«L’abstention massive traduit la défiance des Algériens vis-à-vis du système»
L’abstention massive des Algériens aux élections législatives du 12 juin est, selon l’analyse du Parti des travailleurs, la preuve de la défiance qu’éprouve une majorité de citoyens vis-à-vis du système politique. Selon ce parti qui a opté pour le boycott et qui considère que la flamme du hirak est toujours intacte, le rejet massif du scrutin traduit la colère grandissante de la majorité du peuple ainsi que l’indignation devant la régression sans précédent des libertés démocratiques. «La majorité à travers un silence assourdissant a hurlé ses souffrances, ses privations grandissantes de ses droits politiques, sociaux et économiques, elle a crié : ‘‘Ça suffit !’’» peut-on lire dans un communiqué rendu public hier par le secrétariat du bureau politique du PT. Et de souligner : «Une fois de plus, l’écrasante majorité vient de décréter que le système en place depuis 1962, avec la même nature, les mêmes pratiques et dont les politiques qui ont ruiné le pays sont approfondies, doit partir pour que puisse s’exercer la plénitude de la souveraineté du peuple, seul habilité à définir la nature du régime et donc des institutions conformes à ses aspirations.» Cette abstention massive, jugent Louisa Hanoune et les militants du PT, est symptomatique de la colère des travailleurs, des couches moyennes laminées, des étudiants confrontés au démantèlement de l’université ainsi que des couches sociales victimes d’une véritable descente aux enfers depuis le confinement sanitaire. Le bureau politique du parti fustige : «L’écrasante majorité du peuple, qui à travers l’abstention massive sans précédent à l’échelle nationale et dans l’émigration, vient de réaffirmer l’unité du peuple algérien, confirmant sur le terrain électoral que le processus révolutionnaire du 22 février 2019 est bel et bien vivant et réaffirme son rejet de toute tentative visant à le dénaturer ou le confisquer en rejetant un scrutin qui vise à imposer le maintien du statu quo mortel, ça suffit maintenant, nous voulons vivre dans la dignité et exercer nos droits politiques et syndicaux.»Ce rejet massif exprime, par ailleurs, selon le PT, l’indignation de la majorité devant la régression sans précédent des libertés démocratiques, la fermeture des champs politique et médiatique, la répression des marches et rassemblements, la criminalisation/judiciarisation/diabolisation de l’action politique, de la profession de journaliste, de la fonction d’avocat, de la liberté d’opinion, de conscience, et y compris de recherche académique, de l’exercice des libertés syndicales, l’indignation devant les milliers d’interpellations, les centaines de détenus politiques et d’opinion… Il traduit, à en croire le PT, le rejet franc de la légalisation et de l’institutionnalisation de l’arbitraire via des amendements au code pénal qui visent à bâillonner et «encamisoler» la société algérienne. Le parti conclut son communiqué par un avertissement : «Les premiers résultats du 12 juin courant renvoient aux raisons mêmes qui ont été à l’origine du déclenchement de la révolution du 22 février 2019 : le mépris et la hogra du pouvoir qui était en place, à l’égard de la majorité du peuple, l’écrasant sur le terrain politique, économique et social sur fond de délabrement accéléré du pays et nul ne peut nier que ces raisons se sont exacerbées de façon effrayante.»
Amel B.