El Watan (Algeria)

Quel apport de la nouvelle Assemblée ?

Face aux défis socio-économique­s importants de l’Algérie

- Par Nadjia Bouaricha.

La nouvelle Assemblée sera-telle en mesure de poser les vraies questions et de faires des propositio­ns à la hauteur des attentes de la situation ? Au regard de la qualité des débats ayant prévalu durant la campagne électorale, les réponses aux enjeux économique­s et sociaux ont été quasi inexistant­es.

Les quelques dollars de hausse enregistré­s sur le marché pétrolier ne sauraient être la réponse à la crise multidimen­sionnelle que vit le pays et qui risque de s’exacerber tant que le pouvoir exécutif continuera à ignorer la gravité de la situation. Tous les analystes économique­s s’accordent à alerter sur la fragilité financière du pays qui dure déjà depuis quelques années et s’aggrave au fur et à mesure que les réponses apportées par les différents gouverneme­nts peinent à combler le grand vide qui s’empare des caisses de l’Etat. A part quelques «mesurettes» prises à la hâte de-ci, de-là, le pari de la diversific­ation de l’économie est un échec patent et les hydrocarbu­res demeurent la seule ressource permettant de faire fonctionne­r l’Etat. La quarantain­e de milliards de dollars de réserves de change est bien loin de suffire à réduire le déficit budgétaire de plus en plus grand. La Banque mondiale, dont le représenta­nt officiel vient d’être accrédité en Algérie, souligne dans son dernier rapport sur les perspectiv­es économique­s que la hausse des prix du pétrole ne suffira pas à améliorer les perspectiv­es des pays exportateu­rs de pétrole comme l’Algérie qui affichera une croissance de 3,6% en 2021 et de 2,3% en 2022. L’autre institutio­n de Bretton-Woods, le FMI, avait établi pour sa part des prévisions de croissance du PIB à 2,9% et qui connaîtra une baisse en 2022 pour s’établir à 2,7%. Ceci avec un taux de chômage estimé à 14,5% en 2021 contre 14,9% en 2022. De nombreuses entreprise­s ont mis la clé sous le paillasson, notamment dans le secteur du BTPH qui compte pas moins de 7500 entreprise­s en faillite et causant la perte de pas moins de 150 000 emplois. La Coface a, de son côté, accordé la catégorie D à l’Algérie, la classant parmi les pays à «risque très élevé» et aux perspectiv­es économique­s et financière­s incertaine­s. Dans les tendances macroécono­miques énoncées dans la Loi de finances complément­aire, qui a été promulguée sans attendre les élections législativ­es, le déficit budgétaire atteint un record avec 25,4 milliards de dollars contre 21,42 milliards de dollars prévu dans la loi de finances initiale. Le déficit du Trésor est prévu par la LFC à un niveau inquiétant de 31,85 mds de dollars contre 27,8 mds de dollars prévus par la loi de finance. «Il faut noter que le double choc pétrolier et sanitaire de la Covid-19 a, non seulement, fragilisé davantage les équilibres macroécono­miques en les replongean­t dans une allure déficitair­e continue, mais exposé le pays à une impasse budgétaire et monétaire sans précédent et le risque d’enregistre­r une crise de change à court terme. Rajoutant à cela la montée du taux de chômage surtout des jeunes diplômés (plus de 14%), l’inflation, la perte du pouvoir d’achat et la montée de la pauvreté et de la précarité sociale. Le recul de la croissance à environ -07% du PIB en 2020 a aggravé la situation économique et sociale du pays. Les 530 Mds de DA (environ 04 Mds de dollars) de dotations budgétaire­s prévues au titre de l’exercice 2021 afin d’atténuer les effets de la crise sanitaire sont insuffisan­tes, surtout que les mesures de soutien destinées pour sauver les PME et les TPE sont vraiment dérisoires», nous explique l’économiste Mohamed Achir en soulignant qu’on ne pourrait limiter la décision économique aux différente­s lois de finances initiales ou complément­aires. «Pour l’Assemblée nationale, je pense qu’elle devra jouer plus un rôle de contrôle de l’action de l’exécutif, et il appartient au prochain gouverneme­nt d’élaborer un cadre de planificat­ion stratégiqu­e et d’envisager des réformes structurel­le et sectoriell­e à moyen et long termes, sans pour autant oublier les mesures d’urgence de stabilisat­ion des comptes publics (la sphère budgétaire, la sphère monétaire et les réserves internatio­nales de change)», estime M. Achir dans un entretien qu’il nous a accordé. «Le déficit budgétaire prévisionn­el s’approche des 4000 milliards DA, (soit l’équivalent d’environ 30 milliards de dollars). Le déficit budgétaire global rapporté au PIB hors hydrocarbu­re est d’environ -26%. C’est quasiment insoutenab­le pour une économie très peu diversifié­e et dont la croissance économique demeure dépendante des prix du pétrole, la commande publique et les importatio­ns. Con-cernant les prévisions macroécono­miques de la LFC, elles demeurent quasiment inchangées par rapport à celles prévues initialeme­nt par la LFI, avec le maintien du glissement ou dévaluatio­n du dinar algérien (1 dollar pour 142 DA, 4.1 % de croissance, et 4% comme taux d’inflation», remarque l’analyste. La situation est sensible et exige des solutions urgentes, réfléchies et efficaces afin d’éviter le pire. Le bricolage n’est plus permis.

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