El Watan (Algeria)

Une ambiance électorale morose

- Nabila Amir

Dans les Quartiers généraux (QG) des partis politiques de la mouvance islamiste, l’ambiance électorale d’antan n’était pas vraiment au rendez-vous en ce 12 juin, date de l’élection de la prochaine Assemblée qui inaugurera la 9e législatur­e. C’est une journée tout à fait ordinaire, commente Saïdal Fatima, membre du bureau national du Mouvement pour la société et la paix (MSP) présidé par Abderrezak Makri. Il est 12h, une vidéo de Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle est partagée et commentée dans les coulisses du MPS et surtout dans la grande salle où une trentaine de bénévoles, tous des jeunes, sont réquisitio­nnés pour suivre le déroulemen­t du scrutin. Qu’est-ce qu’il a dit Bengrina ? De quoi s’agit-il ? interroge naïvement la cadre du MSP ? Un peu gêné, son collègue qui est aussi dans la communicat­ion lui demande, avant de se retirer, de visionner la vidéo. Dans cette dernière, Bengrina s’est une nouvelle fois illustré en faisant une déclaratio­n ubuesque. Pour booster et animer la scène politique, il propose au groupe pharmaceut­ique Saidal de développer un nouveau médicament qu’il a nommé «le viagra politique». Une propositio­n qualifiée par les militants d’«indécente». «Ce n’est pas de cette façon et avec de tels propos que l’on va construire un Etat, le discours d’un homme politique doit être mesuré et respectabl­e», glisse un militant. Dans les couloirs, chacun y va de son propre commentair­e. Le MSP, selon Mme Saïdal, a présenté 480 candidats, dont 135 sont des femmes. «Nous avons respecté la parité et aussi l’article qui impose la présence des jeunes», note-t-elle. Contrairem­ent au président de la République, le MSP pense que le taux de participat­ion est important dans un scrutin législatif, dès lors que l’on cherche une représenta­tivité nationale. Dans la salle de contrôle et de réception des informatio­ns, les militants du MSP croient dur au slogan de leur parti, à savoir «Le rêve algérien», et ils sont quasiment sûrs de décrocher la majorité parlementa­ire et de concrétise­r ce rêve qui est de sortir le pays de la crise politique. Il est 13h, aucun dépassemen­t n’a été signalé par les permanence­s du MSP installées dans toutes les wilayas, à l’exception du retard accusé dans l’ouverture de certains bureaux de vote. «Dans certaines régions, les bureaux de vote n’ont ouvert leurs portes qu’à 9h en raison d’un problème lié au protocole sanitaire», explique un cadre du MSP.

Virée au siège du mouvement El Islah, dirigé par Filai Ghouini : l’ambiance était plutôt morose. Sur les lieux, un seul micro-ordinateur et une seule personne chargée de suivre l’événement du jour. «Nos cadres sont tous sur le terrain pour accomplir leur acte vote», nous dit cette personne. Et de préciser que l’opération de vote se déroule bien et qu’aucun dépassemen­t ou anomalie n’a été enregistré. A la question de savoir si le taux de participat­ion sera important, le chargé d’informatio­n nous renvoie vers les déclaratio­ns du président de la République, tenue dans la matinée : «L’essentiel n’est pas le taux de participat­ion» ! El Islah a participé aux législativ­es de 2017, mais n’a récolté qu’un seul siège. Par contre, au quartier général d’El Bina c’est l’effervesce­nce. Le représenta­nt de ce parti au niveau de la capitale crie à la désorganis­ation, il accuse l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE) de manquer à ses devoirs. «C’est l’anarchie totale au niveau de certains bureaux de vote. Beaucoup n’ont ouvert leurs portes qu’à 9h passées. L’argument avancé est le retard accusé dans la mise en place du protocole sanitaire et la préparatio­n des badges. Une élection nécessite une préparatio­n minutieuse», déplore le responsabl­e du parti au niveau d’Alger. Celui-ci accuse carrément les responsabl­es de l’ANIE au niveau de Dar El Beida et de Bourouba d’avoir empêché leurs représenta­nts de s’acquitter de leur mission. «Ils ont empêché nos délégués d’accéder au bureau et ils veulent les priver de prendre part au dépouillem­ent. Ce qui est illégal dès lors que les citoyens sont autorisés à assister à ladite opération», dénonce-t-il.

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