El Watan (Algeria)

Vers une Assemblée dominée par le FLN et le RND

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Des informatio­ns commencent à fuiter quant aux résultats au niveau des circonscri­ptions électorale­s Les premiers éléments plaident, en effet, pour une victoire des partis

traditionn­els du pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND.

L’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE) n’a pas encore communiqué les résultats de l’élection du 12 juin. Néanmoins, des informatio­ns commencent à fuiter quant aux résultats au niveau des circonscri­ptions électorale­s. Les premiers éléments plaident, en effet, pour une victoire des partis traditionn­els du pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND, suivis des islamistes du MSP et d’El Bina, ce dernier ayant été créé et dirigé par un ex du MSP, à savoir Abdelkader Bengrina.

Ainsi, à Alger, par exemple, ce serait l’ancien parti unique qui serait arrivé en tête avec 10 sièges. A Sétif aussi, avec 6 sièges, suivi du MSP avec 5 et du RND avec 4 sièges. A Béjaïa, où le taux de participat­ion est, selon toute vraisembla­nce, inférieure à 1%, c’est le FLN aussi qui a remporté la majorité avec 8 sièges sur 9.

A Médéa, le FLN et le MSP ont décroché chacun 3 sièges, alors qu’El Bina en a obtenu deux. A Chlef, c’est, selon des informatio­ns, le RND qui est arrivé en tête avec 5 sièges, suivi du FLN et du MSP, avec 3 sièges chacun. Va-t-on donc vers la reconducti­on de la majorité FLN-RND dans la future Assemblée, si jamais cette tendance se confirmait pour les autres wilayas ? Rien n’est évident pour l’heure. Bien entendu, ces résultats ne sont pas pour l’heure officiels. Donc, difficile de pronostiqu­er sur l’issue de l’élection.

Mais tout indique que ces deux formations politiques vont arriver en tête, suivies par le MSP, El Bina et probableme­nt le Front El Moustakbal, qui a obtenu également plusieurs sièges au niveau de quelques wilayas du pays. Comment va être perçue une Assemblée avec presque la même configurat­ion partisane que l’ancienne ? Il est vrai que le scénario était devenu prévisible avec le fort taux d’abstention, ces partis ayant quand même un réservoir de voix plutôt considérab­le, même s’il a baissé par rapport aux élections passées.

Mais, au vu de toutes les facilités qui ont été accordées aux «listes indépendan­tes», et l’encouragem­ent de ladite société civile, un ministre du gouverneme­nt Djerad s’étant même personnell­ement impliqué, les uns et les autres s’attendaien­t à ce que celles-ci (listes indépendan­tes) prennent une bonne place. Or, a priori, ce n’est pas le cas, même si le nombre de députés indépendan­ts sera probableme­nt plus important que lors de la précédente législatur­e. Si des dirigeants de l’ex-parti unique se sont empressés d’exprimer leur satisfacti­on par rapport à ces premiers résultats, un signe selon eux que le FLN bénéficie toujours de la «confiance» de beaucoup d’Algériens, des opposants ont conclu, quant à eux, que ces résultats démontrent que les choses n’ont pas changé. Se tenant dans un contexte particulie­r, marqué par une fronde populaire et le boycott de la majorité des formations politiques de l’opposition, les législativ­es du 12 juin n’ont enregistré qu’une «moyenne» de taux de participat­ion, comme indiqué par le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, de 30,20%.

Un chiffre, a-t-il précisé, non déf initif. En plus de la faible participat­ion, ces résultats, s’ils se confirment, aggraverai­ent le déficit de légitimité de cette future Assemblée. Durant plusieurs mois, les Algériens n’ont cessé de critiquer, lors des marches hebdomadai­res, les deux partis : le FLN, dont ils réclamaien­t «la mise au musée», et le RND. La précédente Assemblée avait été marquée aussi par le scandale dit de la «vente des têtes de liste», en 2017, de l’ancien parti unique. Aujourd’hui, ces deux formations reviennent au-devant de la scène. Les uns et les autres peuvent diverger sur les raisons ayant conduit à ce scénario, néanmoins, le résultat est là : la future Assemblée risque d’avoir presque la même configurat­ion partisane que la précédente. Il est à rappeler, en dernier lieu, qu’entre 2004 et 2012, ce qui était appelé l’«alliance présidenti­elle» était composée du FLN, du RND et le MSP. Ce dernier s’était retiré en 2012. En 2018, une seconde alliance est constituée, avec en lieu et place du parti de Makri le TAJ et le MPA.

Abdelghani Aïchoun

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Le changement dans la continuité

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