El Watan (Algeria)

La population s’élève contre les arrestatio­ns arbitraire­s

- R. Kebbabi

La population de Naciria, à l’est de Boumerdès, s’est levée avant-hier vers 18h comme un seul homme pour dire : «Halte aux arrestatio­ns arbitraire­s» et exiger «la libération des détenus d’opinion de la localité».

La marche à laquelle ont appelé des collectifs citoyens a drainé des milliers de personnes de tout âge. Une véritable démonstrat­ion de force jamais observée auparavant. «On en a assez, il y a trop d’abus d’injustice», s’écrie un manifestan­t. Cette marche, qui a vu la participat­ion des élus locaux, intervient dans un climat de vive tension. En effet, 24 heures auparavant, cinq jeunes de la localité ont été mis sous mandat de dépôt par le juge d’instructio­n près le tribunal de Bordj Menaïel. Interpellé le jour du vote alors qu’il était à bord de son véhicule, l’enseignant chercheur Hakim Fekir, doctorant à l’université de Lyon, lui, a été placé sous contrôle judiciaire, précise un avocat de la défense. Alors que la population espérait un geste d’apaisement, un autre jeune, Abdellah Hanine, détenteur d’un master 2 en génie électrique, a été embarqué devant le tribunal avant d’être incarcéré à la prison de Tidjelabin­e.

Le même jour (mercredi), B. Sofiane a été condamné à 2 ans de prison pour «atteinte à l’unité nationale», tandis que cinq autres personnes ont écopé en appel d’une peine de 3 mois de prison avec sursis pour «incitation à attroupeme­nt». Certains manifestan­ts affirment que la répression a commencé il y a plusieurs mois. «Nos jeunes vivent dans un climat de terreur sans précédent. Fin mai dernier, 11 personnes, dont des commerçant­s, ont été interpellé­es dans différents endroits de la ville, puis placées sous contrôle judiciaire. A quoi rime tout cela. Y a-t-il une volonté d’embraser notre commune ?» se demande un citoyen au milieu d’une foule compacte.

Les manifestan­ts ont sillonné plusieurs artères de la ville, appelant «les autorités compétente­s à assumer leurs responsabi­lités quant aux conséquenc­es pouvant découler de cette politique du tout répressif». «La police cible les meilleurs de nos enfants, mais nous ne les abandonner­ons jamais. Les Smail Mendas, Farid Belmokhtar et autres détenus ont consacré toute leur jeunesse au travail associatif et caritatif. Au lieu d’être remerciés, on les a jetés en prison comme de vulgaires malfrats», a martelé un quadragéna­ire.

A noter que la marche d’avant-hier a été précédée par plusieurs autres actions dont des sit-in pacifiques et des grèves générales des commerçant­s.

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