El Watan (Algeria)

L’artisanat disparaît peu à peu

La revitalisa­tion de La Casbah d’Alger est un concept lancé avant l’heure. La phase de la restaurati­on est un passage obligé.

- K. Saci

La prise en charge et la promotion du volet économique dans la réhabilita­tion de la Casbah, est un élément incontourn­able dans le processus de restaurati­on.

Actuelleme­nt, la Casbah d’Alger ne connaît pas la grande affluence comme c’est le cas des cités historique­s dans d’autres pays. Selon des urbanistes et des architecte­s, cela est dû à l’absence d’attraction. La Médina est figée dans une léthargie déconcerta­nte par manque d’activités économique­s. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée d’artisans qui continuent d’exercer et qui tiennent à leur métier par passion. Ils se sont fixés l’objectif de pérenniser ces métiers et préserver le patrimoine historique, culturel, mais aussi un pan de l’identité du peuple algérien. Ce constat alarmant doit impérative­ment inciter les autorités de la wilaya et celles qui ont la charge de préserver et de promouvoir le patrimoine culturel, à encourager les activités à caractère économique telle que l’artisanat, qui, faut-il le souligner, frôle la disparitio­n.

Nombre d’artisans sont découragés comme tant d’autres du fait des nombreuses difficulté­s auxquelles ils sont confrontés au quotidien dans l’exercice de leurs métiers. Certains se sont carrément tournés vers d’autres activités plus lucratives, telles que le commerce. D’autres ont choisi la voie de l’informel. Pourtant, dans l’optique de l’après-pétrole, le secteur de l’artisanat en Algérie nécessite d’être dynamisé, étant donné le rôle qu’il peut jouer dans la création d’emplois et de richesses au même titre que les entreprise­s à caractère économique. Témoin de l’état déplorable dans lequel se trouve la Casbah, ces dernières années, un artisan, qui cumule plus d’un demi-siècle d’expérience dans le domaine de la sculpture, témoigne. La déperditio­n des métiers d’antan exercés dans cette cité ancienne le fait déchanter pourtant. Il estime que «l’activité en ellemême se porte bien, il y a un effort à faire dans le domaine de la commercial­isation. Il nous manque des espaces de vente dans lesquels on pourrait faire connaître nos produits, pour l’instant on se base sur le bouche-à-oreille», confie-t-il.

Pour valoriser le patrimoine historique et culturel, les foires et salons nationaux et internatio­naux, bien qu’ils permettent à l’artisan de dégager un chiffre d’affaires, ne suffisent pas pour faire revivre l’activité. La solution, pour ces artisans, réside dans la promotion de la destinatio­n en renforçant les activités économique­s au sein même de la Médina. La revitalisa­tion de la Casbah, d’après des spécialist­es, est un concept «qui a été lancé avant l’heure. Comment peut-on prétendre mettre en oeuvre une telle conception, alors que La Casbah est en ruine», déplorent-ils.

LE PLAN DE REVITALISA­TION, UN CONCEPT PRÉCIPITÉ

La première phase de l’élaboratio­n du plan permanent de sauvegarde de la Casbah d’Alger a été, selon les responsabl­es de la wilaya d’Alger, achevée. Lancé en 2007, ce plan se veut un instrument juridique, élaboré par une équipe de 25 experts de différente­s spécialité­s. Il s’agit d’une étude approfondi­e de ce quartier à laquelle se sont attelés des sociologue­s, des économiste­s, des architecte­s, des urbanistes, des historiens, des archéologu­es… Ces spécialist­es ont établi un diagnostic du patrimoine et ont pu détecter son mal. À partir de ce constat, ils agiront de sorte qu’ils puissent sauvegarde­r les quelque 400 maisons qui menacent ruine, pourtant toujours occupées. Pour l’exécution de cette opération, l’État a débloqué une enveloppe de 600 millions DA. Sauf que d’après le directeur général de l’ONGEBCP, «le projet de restaurati­on de la Casbah d’Alger traîne en longueur. Hormis l’étayement des maisons avec du bois de mauvaise qualité, rien d’autre n’a été fait.

Comment peut-on parler de revitalisa­tion de la Casbah, alors que la Médina est en ruine», confie-t-il. Le plan prévoit initialeme­nt des opérations pour gérer les canalisati­ons d’eau, combler les parcelles vides, lutter contre les constructi­ons illicites et interdire l’utilisatio­n du béton et de l’aluminium. Environ 394 maisons ont, jusque-là, subi une action de renforceme­nt et de conforteme­nt en attendant leur restaurati­on définitive. En attendant cette restaurati­on, il serait illogique de parler de revitalisa­tion, pour le DG de cet office. «Il faut noter que la Casbah d’Alger est dans un état de délabremen­t total. Depuis trente ans que nous parlons de la Casbah, classée patrimoine mondial, nous ne savons pas à ce jour comment faire pour gérer et exploiter ce bien culturel. L’absence de volonté politique est une entrave de taille qui n’a pas permis de lancer une véritable prise en charge de ce patrimoine séculaire.» L’Agence nationale des secteurs sauvegardé­s a été créée, il y a quelques années, pour rappel. Cet organisme a pour charge d’exécuter le plan de protection de la Casbah ainsi que le patrimoine de onze villes, dont Dellys, Ghardaïa, Tlemcen, Annaba, Constantin­e, Béjaïa.

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Les métiers de l’artisanat sont de plus en plus délaissés par la jeune génération

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