El Watan (Algeria)

L’alliance qui ne dit pas son nom

- Par Tayeb Belghiche

L’Algérie risque-t-elle de connaître le sort de la Libye, de la Syrie, de l’Irak, du Yémen et de la Somalie, tous membres de la Ligue arabe et qui se trouvent aujourd’hui éclatés et en proie à la guerre civile ? La menace est sérieuse. Outre un voisinage qui ne porte pas notre pays dans son coeur, un discours portant menace sur l’unité nationale est en train de se développer. Au point que deux avocats, l’un du barreau de Chlef et l’autre de Blida, ont réagi et ont décidé de déposer plainte contre Abdelkader Bengrina, un défroqué du Hamas et actuelleme­nt chef du parti El Bina. Ces derniers temps, ce monsieur tient un discours de haine contre la Kabylie et tamazight. Pis encore, il a osé porter atteinte à la mémoire de tous les moudjahidi­ne de la Wilaya III, qui ont donné le plus de sacrifices pour l’Algérie en nombre de martyrs. Une région qui a connu de grandes opérations de l’armée coloniale, lesquelles n’ont épargné ni les femmes ni les enfants, sans parler de toutes les dechras brûlées. C’est à cette terre de héros que Bengrina a eu l’impudence de s’attaquer. Malheureus­ement, ce n’est pas là un acte isolé. Il y a eu des précédents. Il y a eu d’abord la députée Naïma Salhi. Celle-ci, qui était très liée à Bouguerra Soltani, a déclenché une véritable campagne contre tamazight. D’un niveau intellectu­el nul, ses propos racistes n’ont eu aucun impact. Mais elle a largement profité de l’argent des contribuab­les, dont celui des Kabyles. En septembre 2019, un Français fils de harki, un certain Lakhdar Bentoula, a prononcé un discours lors d’une conférence qu’il a donnée à Mostaganem, où il a déclaré qu’il faut éradiquer la région de tous les Kabyles pour atteindre le niveau zéro. Il n’a nullement été inquiété. De son côté, un ancien sénateur, un certain Benzaïm, s’est lui aussi attaqué aux Kabyles, prétendant qu’ils ont formé le corps des zouaves, preuve qu’il ne connaît rien de l’histoire de l’Algérie. Ce sulfureux individu traîne des casseroles mais continue de profiter du soleil algérien. Des plaintes ont bien été déposées contre l’ancienne amie de Bouguerra Soltani, et ce, depuis plusieurs années. Elle est libre comme le vent, alors qu’un militant de la démocratie se retrouve facilement en taule pour un oui ou pour un non. Les autres contrevena­nts n’ont pas eu, eux aussi, à rendre compte devant la justice. Pourtant, ils se sont livrés à une grave violation de la Constituti­on qui condamne sévèrement les atteintes à l’unité nationale et l’outrage à cette même Constituti­on qui reconnaît tamazight comme langue officielle au même titre que l’arabe. Plus inquiétant, le gouverneme­nt n’a jamais remis à leur place ces gens et n’a jamais dit mot ou condamné leurs propos. Nous n’en sommes pas à la dernière dérive. L’année dernière, la chasse au drapeau berbère a été systématiq­ue, et ceux qui l’arboraient ont même été traînés devant les tribunaux. On raconte que c’est le général Ghali Belkecir, à l’époque patron de la Gendarmeri­e nationale, qui était derrière cette chasse au drapeau berbère. Il est aujourd’hui en fuite et est recherché pour haute trahison. Sa femme, Fatiha Boukhors, ancienne présidente de la cour de Tipasa, s’est réfugiée à Paris. Son complice, Wassini Bouazza, lui, est en prison. Aujourd’hui, la question se pose. Qui est derrière cette campagne ? Elle est en train de semer les germes de la division entre les Algériens et fait le jeu des séparatist­es. Tous ces ennemis de la Kabylie contribuen­t à élargir l’audience du MAK, alors que jusque-là il est perçu comme un parti pas sérieux pour un sou, surtout que son chef, Ferhat Mehenni, se fait financer par le Maroc et a poussé l’inconscien­ce et le ridicule jusqu’à demander à Israël d’ouvrir une… ambassade en Kabylie. Alors, Mehenni-Bengrina même combat ? Tous deux veulent diviser l’Algérie.

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