LES PROFESSIONNELS S’INQUIÈTENT
Des réunions et des ateliers se sont tenus pour l’encadrement de la relance de l’activité, en interne. Ce que reprochent les professionnels qui n’ont pas été associés, alors que le ministre en avait fait la promesse formelle. Reste encore, en effet, à discuter le prix de cession du kilogramme de corail brut avec Agenor (Agence nationale pour la transformation et la distribution de l’or et des autres métaux précieux), qui a un monopole de fait, puisque les armateurs corailleurs sont dans l’obligation de lui céder 70% de leur production destinées aux artisans joailliers. Une curieuse disposition imposée en 2015 par A. Sellal et son ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, en discussion avec un groupe italien, selon les informations qui ont circulé à cette époque. Il faut encore des accords avec le ministère du Travail pour les plongeurs, le ministère de l’Intérieur pour l’intervention de la Protection civile et celui de la Santé pour les accidents, pour la prise en charge des accidents hyperbares, avec les Douanes algériennes et la Marine nationale. Les professionnels de la pêche du corail, les anciens, les premiers, reconnus comme s’étant toujours conformés aux directives gouvernementales, notamment celle en 2002 de cesser toute activité, nous ont répondu : «Ma nachrich el hout felbhar, (Je n’achète pas le poisson dans la mer, ndlr)», lorsque nous leur avons demandé leurs intentions après la publication d’un appel de l’ANDPA à se manifester. Ali Chaïb est un vétéran, une référence avérée et reconnue par ses pairs. Ancien cadre du secteur des années 1970 et 1980, il s’est lancé dans l’activité dans les années 90 et a réussi dans l’exploitation, la transformation et la commercialisation. «Je ne vais pas m’aventurer pour un quota incertain de 100 kg par an. Je les faisais en 15 jours (600 kg par an avant 2002), il faut compter 50% de pertes et sur qu’il reste il n’y a que 30% de corail brut de 1er choix. On ne fait pas un investissement de 15 millions DA, bateau hyper équipé et équipe de plongée, pour si peu. Et si cette question venait à être réglée, je ne vendrais pas non plus à
Le 2 février dernier, le ministre de la Pêche, Sidahmed Ferroukhi, annonçait, à partir d’El Tarf, la réouverture de la pêche au corail, officiellement suspendue depuis 2002. Depuis, on met les bouchées doubles pour que cet engagement soit tenu. Aujourd’hui, quatre mois plus tard, on est encore loin d’aligner sur la ligne de départ l es vrais concurrents pour les concessions d’exploitation. Point sur la situation.
Agenor à moins que le prix soit attractif. Je propose de revoir cette opération de relance précipitée, mal partie, pour permettre à chacun de faire une exploration préalable avant de se lancer dans les enchères.» Et d’ajouter que ceux qui se sont rués à l’appel à se manifester de l’ANDPA ne cachent pas leur véritable intention. «J’entre dans la légalité avec une autorisation, je déclare 100 kg ou moins et je bazarde le reste au noir.» Abbane Amine, président de l’Association nationale des corailleurs algériens, et instructeur national de plongée, ne comprend pas comment l’administration, ministère compris, a pu se passer de l’inestimable expérience acquise par les professionnels pour préparer la relance. «Comme toujours, l’administration a travaillé en vase clos et elle va demander ensuite aux professionnels d’appliquer en les mettant devant le fait accompli. Les points que nous avions rejetés en 2013 et qui devaient être discutés ont refait surface.» Pour Reda Djenane, président de la Commission nationale de la pêche de l’ONPE (Organisation nationale du patronat et des entreprises), «nous avons accepté de marcher avec le ministre parce qu’on nous a dit, on ouvre la pêche et on va s’adapter au fur et à mesure. Dans la réalité, la nouvelle réglementation a complètement occulté l’expérience des professionnels ceux précisément appelés à l’appliquer. Il est prévu une réunion avec les professionnels, mais c’est pour les mettre devant le fait accompli. Avec la fermeture et le saccage pendant 20 ans, ce n’est pas du corail qu’on va trouver, mais de la ferraille et des cordages, ceux des Kerkara (Croix de Saint André, ndlr) largués au fond par les pilleurs dans leur fuites». «Nous avons des plongeurs algériens de renommée mondiale», nous dit Samir Chaouch, président de la Fassas (Fédération algérienne de sauvetage de secourisme et des activités subaquatiques). «Je ne comprends pas, on revient encore sur le recours à des plongeurs étrangers !»