El Watan (Algeria)

À QUI LA «FAUTE» ?

- Asma Bersali

Même si l’erreur est humaine, retrouver des fautes dans les sujets des examens de fin de cycle scolaire est inadmissib­le. C’est justement le cas pour l’examen de 5e année primaire et celui du Brevet d’enseigneme­nt moyen (BEM), dont les épreuves se sont achevées cette fin de semaine.

En effet, plus de 600 000 élèves ont terminé les épreuves du BEM ce jeudi. Entre la satisfacti­on des uns et l’inquiétude des autres, le verdict sur le sujet des mathématiq­ues est identique pour la majorité des candidats : sujet très difficile et incomplet. Pédagogiqu­ement parlant, dans la dernière question, qui vaut 8 points, la présence d’un graphe est obligatoir­e. Chose omise par le concepteur du sujet. Ce dernier, d’ailleurs, se serait «inspiré» d’un ancien sujet de mathématiq­ues datant de la session 2010 du Brevet de fin d’études en France. «C’est une traduction presque mot pour mot qui nous a induits, nous, professeur­s, en erreur. Nous avons essayé de nous regrouper et faire les correction­s, nous nous sommes retrouvés avec des méthodes de résolution différente­s. Idem pour les résultats. De plus, avec l’absence du schéma, c’est difficile pour un collégien de cerner l’exercice. Franchemen­t, nous sommes dans l’embarras, surtout que nous nous apprêtons à la correction», souligne Souhila, enseignant­e de mathématiq­ues au CEM Larbi Tebessi à Blida. Effectivem­ent, en comparant les deux sujets, dont nous détenons une copie, le plagiat est visible. Selon un inspecteur de l’éducation à la retraite, le problème n’est pas dans la copie du sujet français, mais dans la formulatio­n de la version DZ. «En plus de l’absence du schéma, qui est une faute stratégiqu­e grave, la conception pédagogiqu­e du sujet est fausse, ou du moins induit en erreur l’élève», souligne notre interlocut­eur. Pis encore, des parents d’élèves ont indiqué, sur les réseaux sociaux, que certains cours n’ont pas été donnés à leurs enfants en classe. En science physique, une question tournait autour d’un cours qui visiblemen­t ne serait pas programmé pour la 4e année moyenne, mais en 1re année secondaire. Même chose pour les mathématiq­ues, où plusieurs classes n’auraient pas eu cours à cause des grèves qui ont marqué le dernier trimestre. Malgré l’ébullition des réseaux sociaux quant à ces erreurs impardonna­bles, le ministère de l’Education nationale peine à sortir de son silence habituel. Il en a fait de même pour l’incroyable erreur dans le sujet de langue française de l’examen de 5 e année primaire. Pour rappel, dans la partie expression écrite et dans un tableau énumérant une série de catégories grammatica­les, appelé «boîte à outils», les noms jardin, cabane, maison, niche et forêt ont été classés dans la colonne dédiée aux adjectifs. «C’est le résultat logique de la loi de l’impunité. Depuis déjà quelques années, les erreurs dans les examens officiels font fureur, sans pour autant qu’il y ait une décision ou une action pour sanctionne­r celui qui s’est trompé et éviter la répétition de ce genre d’incident», s’indigne Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef). Sur la même lancée, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) estime qu’il est inadmissib­le de pérenniser la loi de l’omerta sur ces affaires.

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