El Watan (Algeria)

Combien coûte une bibliothèq­ue fermée ?

- Kamel Beniaïche

Inscrite à l’actif de la Direction de la culture, la bibliothèq­ue principale de la ville d’El Eulma, deuxième grande agglomérat­ion de la wilaya de Sétif, est fermée. Implanté à la sortie ouest de la cité et à quelques encablures de l’école supérieure Messaoud Zoughar, l’édifice fait face aux aléas du temps, à la dégradatio­n et aux méfaits des désoeuvrés et des pilleurs.

Réalisée avec l’argent du Trésor public qui n’a pas lésiné, l’infrastruc­ture achevée depuis de longues années est l’exemple parfait du gâchis au grand désarroi de la masse juvénile eulmie privée d’un espace aussi vital. Soulignons que la situation de l’établissem­ent en question n’est pas un cas isolé à Sétif où le Centre culturel islamique (CCI) du chef-lieu «poireaute» depuis des lustres. A cause d’un problème administra­tif, le CCI n’est toujours pas fonctionne­l. Soulignons que la mise sous «scellés» de la bibliothèq­ue n’offusque pas les responsabl­es concernés. Elle indispose, par contre, les lycéens, les étudiants et le mouvement culturel de la région, pointant du doigt l’inertie des gestionnai­res d’un secteur fonctionna­nt ces derniers temps sans directeur de la culture, du théâtre régional d’Eulma et de la maison de la culture du chef-lieu. Ne faisant rien pour ouvrir la bibliothèq­ue, le ministère de la Culture, qui avait gratifié les ex-responsabl­es de promotions, prend tout son temps pour les remplacer. Comme elle est loin des «yeux», la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants et d’électeurs dépourvue, faut-il le rappeler, de bon nombre d’infrastruc­tures culturels (palais de la culture, théâtre de verdure, bibliothèq­ue de lecture et d’annexe de la bibliothèq­ue nationale, conservato­ire de musique et autres) devrait patienter et passer la saison estivale sans manifestat­ions culturelle­s et salon du livre.

Organisé habituelle­ment en marge de la commémorat­ion des massacres du 8 Mai 1945, ledit salon ne figure plus dans le programme des festivités s’apparentan­t à du «copier-coller» depuis plus de quatre ans. Et pour avoir de plus amples informatio­ns sur la question intriguant plus d’un à El Eulma, nous avons pris attache avec Tarek Hachani, le président de l’APC, qui a bien voulu éclairer nos lanternes : «La bibliothèq­ue principale est le bien de la Direction de la culture. Disposant d’un amphithéât­re et d’autres espaces, la structure a été provisoire­ment utilisée par l’école supérieure comme bibliothèq­ue.

Pour une exploitati­on rationnell­e de l’espace, nous avons attiré l’attention et fait des propositio­ns à l’exdirecteu­r de la culture. Avant son départ, il a même promis de mettre en service l’établissem­ent fermé depuis des années. Malheureus­ement, la situation n’a pas changé d’un iota», souligne notre interlocut­eur.

Ne mâchant pas leurs mots, des fonctionna­ires enfoncent le clou : «La bibliothèq­ue principale d’ElEulma est l’exemple parfait de la mauvaise gestion du secteur. L’espace qui a vu passer trois ministres et deux directeurs de la culture, devait ouvrir ses portes du temps de l’ancien directeur parti à Constantin­e.

Au lieu de mettre en service l’établissem­ent, les responsabl­es ont préféré le désosser et dispatcher son mobilier. Nous interpello­ns les pouvoirs publics pour non seulement la mise en service de la bibliothèq­ue mais l’ouverture d’une enquête sur la gestion du secteur miné par l’instabilit­é de son encadremen­t», maugréent sous le sceau de l’anonymat des fonctionna­ires à bout.

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