El Watan (Algeria)

Le Maroc cumule les revers

l Après le rappel à l’ordre de Bruxelles et le niet de Moscou, Rabat essuie un affront diplomatiq­ue cette fois de Washington.

- Amnay Idir

Le Maroc a subi récemment plusieurs revers sur le plan diplomatiq­ue concernant le dossier sahraoui. Le dernier en date est venu du Congrès américain qui a bloqué l’ouverture d’un consulat à Dakhla occupée et une opération de vente de drones armés, a révélé le quotidien espagnol La Vanguardia dans son édition de dimanche, relayé par l’APS. Deux engagement­s contenus dans l’accord portant la reconnaiss­ance par l’ex-président Donald Trump de la prétendue souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisat­ion des relations entre Rabat et l’Etat hébreu. Citant des sources du Congrès, le quotidien espagnol a indiqué que la commission des affaires étrangères de la Chambre des représenta­nts bloque, depuis plusieurs mois, ces deux engagement­s. Le blocage de ces promesses au Congrès n’a pas été révélé jusqu’à présent, mais, selon La Vanguardia, «elles sont gelées depuis près de cinq mois sans que le départemen­t d’Etat n’ait pris des mesures pour tenter de le contourner ou de négocier un compromis avec les membres du Congrès». La commission des affaires étrangères de la Chambre des représenta­nts a demandé au départemen­t d’Etat de l’informer avant juillet de l’état d’avancement des contacts dans le cadre des Nations unies pour réactiver les négociatio­ns, selon le journal. En février, 27 sénateurs, dont des républicai­ns, ont écrit une lettre au président Biden, dans laquelle ils lui ont demandé de révoquer la décision de Trump sur le Sahara occidental. En décembre dernier, l’ancien président américain, Donald Trump, a proclamé sa reconnaiss­ance de la prétendue souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisat­ion des relations entre le Maroc et Israël. Mercredi, le départemen­t d’Etat américain a évoqué un changement d’approche, de la part de l’administra­tion Biden, concernant la question sahraouie. Le porte-parole du départemen­t d’Etat, Ned Price, a déclaré lors d’un point de presse que son départemen­t active pour «la meilleure façon de mettre fin à la violence et de parvenir à un règlement durable». Et de soutenir : «(…) Je contestera­i certaineme­nt la caractéris­ation selon laquelle il y aurait une continuité, y compris en ce qui concerne notre approche envers la région, depuis la dernière administra­tion.» Lors d’une réunion tenue fin mars avec le secrétaire général de l’Organisati­on des Nations unies (ONU ), Antonio Guterres, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a exprimé le soutien des Etats-Unis aux «négociatio­ns politiques» en vue de résoudre le conflit et «a exhorté le secrétaire général de l’ONU à accélérer la nomination d’un envoyé personnel au Sahara occidental». Lors de son audition de confirmati­on au Sénat américain, il a observé que certaines des incitation­s incluses dans les accords dits «d’Abraham» liés à la normalisat­ion des relations de certains pays arabes avec Israël de faire l’objet d’un «examen attentif». INSTRUMENT­ALISATION DE LA QUESTION MIGRATOIRE

Jeudi, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a critiqué l’utilisatio­n, par le Maroc, de la question migratoire à des fins politiques, en référence au fait que Rabat ait laissé passer, au mois de mai dernier, des milliers de migrants, dont beaucoup de mineurs non accompagné­s, vers les territoire­s espagnols en réaction à l’hospitalis­ation, en Espagne, du président sahraoui, Brahim Ghali. Le Parlement européen «rejette l’utilisatio­n par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration notamment des mineurs non accompagné­s, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l’Union, déplore en particulie­r que des enfants, des mineurs non accompagné­s et des familles aient franchi massivemen­t la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril», selon la résolution. Il a rappelé que «le ministre marocain des Affaires étrangères a reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directemen­t du fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne» et que «dans une déclaratio­n officielle publiée ultérieure­ment, les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l’Espagne sur le Sahara occidental». Aussi, le Parlement «rappelle que la protection et la sécurité de Ceuta concernent l’ensemble de l’Union européenne, car la ville autonome fait partie de ses frontières extérieure­s». Le même jour, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé que la position de son pays vis-à-vis de la question sahraouie «n’a pas changé». Elle a précisé que «le règlement définitif du conflit ne saurait être réalisé qu’à travers l’applicatio­n des décisions pertinente­s issues de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité relevant de l’ONU dans le cadre des mesures conformes aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies». Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoire­s non autonomes, et ainsi éligible à l’applicatio­n de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaratio­n sur l’octroi de l’indépendan­ce aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.

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Un énième camouflet pour le Maroc de Mohammed VI

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