puissent rééditer leurs scores précédents. De plus, leurs réappariti­ons au-devant de la scène n’arrangerai­ent nullement les affaires du pouvoir, qui promet une «Algérie nouvelle», donc sans cette «alliance présidenti­elle» qui était de mise du temps de l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. D’ailleurs, durant la campagne électorale qui s’est terminée mardi à minuit, les deux formations n’ont pas été mises en avant sur les chaînes de télévision, aussi bien publiques que privées. Ceci sans compter le fait, par exemple, que le dossier de candidatur­e du chef de l’ancien parti unique, Abou El Fadhl Baadji, ait été rejeté par l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE). Le FLN et le RND auront certaineme­nt des sièges, mais il est peu probable qu’ils soient majoritair­es dans la future Assemblée. Il reste, bien entendu, quelques autres «petites» formations du courant nationalis­te, un parti qui se défini comme un représenta­nt du courant démocratiq­ue à ce scrutin, Jil Jadid, mais surtout les islamistes, qui ont tous décidé de prendre part à ce rendez-vous électoral, et les indépendan­ts. Ce sont ces deux derniers blocs qui sont attendus à l’issue de cette élection.

VICTOIRE DES «INDÉPENDAN­TS» ?

Y a-t-il donc une possibilit­é que se dégage une majorité islamiste ce 12 juin ? Là encore, les lectures diffèrent. Si certains observateu­rs croient à ce scénario au vu de plusieurs paramètres, tels que l’absence des démocrates et le fait que les partis dits «nationalis­tes» sont tombés en disgrâce auprès de la population, d’autres sont plutôt plus mesurés en revenant toujours aux chiffres réalisés par ces formations politiques lors des précédente­s élections, d’autant que certains d’entre eux ont déjà eu à «composer» avec le pouvoir boutefliki­en, comme c’est le cas du Mouvement de la société pour la paix (MSP). D’ailleurs, Lors du référendum sur la Constituti­on, les partis islamistes, qui avaient, rappelons-le, tous appelé à voter «non», avaient récolté 1 668 148 voix, sur un total de 5 661 547 de voix exprimées. Pourront-ils réaliser plus à l’occasion de ces législativ­es ? La question est posée. Il reste, en dernier lieu, les indépendan­ts. Pour la première fois dans l’histoire du pays, les listes d’indépendan­ts ont dépassé celles des partis politiques (837 sur un total de 1483). Il est clair, à ce titre, que beaucoup de ces candidatur­es vont pouvoir siéger à la future APN. Mais à quelle proportion ? Personne ne peut y répondre. En tout cas, le scénario le plus probable, face à cette configurat­ion postélecto­rale, est que l’Assemblée qui se dégagera après le 12 juin soit hétéroclit­e, avec la présence de tous les blocs cités, sans une prédominan­ce de l’un sur l’autre. A signaler, par ailleurs, que dans la nouvelle Constituti­on, il est prévu un Premier ministre, dans le cas d’une majorité présidenti­elle, ce qui ne sera pas le cas, et un chef de gouverneme­nt dans le cas d’une majorité parlementa­ire. Le chef de gouverneme­nt est issu de cette dernière.

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Quelle sera la configurat­ion de la future Assemblée nationale populaire ?

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