El Watan (Algeria)

LA DÉCEPTION DES PARTICIPAT­IONNISTES

- Nabila Amir

Plus de 70% des électeurs ont boudé les élections législativ­es qui se sont déroulées ce samedi dans une indifféren­ce quasi générale. Au lendemain de ce rendez-vous électoral, nombreux ont été les partis politiques qui ont refusé de commenter ce fort taux d’abstention, inédit dans les annales du Parlement algérien.

Ces entités politiques se défendent d’attendre d’abord les résultats de cette course électorale avant de se prononcer sur ses différents aspects. Néanmoins, tous s’attendaien­t à ce qu’il y ait une abstention, mais pas un raz-demarée abstention­niste.

Le parti Jil Jadid, dirigé par Soufiane Djilali, ne se faisait pas d’illusion, sa direction et les postulants à ces joutes savaient que les Algériens allaient boycotter ce scrutin. «C’était prévisible», lâche Habib Brahmia, chargé de communicat­ion à Jil Jadid.

Selon lui, une grave crise de confiance s’est installée dans notre pays. «Les Algériens ne croient plus à l’action politique, nous sommes toujours, selon eux, dans la continuité de l’ancien système.» Mais le parti de Soufiane Djilali espérait un taux de participat­ion supérieur à 30%. «Durant notre campagne électorale, nous avons approché toutes les franges de la société. Les Algériens ont accepté de nous écouter, mais ils n’étaient pas dans la logique de participat­ion. Ils nous disaient ouvertemen­t et clairement qu’ils n’avaient pas confiance en le système et que rien n’a changé», avoue le cadre de Jil Jadid, qui attend les résultats définitifs pour pourvoir donner son appréciati­on et analyser le taux de participat­ion. Ce parti pense qu’il est urgent de se pencher sur cette question d’abstention afin d’éviter sa réédition. «La participat­ion populaire à un scrutin est importante car cela y va de la représenta­tivité et de la légitimité des institutio­ns, donc il faut trouver des solutions à ce grave problème», glisse M. Brahmia. Dans cette lancée, la direction de Jil Jadid dénonce la persistanc­e des vieilles pratiques, notamment les tentatives de bourrage des urnes. «Les anciennes pratiques ont été observées pendant ce scrutin, il y avait, ce 12 juin, beaucoup de résistance, des dépassemen­ts et même de la violence physique dans certains centres de vote. Il y a eu des tentatives de fraude», déplore M. Brahmia.

Ces pratiques décrédibil­isent le pouvoir et renforcent, selon certains observateu­rs, la position des abstention­nistes. Jil Jadid accuse l’ANIE de ne pas être à la hauteur de ses prérogativ­es. «Cette Autorité a recruté des personnes broyées par les anciens du système. Les membres de cette Autorité ne maîtrisent pas ses prérogativ­es. Le scrutin du 12 juin est entaché de plusieurs irrégulari­tés.»

De son côté, le MSP, qui s’attendait à un taux de participat­ion supérieur à celui avancé par l’ANIE, s’interroge sur le chiffre donné par le président de l’Autorité.

De l’avis de M. Hamdadouch­e, le taux moyen et non le taux national de participat­ion de 30,20%, avancé par Mohamed Charfi, est «incompréhe­nsible».

Et au MSP de dénoncer les tentatives de fraude visant, selon lui, à modifier les résultats de l’élection, ce qui pourrait, dit-il, avoir «de mauvaises conséquenc­es» sur le pays et «l’avenir de l’action politique et des élections».

Selon une source du parti, les Algériens se sont abstenus de voter parce qu’ils sont persuadés que les résidus de l’ancien système sont toujours là. Tout en confirmant qu’il arrive en tête de liste des résultats à travers la majorité des wilayas et à l’étranger, le président du MSP revendique la victoire et demande au président de la République de «protéger la volonté populaire qui s’est exprimée sur le terrain, et ce, conforméme­nt à ses engagement­s». Des candidats de partis sous couvert de l’anonymat estiment que le taux «moyen» de participat­ion rendu public par le président de l’ANIE est destiné à masquer l’importance de l’abstention.

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