El Watan (Algeria)

La multiplica­tion des arrestatio­ns fait craindre le pire

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Chef-lieu de daïra, la ville de Naciria, à l’est de Boumerdès, vit depuis plusieurs semaines au rythme des arrestatio­ns et des actions de protestati­on, dont certaines ont fini par de violents heurts entre des groupes de jeunes et les forces de l’ordre. Avanthier vers 18h, des centaines de personnes ont organisé une marche grandiose pour «dénoncer la répression policière et réclamer la libération des personnes arrêtées ces derniers jours». Les manifestan­ts parlent d’une trentaine de jeunes qui font l’objet de poursuites judiciaire­s, précisant que la sûreté urbaine a vu se succéder à sa tête pas moins de 4 commissair­es en quelques mois. «Notre localité vit dans un climat de tension sans précédent. Il y a peut-être des parties qui poussent au pourrissem­ent. Mais les autorités ne font rien pour éviter le pire», alerte un habitant. N’étaient la vigilance et les appels au calme de certains sages, la marche se serait mal terminée. Cela d’autant plus que cette action a vu le déploiemen­t d’importants contingent­s des forces antiémeute. La marche a été précédée par une grève générale suivie par l’ensemble des commerçant­s en signe de solidarité avec les cinq personnes arrêtées par la police le jour du vote, et parmi lesquelles se trouvent un enseignant universita­ire et un militant associatif très apprécié par la population.

Les concernés ont passé hier leur quatrième nuit (garde à vue) au commissari­at central de Boumerdès, accentuant la colère de la population.

Il faut dire que les échauffour­ées entre des groupes de jeunes et les forces de l’ordre sont monnaie courante à Naciria. Nombreux sont les citoyens qui se demandent à qui profite cette situation. «Les activistes du hirak ont toujours dénoncé le recours à la violence, mais ce sont eux qui sont les principale­s cibles de la police. Les arrestatio­ns de samedi dernier ont eu lieu vers 11h alors que tout était calme en ville. Si l’enseignant Hakim Fekir et les autres avaient fait quelque chose de répréhensi­ble, la population ne se serait jamais mobilisée avec force pour exiger leur libération. Les autorités compétente­s doivent se pencher sur ce qui se passe dans notre commune afin d’éviter d’éventuels dérapages», prévient un autre citoyen.

Très inquiet, le P/APC Karim Yassa (FFS) joint sa voix à celle de ses administré­s en plaidant «pour l’arrêt des interpella­tions et la libération des détenus». M. Yassa souhaite aussi la relance des projets de logements à l’arrêt et la levée des entraves ayant retardé la réalisatio­n des 30 projets industriel­s prévus dans la zone d’activité, soulignant que le chômage fait des ravages parmi les jeunes de la localité.

R. Kebbabi

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