Comment faire face à la Chine et la Russie
Réunis depuis vendredi au sud-ouest de l'Angleterre, les dirigeants des pays du G7 (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Canada et Japon) ont cherché hier à adopter une vision commune face à la Chine et la Russie. Cette rencontre constitue le premier déplacement à l'étranger du président américain, Joe Biden.
Rejoints par leurs homologues de Corée du Sud, d'Afrique du Sud et d'Australie, ainsi que d'Inde virtuellement, les dirigeants du G7 ont affiché leur entente sur les questions diplomatiques, Chine et Russie notamment. Ainsi, le G7 a lancé, en cette deuxième journée du sommet, un vaste plan mondial d'infrastructures pour les pays pauvres et émergents, à l'initiative de J. Biden, afin de concurrencer les «Nouvelles routes de la soie» mises en place par Pékin, que ce soit en Amérique latine, en Afrique ou Asie. Baptisé «Reconstruire le monde en mieux», ce projet devrait aider ces pays à se relever de la pandémie, en se focalisant sur le climat, la santé, le numérique et la lutte contre les inégalités. La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est félicitée sur Twitter du retour de la «solidarité» et la «coopération» au sein du G7. Une alliance nécessaire face la Russie et les défis sécuritaires qu'elle pose à l'Europe, a-t-elle ajouté, faisant part de la préoccupation des grandes puissances sur la Biélorussie, où des opposants au président Alexandre Loukachenko sont durement réprimés. Plus tôt dans la journée, les dirigeants ont présenté un plan de bataille afin de prévenir de futures pandémies. «Avec cet accord, les principales démocraties dans le monde vont s’engager à empêcher une pandémie mondiale de se produire une nouvelle fois, pour que les ravages causés par la Covid-19 ne se répètent jamais», a déclaré le Premier ministre britannique, Boris Johnson. Le document comprend une série d'engagements pour empêcher une nouvelle pandémie. Il s'agira de réduire le délai pour développer des vaccins, des traitements et des diagnostics, avec l'espoir que le monde soit prêt en moins de 100 jours pour faire face à une maladie soudaine. L'autre volet portera sur un renforcement de la surveillance sanitaire et la mise en place d'une réforme pour renforcer l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un objectif ardu sans la Chine qui apprécie peu le G7 qu'elle a qualifié de «clique» formée par Washington. Cette déclaration ne tranche toutefois pas la délicate question de la suspension des brevets sur les vaccins, afin d'accélérer leur production. La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iwealan a appelé lors d'un point presse à «ne pas limiter le débat à la propriété intellectuelle», plaidant pour un renforcement des capacités de production. Ce sommet constitue aussi l'occasion d'aborder les sujets qui fâchent, en premier lieu les tensions liées aux dispositions post-Brexit pour l'Irlande du Nord. Boris Johnson a eu au début de la journée des tête-à-tête avec le président français, Emmanuel Macron, la chancelière allemande, Angela Merkel, et Ursula von der Leyen, qui l'ont appelé à respecter ses engagements concernant le Brexit. En réponse, il a appelé les Européens à faire preuve «de pragmatisme et de compromis» face aux difficultés entraînées par les nouvelles mesures douanières, avant d'avertir que son pays «n’hésitera pas» à passer outre certaines dispositions du protocole nord-irlandais en invoquant son article 16. Article qui l'y autorise en cas de «graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales», a expliqué le chef de gouvernement sur Sky News. Au coeur du différend entre Londres et l'Union européenne (UE) se trouvent les dispositions commerciales spécifiques à l'Irlande du Nord, prévoyant des contrôles sur certains échanges entre la Grande-Bretagne et la province britannique, de l'autre côté de la mer d'Irlande, afin d'éviter qu'ils aient lieu entre la province et la République au sud. Les mesures adoptées pour l'Irlande du Nord sont censées «préserver» la paix dans la province en évitant le retour d'une frontière dure avec la République d'Irlande voisine, membre de l'UE. Mais depuis le Brexit, ce dossier empoisonne les relations entre les deux parties.