El Watan (Algeria)

Les réformes économique­s contrariée­s par l’instabilit­é politique

- S. I.

Majoritair­ement acquis au pouvoir en place, ils ont fait passer comme une lettre à la poste les projets de lois proposés par le gouverneme­nt. Ils ont même défendu certains lobbys, comme celui de l’importatio­n de la friperie. Pour rappel, l’interdicti­on de l’importatio­n de la friperie, instituée dans la LFC 2009, votée par ordonnance, n’a pas été du goût des députés. Deux ans après, en 2011, un amendement pour la levée de l’interdicti­on proposé par quatre députés (deux du RND, un du MSP et un autre indépendan­t) avait même été adopté par la commission des finances et du budget de l’APN. C’est dire le rôle de cette Assemblée et son faible effet sur la transforma­tion de l’économie algérienne qui continue à payer les frais de cette «légèreté» institutio­nnelle à travers une crise permanente enfoncée par l’instabilit­é politique. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle Assemblée est en voie d’être installée dans un contexte des plus difficiles avec d’importants défis à relever. Entre la crise de l’emploi qui s’annonce, la gestion des effets économique­s de la pandémie, la diversific­ation de la production et des exportatio­ns hors hydrocarbu­res, la transition énergétiqu­e et le stress hydrique, ce ne sont pas les dossiers à prendre en charge qui manquent, mais plutôt les outils à mettre en place à cet effet, à commencer par la bonne gouvernanc­e économique.

CONTINUITÉ

Pour l’heure, tout porte à croire que ce sera l’enchaîneme­nt des pratiques anciennes au moment où l’on nous parle d’une Algérie nouvelle. C’est ce que pensent d’ailleurs des analystes que nous avons contactés. «De manière plus précise, je crois qu’une fois passé le cap de ces législativ­es, c’est l’enchaîneme­nt classique qui va être déroulé, installati­on de la nouvelle APN, formation d’un nouveau gouverneme­nt qui va présenter son programme, lequel ne sera pas très différent de l’actuel et des précédents. Je pense qu’il n’y aura ni évaluation ni changement, mais une continuité peut-être en pire», estime Mohamed Bouchakour, économiste. Et d’ajouter : «L’instabilit­é politique continuera sur fond de stabilité institutio­nnelle et c’est celle-ci qui compte plus que celle-là pour le pouvoir.» Pour d’autres, comme nous le soulignera Omar Hemissi, professeur en gestion, l’instabilit­é actuelle est symptomati­que de la situation globale qui prévaut depuis 2013 et qui ne parvient pas encore à trouver l’issue salutaire escomptée, ce qui pèse sur l’économie. «Les turbulence­s que connaissen­t les institutio­ns de l’Etat ont en effet pesé sur un contexte déjà chargé de tirailleme­nts entre les décisions pour le moins impopulair­es et les attentes de la société», estime-t-il soulignant que les multiples ajustement­s suggèrent que la gouvernanc­e économique relève d’une instance qui se situe au-dessus de la sphère gouverneme­ntale. Pour M. Hemissi, une gouvernanc­e économique performant­e est d’abord subordonné­e à la pertinence des mécanismes mis en place et à la cohérence des actions coordonnée­s entre les différents secteurs. Ce qui n’est pas le cas.

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