Une campagne électorale plutôt discrète et sans tensions
Dans la forme, rien n’a finalement pu distinguer cette dernière campagne électorale pour les législatives des précédentes de même type. Les mêmes rituels étaient adoptés. Des affiches placardées un peu partout et souvent de manière anarchique, en débordant les espaces réservés à cet effet, des bus ou des voitures à l’effigie des candidats sillonnant les artères principales ou alors le fait de faire appel à des jeunes ou des troupes folkloriques lors des meetings dans les nombreuses salles qui ont été réquisitionnées à l’occasion. Pour ce dernier cas, il s’agissait notamment de booster l’ambiance, y compris devant les entrées et, fait remarquable, même les organisateurs des listes animées par des indépendants ont recouru à ce genre de prestations. Justement, les listes indépendantes étaient particulièrement nombreuses cette fois, au point que les gestionnaires de la ville ont eu à rajouter des espaces d’affichage pour répondre aux besoins (en tout 37 panneaux à Oran). Les affiches données à voir n’avaient pas toutes la même qualité graphique, mais chez les indépendants, c’est le travail de proximité qui a primé, là où la famille ou les amis étaient mis à contribution. De ce fait, les candidats, y compris à titre personnel, profitaient de la moindre occasion de regroupement pour distribuer des affichettes et appeler à voter pour eux. On a également assisté à une floraison de slogans pour convaincre. «Habituellement, lors des rendezvous similaires précédents, lorsque le vote était majoritairement une affaire de partis, les questions, liées par exemple aux projets de société ou aux caps économiques à suivre, étaient supposées avoir été déjà tranchées à l’intérieur de ces formations, mais avec les indépendants cela n’était pas visible», fait remarquer un universitaire, observateur de la scène locale. C’est comme si les débats d’idées n’étaient plus l’enjeu de cette joute électorale. Il y a évidemment une campagne sur les réseaux sociaux, mais l’espace public réel reste déterminant pour les candidats. Conséquence de tout cela, les beaux slogans, y compris ceux des partis, ne s’entrechoquaient pas et semblaient tous se compléter comme des petits cours d’eau qui affluent vers un même oued. On a mis en avant les concepts de liberté, de compétence, de probité, de justice sociale, de réel changement, etc., autant de termes génériques qui, à de très rares exceptions, n’étaient pas expliqués et définis concrètement dans un programme clair. A défaut, ce sont donc souvent les statuts sociaux ou les qualités intrinsèques des candidats qui ont été mis en avant. Le niveau intellectuel et les professions étaient bien mis en évidence. Les listes regorgeaient effectivement de candidats et de candidates ayant le niveau universitaire ou ayant des professions valorisées socialement (médecins, avocats, cadres d’entreprises, etc.). Une campagne électorale plutôt discrète et sans tensions.