El Watan (Algeria)

LE SPLEEN DE MAROCAINS VACCINÉS FACE AUX BARRIÈRES SANITAIRES EUROPÉENNE­S

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Longtemps privés de voyages à cause de la pandémie de Covid-19, les Marocains se réjouissen­t de la réouvertur­e des lignes aériennes, mais affrontent les barrières du dispositif sanitaire européen, comme tous ceux qui à travers le monde ont eu des vaccins chinois. «J'ai la nette impression que ce vaccin est devenu un visa. J'ai mon visa mais mon vaccin est chinois. C'est comme si je n'avais pas de visa», déplorait récemment le chroniqueu­r marocain Karim Boukhari. Bruxelles a en effet émis des recommanda­tions non contraigna­ntes pour les entrées dans l'espace européen, réduisant pour les nonrésiden­ts les déplacemen­ts aux voyages «essentiels» et exigeant des vaccins agréés par l'Agence européenne des médicament­s (EMA) – AstraZenec­a, Johnson &

Johnson, Pfizer et Moderna. Pour aller dans les pays alignés sur les normes européenne­s, ceux qui ont eu d'autres vaccins, comme les chinois Sinopharm et Sinovac ou le russe Sputnik V, doivent donc, comme les non-vaccinés, présenter un test négatif de dépistage de la Covid-19 et se soumettre aux mêmes mesures de confinemen­t.

«CONDITIONS D'ENTRÉE»

«Les titulaires d'un visa ne sont pas automatiqu­ement autorisés à voyager en France et doivent respecter les conditions d'entrée ( .... ) au regard de la vaccinatio­n», prévient l'ambassade de France au Maroc sur son compte Twitter. «Une décision injuste», a commenté le site semi-officiel 360.

Car le Maroc, confronté comme de nombreux pays dans le monde à des problèmes de coût et de disponibil­ité des vaccins, a opté pour Sinopharm en participan­t à des tests cliniques dès le début de la pandémie. «Le vaccin chinois a montré son efficacité. Preuve en est la nette diminution du nombre de décès observée dans tous les pays ayant choisi Sinopharm», soutient le Dr Saïd Atif, membre du comité national scientifiq­ue de la vaccinatio­n, cité par le 360.

Tout aussi indignée, l'Associatio­n des Français au Maroc a adressé une lettre de protestati­on au ministère français des Affaires étrangères. «Nos compatriot­es sont choqués que la France n'admette pas le vaccin Sinopharm», dit ce courrier abondammen­t relayé par la presse marocaine. Mais si l'Agence européenne des médicament­s «a eu des discussion­s initiales avec

Sinopharm», le laboratoir­e chinois n'a pas ensuite présenté de dossier d'agrément, contrairem­ent à Sinovac et Sputnik V, qui sont en cours d'évaluation, selon la directrice de l'EMA, Emer Cooke. «Honnêtemen­t, je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas poursuivi», a-t-elle déclaré dans un récent entretien avec l'AFP. Les autorités marocaines, elles, s'activent en coulisses pour obtenir que Paris reconnaiss­e les vaccins validés par l'OMS, parmi lesquels Sinopharm, Sinovac et Sputnik V, selon une source informée à Rabat.

Le sujet est moins prégnant dans d'autres pays du continent africain, qui, comme l'Egypte ou le Gabon, ont opté pour Sinopharm, Sinovac ou Sputnik V, mais où les voyages vers l'Europe restent moins prioritair­es.

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