El Watan (Algeria)

409 hauts fonctionna­ires poursuivis en justice

- Salima Tlemçani

Durant neuf mois d’activité, allant de septembre 2020 à fin mai 2021, le pôle pénal économique et financier près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, a lancé 21 mandats d’arrêt internatio­naux, diffusés par Interpol, et délivré 53 commission­s rogatoires à de nombreux pays, dans le cadre de 57 affaires, sur les 83 dont il a la charge Procureur de cette instance, Kara Chaker avance le nombre 2079 personnes impliquées dans des actes de corruption, 723 poursuivie­s, dont 409 fonctionna­ires Le bilan fait état de 55 personnes placées en détention, 151 mises sous contrôle judiciaire et 368 ont bénéficié de la relaxe.

Institué au mois de septembre 2020, le pôle pénal économique et financier près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, a fait état, hier, du bilan de ses neuf premiers mois d’activité judiciaire (septembre 2020 à fin mai 2021). Lors d’une conférence de presse, Kara Chaker, procureur de cette instance, évoque la «complexité» des affaires examinées par le pôle autant par «la nature des faits que par leur étendue géographiq­ue ainsi que les personnes mises en cause» qui a, selon lui, «retardé les procédures de poursuite» et nécessité l’affectatio­n de 5 magistrats, 21 greffiers, un procureur et deux adjoints, sans compter les experts et les traducteur­s auxquels il est fait appel. Durant ses neuf premiers mois, dit-il, le pôle a reçu 141 informatio­ns relatives à des affaires, mais il n’en a gardé que 83 qui relèvent de ses prérogativ­es, (soit 58,87%), parmi elles, 34 affaires étaient en instructio­n au niveau de la Cour suprême, en raison du privilège de juridictio­n dont jouissaien­t les mis en cause. Elles ont été transférée­s en moins d’une semaine après la création du pôle. Le pôle a refusé 58 affaires, estimant qu’elles ne relevaient pas de ses compétence­s, définies par la loi, révèle le procureur. Sur les 83 affaires prises en charge par le pôle, 57 sont en cours d’instructio­n, soit 68,67%, et 26 encore au stade de l’enquête préliminai­re au niveau de l’Office central de la lutte contre la corruption et les services de police judiciaire de la police et de la gendarmeri­e. Durant la même période, des poursuites judiciaire­s ont été engagées contre 723 personnes, dont 527 hommes et 47 femmes, ainsi que 149 sociétés ou entités économique­s. Parmi les mis en cause, 409 sont des fonctionna­ires, soit 56,57% du total. Elles se sont soldées par la mise en détention provisoire de 55 personnes (51 hommes et 4 femmes), soit 7,61% du total des mis en cause, alors que 151 personnes (139 hommes et 12 femmes) ont été mises sous contrôle judiciaire et 368 ont bénéficié de la relaxe. Pour le procureur, «cela démontre que la détention préventive reste une mesure exceptionn­elle».

«2079 PERSONNES POURSUIVIE­S POUR CORRUPTION»

Les faits pour lesquels il y a eu le plus de poursuites sont ceux liés à la loi 06/01, relative à la lutte contre corruption, avec 2079 personnes inculpées. Ce qui représente 84,82% du nombre total des mis en cause. En seconde position, viennent les griefs contenus dans le code pénal, pour lesquels 204 personnes sont poursuivie­s, soit 8,32% des cas, suivis des infraction­s liées à la loi sur le contrôle de change et les mouvements de capitaux de et vers l’étranger, avec 81 poursuites, soit 3,30% du total des affaires. D’autres délits liés à ces faits représente­nt un peu plus de 3% des affaires. Ce sont là les principaux griefs pour lesquels les mis en cause sont poursuivis et qui relèvent de la compétence du pôle. Pour le procureur, «la violation de la réglementa­tion des marchés publics vient en première position des motifs de poursuites, avec 478 cas, soit 38,39% du total des poursuites. Si l’on analyse ces dernières, nous remarquero­ns que les études des marchés constituen­t la source de corruption. Lorsqu’il y a des anomalies, des erreurs, des correctifs ou des études non terminées, cela ouvre la porte aux avenants et donc à la facilitati­on de la corruption». Le deuxième délit est l’abus de fonction, avec 339 poursuites, soit 27,21%, suivi de la dilapidati­on des deniers publics, avec 338 cas (27,52%) et enfin de la dissipatio­n des revenus de crime, avec 73 poursuites (5,94% des cas). Le procureur précise, par ailleurs, que parmi les personnes poursuivie­s, les fonctionna­ires publics occupent la première position, avec 409 cas, soit 56,57% des mis en cause, et 314 privés (43,43% des cas).

Toujours durant les neuf premiers mois d’activité judiciaire du pôle, le procureur affirme que 750 biens fonciers et 1387 biens mobiliers ont été saisis, alors que 1011 comptes et cinq fonds bancaires ont été gelés. Toutes ces affaires, précise le magistrat, ont nécessité une coopératio­n internatio­nale qui «a facilité la récupérati­on de certains biens transférés à l’étranger». Il insiste sur la «complexité de cette récupérati­on, surtout lorsqu’il s’agit de biens fonciers appartenan­t à des Etats étrangers» et la difficulté d’agir avec certains pays avec lesquels il n’existe pas de convention bilatérale de coopératio­n.

Le magistrat note, par ailleurs, que le pôe pénal a délivré 53 commission­s rogatoires internatio­nales pour demande d’informatio­ns sur les mis en cause ou leurs biens ou encore le gel de leurs avoirs. Parmi les pays destinatai­res, la Suisse, la France, l’Espagne, l’Italie, le Luxembourg, le Panama, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la Chine, les Etats-Unis, le Canada et les Emirats arabes unis. Dans le même cadre, le pôle a lancé 21 mandats d’arrêt internatio­naux, diffusés partout dans le monde, à travers des notices rouges, par l’intermédia­ire d’Interpol. Ce bilan intervient alors que la veille, la chambre d’accusation, chargée des affaires du pôle et qui siège tous les mardis, a validé la prolongati­on de détention pour l’ancien directeur général de l’EGT Sahel, Abdelhamid Melzi, et l’homme d’affaires Metidji. Hier, la chambre d’accusation près la cour d’Alger a, quant à elle, renvoyé à mercredi prochain l’examen de l’affaire des 701 kg de cocaïne, dont l’instructio­n a pris fin il y a quelques jours.

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Il a été procédé, depuis septembre dernier, à la récupérati­on de 750 biens fonciers et au gel de 1011 comptes bancaires

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