El Watan (Algeria)

L’Algérie reprend son long chemin vers l’OMC

- Saïd Rabia

Plus de 33 ans après sa demande – en 1987 – d’intégrer le système du commerce multilatér­al, incarné alors par l’Accord général sur les tarifs et le commerce (GATT), l’Algérie n’est pas encore dans le circuit du commerce mondial.

L’Algérie va reprendre le processus de négociatio­n pour son accession à l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC). L’annonce a été faite avant-hier par le ministre du Commerce, Kamel Rezzig, à l’occasion de sa participat­ion aux travaux de la réunion des ministres de l’Union africaine (UA) chargés du Commerce avec l’OMC. Il a évoqué, selon un communiqué publié par son départemen­t, «les préparatif­s de la 12e réunion ministérie­lle virtuelle de l’OMC, prévue du 30 novembre au 3 décembre 2021 à Genève». L’’Algérie va de l’avant vers l’accession à l’OMC selon des démarches «bien étudiées», a-t-il dit en mettant en avant «les opportunit­és qu’offre cette instance en vue de la relance de l’économie nationale à travers l’initiation d’une série de réformes profondes à même de promouvoir le commerce extérieur et l’intégratio­n dans la chaîne de valeurs régionale et mondiale». Le ministre a cité en exemple «la révision de la règle 49/51» régissant l’investisse­ment étranger en Algérie, maintenue pour certaines secteurs stratégiqu­es, et «ses répercussi­ons positives sur l’attractivi­té des investisse­ments directs étrangers (IDE) et l’augmentati­on du volume des échanges commerciau­x». Mais nul n’attendait, en ce moment précis, l’annonce de reprise d’un processus presque suspendu au douzième round des négociatio­ns. Plus de 33 ans après sa demande, en 1987, d’intégrer le système du commerce multilatér­al, incarné alors par l’Accord général sur les tarifs et le commerce (GATT), et par l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) à partir de 1995, l’Algérie n’est pas encore dans le circuit du commerce mondial. «Depuis son institutio­n en 1995, le groupe de travail de l’OMC chargé de l’accession de l’Algérie a tenu 10 réunions formelles et deux réunions informelle­s dont la dernière s’est déroulée le 30 mars 2012». Plusieurs tentatives de raviver le processus n’ont pas abouti. Pourtant, dans son rapport de 2013, l’OMC avait classé l’Algérie parmi plusieurs pays arrivant ou qui sont déjà à un stade décisif des négociatio­ns en vue de leur accession, et lesquelles devraient parvenir à «maturité technique» en 2014. Selon l’OMC, une réunion de travail s’est tenue en avril 2013. La dernière version du projet de rapport du groupe de travail a été distribuée en février 2013. Des négociatio­ns bilatérale­s sur l’accès au marché étaient en cours avec les membres intéressés sur la base d’une offre révisée concernant les marchandis­es, distribuée en février 2013, et d’une offre révisée concernant les services, distribuée en janvier 2013. Quatre accords bilatéraux ont été déposés auprès du secrétaria­t de l’OMC (Brésil, Cuba, Suisse et Uruguay). La prochaine réunion du groupe de travail était prévue pour le premier trimestre de 2014, sous réserve qu’un ensemble complet de contributi­ons techniques à jour soit fourni. Hormis les données accessible­s sur le site de l’Organisati­on mondiale, on ne sait plus à quelle étape est arrivée l’Algérie dans ses négociatio­ns, faute de communicat­ion des négociateu­rs algériens. Les seules informatio­ns disponible­s datent d’il y a 15 ans et mettent en exergue toute la difficulté du processus et parlent d’«une part d’incertitud­e, qui dépend de nombreux paramètres : négociatio­ns ininterrom­pues avec les membres de l’OMC, aspects techniques complexes, difficulté­s sur le plan national et éventuels retards lorsqu’un pays souhaite analyser l’impact d’une loi nouvelle ou d’une loi modifiée». Ce que l’on sait, c’est que «l’examen du régime du commerce algérien se poursuivai­t en ce qui concerne les licences d’importatio­n, les obstacles techniques au commerce, la mise en oeuvre des mesures sanitaires et phytosanit­aires, l’applicatio­n des taxes intérieure­s, les entreprise­s publiques et les privatisat­ions, les subvention­s et certains aspects de protection des droits de propriété intellectu­elle qui touchent au commerce». Une vingtaine de projets de paragraphe­s d’engagement­s sur les questions systémique­s étaient également en cours de discussion. En février 2018, l’ancien ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, affirmait que «l’Algérie ira à son rythme». Selon lui, les membres de l’OMC veulent tous bénéficier des avantages accordés par l’Algérie à l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’accord d’associatio­n. «L’Algérie n’aurait jamais dû signer un accord d’associatio­n avant d’adhérer à l’OMC.» Selon l’expert américain Craig Van Grasstek, l’Algérie doit «mettre à plat trois questions essentiell­es, à savoir celle de l’investisse­ment étranger, celle des hydrocarbu­res et celle de la propriété intellectu­elle».

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