Plus de 600 000 élèves concernés
N Dès demain, plus de 600 000 élèves sont appelés à se diriger vers les centres d’examen pour passer les épreuves du Brevet d’enseignement moyen (BEM). Cette année, les moyennes ne seront pas revues à la baisse.
L’envoyée spéciale de RFI ouvre sur «un scrutin rejeté par le hirak et par une partie de l’opposition, certaines formations politiques ayant décidé de le boycotter». Elle
rapporte que «la journée s’est déroulée globalement dans le calme, sauf en Kabylie, où des protestations et des échauffourées ont été signalées. Sur les réseaux sociaux circulent notamment des images de bulletins de vote déversés dans les rues, dans cette région traditionnellement frondeuse, où la participation avait été quasiment nulle lors des derniers scrutins». Poursuivant sa narration, la journaliste de RFI signale que
«dans les bureaux de la capitale, l’affluence était faible tout au long de la journée. A chaque fois, les mêmes scènes : bureaux déserts, piles de bulletins de vote sur les tables et des urnes quasiment vides avec seulement une vingtaine de bulletins. Selon les personnes qui tenaient ces bureaux, les votants qui se sont présentés étaient plutôt âgés, mais les jeunes, eux, ne sont pas venus. Certains confiaient trouver le temps long en l’absence d’électeurs». La journaliste ne
manque pas de souligner que «le scrutin se tient dans un contexte de répression accrue, dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains depuis plusieurs semaines, qui se traduit par des interpellations et des poursuites contre des opposants, hirakistes et journalistes». Pour une autre radio, Europe 1, «autour des bureaux de vote, l’ambiance est électrique. Et peu d’Algériens se déplacent pour aller voter. Dans les rues d’Alger, la capitale, les passants marchent devant les affichages sans même lancer un regard». Et Europe 1 d’ajouter que «ces élections sont censées apporter une nouvelle légitimité au régime, mais elles sont rejetées par le mouvement et par une partie de l’opposition, sur fond de répression généralisée»… «La déception de la reprise en main du hirak par le pouvoir a découragé beaucoup d’Algériens de se déplacer.» Dans un article qui «détaille ce qui se joue dans le pays», France Info relève que «ce rendez-vous est d’abord l’occasion de redonner une légitimité aux institutions du pays, après deux années de suffrages comptabilisant un faible taux de participation». Et d’estimer que «l’autre enjeu majeur pour les autorités algériennes est de réussir à tourner la page du hirak, mouvement de protestation populaire et pacifique né le 22 février 2019 et qui réclame le départ du système».«Enfin, ces élections devraient faire ressortir un personnel parlementaire renouvelé dans le but de convaincre les Algériens de la naissance d’une ‘‘nouvelle Algérie’’. C’était l’un des engagements du président Tebboune lors du référendum sur la nouvelle Constitution, le 1er novembre 2020». France Info note, par ailleurs, qu’«en parallèle de la campagne pour les législatives, la répression policière et judiciaire s’est accrue, notamment contre le mouvement du hirak». «Les arrestations, jeudi 10 juin, de trois figures du hirak – l’opposant Karim Tabbou, Ihsane El Kadi, directeur d’une radio proche de la contestation, et le journaliste indépendant Khaled Drareni – ont par ailleurs déclenché un tollé international. Ils ont finalement été relâchés dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).» France Info indique enfin que «le pays est aussi plongé dans une crise économique provoquée par l’épidémie de Covid-19, qui attise les tensions sociales».
Dans son édition de samedi-dimanche, le Figaro consacre un article aux «partis islamistes aux portes du pouvoir». «‘‘Un parlement islamiste ? Et après ? Ils sont déjà dans les sphères de la décision’’. Ce commentaire d’un cadre de l’Etat traduit l’état d’esprit dans les coulisses du pouvoir alors que ce samedi, 24 millions d’Algériens sont appelés à voter pour les élections législatives anticipées, troisième volet des ‘‘réformes politiques’’ voulues par Abdelmadjid Tebboune pour construire ‘‘une Algérie nouvelle’’, après le référendum pour la révision de la Constitution et la dissolution du Parlement.» «‘‘L’infiltration islamiste est aussi dominante dans les listes indépendantes’’, souligne un proche de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).» «Si une telle configuration est possible aujourd’hui, c’est parce que ‘‘les partis démocrates et progressistes ont laissé la place libre’’, estime, amer, un militant de gauche.»
Le Journal du Dimanche (JDD) considère que «l’Algérie a voté avec les clignotants au rouge», et que «si les Algériens ont une fois de plus boudé les urnes hier, c’est autant pour des raisons politiques qu’économiques. Rarement depuis la chute des prix du pétrole en 2014 (90% des exportations du pays), les perspectives n’ont été aussi mauvaises, bien que la pandémie mondiale explique en grande partie la récession de 6% l’an dernier. L’année 2021 pourrait finir sur une note de 2,9%, selon les prévisions du FMI, mais les réserves de change, qui ont toujours permis au régime de soutenir le pouvoir d’achat dans les moments de crise, fondent à vue d’oeil avec une aggravation d’encore 8 milliards de dollars prévue en 2021. Selon les experts, tant que l’Algérie n’aura pas suffisamment diversifié ses ressources, elle devra s’accrocher à des prix d’hydrocarbures d’une économie mondiale de plus en plus décarbonée».