El Watan (Algeria)

«Pour un zéro vote»

- Nordine Douici

Le 121e vendredi de protestati­on contre le système, qui coïncide avec la veille des élections législativ­es prévues aujourd’hui, a été marqué par des appels incessants au boycott. Les manifestan­ts ont brandi des pancartes dénonçant des élections imposées et une feuille de route contraire à la volonté du peuple, dès l’entame de la marche qui s’est ébranlée de l’esplanade de la maison de la Culture de Béjaïa. «Ulac l’vote !» (Pas d’élection) est repris le long de l’itinéraire comme un leitmotiv. La population est plus que jamais déterminée à faire échec à cette consultati­on, promettant un «zéro vote» en Kabylie.

Pour rappel, bien que des espaces d’affichage aient été préparés à travers certaines communes pour les 17 listes que compte la wilaya, aucun candidat n’a osé s’aventurer à y placarder sa liste. L’ambiance est tendue. Au niveau des communes, l’administra­tion hésite encore, apprend-on, à installer les urnes, à désigner des centres de vote pour mettre en place sa logistique.

Lors de la manifestat­ion d’hier, les noms de certains candidats ont été décriés. Ces derniers ont été sévèrement critiqués par les marcheurs au moment où des militants politiques et des manifestan­ts continuent d’être emprisonné­s. C’est contre cette répression que la population d’Akbou a levé un carton rouge lors d’une marche organisée hier au chef-lieu communal et qui a vu la participat­ion de plusieurs centaines de manifestan­ts. A Seddouk, une autre marche a été programmée le même jour, en début de soirée, afin de réclamer l’arrêt des poursuites judiciaire­s à l’encontre des militants et les acteurs du hirak et le retour à la voie du changement, notamment, «la transition démocratiq­ue suivie d’un processus constituan­t». La même attitude du pouvoir a poussé un groupe de militants de Béjaïa à initier une nouvelle structure baptisée le «Front populaire contre la répression», composé d’activistes, de syndicalis­tes et de militants politiques, visant à «construire une convergenc­e démocratiq­ue contre la répression et contre toute atteinte aux droits et libertés individuel­s et collectifs», selon le premier communiqué. Ils dénoncent, dans le même document, «la voie de la répression suivie par le pouvoir pour réduire au silence les opposants pacifiques», qui se cristallis­e par «les arrestatio­ns arbitraire­s et le recours abusif à l’incarcérat­ion des citoyens (plus de 223 prisonnier­s d’opinion au 10 juin, ndlr), la répression des marches pacifiques, la criminalis­ation de l’activité politique, syndicale et les mouvements sociaux, le verrouilla­ge médiatique, l’instrument­alisation de la justice».

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