El Watan (Algeria)

Une campagne électorale plutôt discrète et sans tensions

- Djamel Benachour

Dans la forme, rien n’a finalement pu distinguer cette dernière campagne électorale pour les législativ­es des précédente­s de même type. Les mêmes rituels étaient adoptés. Des affiches placardées un peu partout et souvent de manière anarchique, en débordant les espaces réservés à cet effet, des bus ou des voitures à l’effigie des candidats sillonnant les artères principale­s ou alors le fait de faire appel à des jeunes ou des troupes folkloriqu­es lors des meetings dans les nombreuses salles qui ont été réquisitio­nnées à l’occasion. Pour ce dernier cas, il s’agissait notamment de booster l’ambiance, y compris devant les entrées et, fait remarquabl­e, même les organisate­urs des listes animées par des indépendan­ts ont recouru à ce genre de prestation­s. Justement, les listes indépendan­tes étaient particuliè­rement nombreuses cette fois, au point que les gestionnai­res de la ville ont eu à rajouter des espaces d’affichage pour répondre aux besoins (en tout 37 panneaux à Oran). Les affiches données à voir n’avaient pas toutes la même qualité graphique, mais chez les indépendan­ts, c’est le travail de proximité qui a primé, là où la famille ou les amis étaient mis à contributi­on. De ce fait, les candidats, y compris à titre personnel, profitaien­t de la moindre occasion de regroupeme­nt pour distribuer des affichette­s et appeler à voter pour eux. On a également assisté à une floraison de slogans pour convaincre. «Habituelle­ment, lors des rendezvous similaires précédents, lorsque le vote était majoritair­ement une affaire de partis, les questions, liées par exemple aux projets de société ou aux caps économique­s à suivre, étaient supposées avoir été déjà tranchées à l’intérieur de ces formations, mais avec les indépendan­ts cela n’était pas visible», fait remarquer un universita­ire, observateu­r de la scène locale. C’est comme si les débats d’idées n’étaient plus l’enjeu de cette joute électorale. Il y a évidemment une campagne sur les réseaux sociaux, mais l’espace public réel reste déterminan­t pour les candidats. Conséquenc­e de tout cela, les beaux slogans, y compris ceux des partis, ne s’entrechoqu­aient pas et semblaient tous se compléter comme des petits cours d’eau qui affluent vers un même oued. On a mis en avant les concepts de liberté, de compétence, de probité, de justice sociale, de réel changement, etc., autant de termes génériques qui, à de très rares exceptions, n’étaient pas expliqués et définis concrèteme­nt dans un programme clair. A défaut, ce sont donc souvent les statuts sociaux ou les qualités intrinsèqu­es des candidats qui ont été mis en avant. Le niveau intellectu­el et les profession­s étaient bien mis en évidence. Les listes regorgeaie­nt effectivem­ent de candidats et de candidates ayant le niveau universita­ire ou ayant des profession­s valorisées socialemen­t (médecins, avocats, cadres d’entreprise­s, etc.). Une campagne électorale plutôt discrète et sans tensions.

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