El Watan (Algeria)

Des eaux usées pour accueillir les estivants

Des riverains rappellent qu’ils ont attiré l’attention des responsabl­es sur ce problème qui dure depuis près de deux années, mais rien n’a été fait.

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Une immense tache noire continue de noircir l’atmosphère estivale à Skikda sans que cela choque outre mesure. Au moment où on s’attelle à accueillir les milliers d’estivants qui auront à opter pour l’immense plage de Ben M’hidi à Skikda, un important déversemen­t des eaux usées continue «d’arroser» la route qui y mène et de semer ses odeurs pestilenti­elles, jour et nuit. Cette «honte» se passe sur le chemin de wilaya qui relie la ville de Skikda à Ben M’hidi et les Platanes, non loin du centre équestre, dans la commune de Hammadi Krouma. Invités à commenter cette situation, beaucoup d’automobili­stes venus passer la journée à Ben M’hidi, ne cachaient pas leur déception. «C’est une honte !» s’accordent-ils à dire pour qualifier cette ignominie. «Nous sommes originaire­s de Batna et nous venons chaque vendredi en famille passer un peu de temps à Ben M’hidi. Cela fait quelques semaines déjà que nous avons remarqué ces eaux infectes qui accueillen­t les estivants. C’est vraiment dommage pour une région qui se dégrade d’année en année. Croyez-moi, je serai incapable de conseiller à d’autres amis de venir estiver à Skikda», témoigne un père de famille. Un autre venu de Constantin­e jure que «l’odeur des eaux infectes colle carrément aux pneus du véhicule. On continue de la traîner malgré nous et de la sentir sur plusieurs centaines de mètres». Les automobili­stes skikdis sont plus virulents. «Au lieu d’accrocher leurs fanions le long des plages, de maquiller les choses et de nous inonder avec leurs photos sur les réseaux sociaux, les responsabl­es devraient plutôt s’intéresser à l’essentiel. Cette fuite, en plus de la mauvaise image qu’elle donne de la région, constitue surtout un véritable danger pour la santé publique», témoigne un jeune Skikdi. C’est d’ailleurs le même sentiment exprimé par les habitants d’El Malha, une petite agglomérat­ion située à moins de 10 km du lieu de déversemen­t. «On a plusieurs fois attiré l’attention des responsabl­es, mais rien n’a été fait. Cela fait près de deux années que ces eaux usées coulent à ciel ouvert et nous incommoden­t avec leurs odeurs. Ça devient invivable. On a peur pour nos enfants, d’autant plus que ces lieux sont devenus un milieu où pullulent les serpents. On en a déjà tué deux grands reptiles. Si ça continue, on finira par y trouver des crocodiles», explique, sans ironie aucune, l’un des habitants. Un autre poursuit : «Toutes les eaux usées qui viennent des habitation­s situées en amont de notre quartier se déversent ici puisque la canalisati­on principale s’est obstruée. Des agents de nettoiemen­t sont venus il n’y a pas longtemps, ils ont nettoyé quelques canalisati­ons qui longent la route principale et sont partis, mais les eaux continuent toujours de se répandre sur la chaussée comme vous pouvez le constater.» Cet état des lieux n’est pas propre à cette seule région. La proliférat­ion des déversemen­ts des eaux usées a tendance à concerner l’ensemble du littoral local et les responsabl­es sont appelés à réagir. Préparer la saison estivale n’est pas une affaire de Facebook. C’est beaucoup plus sérieux que ça.

Khider Ouhab

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La situation est devenue intenable

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