LES FEMMES, LES GRANDES PERDANTES
La femme est l’autre grande perdante de ces élections législatives du 12 juin. La nouvelle Assemblée populaire nationale qui inaugurera la 9e législature connaîtra le plus faible taux de participation de la femme. Sur les 8304 candidates ayant pris part au scrutin, seules 34 femmes (8%) ont pu décocher un siège à l’hémicycle Zighoud Youcef. Une régression criante par rapport aux législatives de 2012 et de 2017, dont le taux dépassait largement les 35%. Néanmoins, ce pourcentage était plus que prévisible, au regard de la nouvelle loi relative au régime électoral qui consacre la parité parfaite entre hommes et femmes lors de l’élaboration des listes électorales au niveau national et local. Sur une liste, un parti politique ou un groupe de citoyens doivent donc mettre autant d’hommes que de femmes. Reste que l’élection des femmes n’est plus garantie, puisque les électeurs pourront jeter leur dévolu sur les candidats de leur choix, indépendamment du sexe. Or, dans l’ancien texte, la présence des femmes d’au moins 1/3 était non seulement exigée, mais également garantie, y compris lors du décompte final des voix. Ce principe de parité était contesté par plusieurs partis politiques et les défenseurs des droits des femmes, car il facilite, selon eux, l’exclusion de la femme, notamment par l’absence de classement sur les listes. Certes, le système des quotas n’était pas la solution, mais au moins cette politique encourageait, de l’avis de beaucoup d’observateurs, la représentation de la femme sans toutefois la régler. Plusieurs partis ont même proposé, pour la présence féminine sur les listes électorales, le maintien du seuil des 50% au niveau des grands centres urbains, tout en le réduisant au tiers pour les communes de 20 000 à 50 000 habitants, craignant, dans le cas du maintien du taux de 50%, que les partis et les promoteurs des listes électorales indépendantes recourent au «remplissage des listes électorales» avec tous les risques que cela engendrera sur la qualité et le profil des futures «élues». Et d’autres ont suggéré la suppression de cette mesure semblable au «système de quotas», en vain. En 2017, la loi, pour rappel, obligeait les partis à présenter un nombre de femmes avec une garantie d’en faire élire 20%, alors que la nouvelle loi oblige la candidature de la femme sans aucune garantie d’élection, puisque l’électeur vote pour la liste puis pour le nom du candidat. Ce scrutin a démontré que les partis islamistes et ceux du pouvoir sont revenus à leur véritable nature et leur attitude méprisante des femmes en politique. «Le mode électoral qui favorise l’argent et le tribalisme est handicapant pour la femme. Les partis n’ont pas d’emprise sur les listes. Le Code de la famille qui met la femme dans une posture de mineure à vie a contribué au recul de la place de cette dernière dans la société et particulièrement en politique», explique un politologue. Les élections législatives organisées en 2012 ont marqué l’histoire des femmes dans notre pays parce qu’elles ont permis à 146 femmes d’accéder à la Chambre basse du Parlement, soit un taux de 31,6%, alors qu’il n’était que de 7,7% auparavant, puisque seulement 29 femmes ont siégé au Parlement lors de la législature de 2007-2012.