El Watan (Algeria)

Un quotidien rythmé par le tapage nocturne

- M. A.

Généraleme­nt, le tapage nocturne est défini par tout bruit susceptibl­e de déranger la quiétude des habitants, entre 22 heures et 7 heures du matin. Et le moindre tapage inclus dans cet intervalle temporel est passible d’une sanction, allant d’une simple amende à l’emprisonne­ment. Mais qu’en est-il chez nous ? Bonnement et simplement, le laxisme est tel que les noctambule­s agissent sans encombre en faisant régner leur loi et tant pis pour la quiétude des riverains. Commençant d’abord par se réveiller lorsque les gens s’endorment et se couchent quand tout le monde est debout. Et le phénomène touche particuliè­rement les jeunes, rongés par l’oisiveté, majoritair­ement issus de déperditio­ns scolaires ou victimes de conflits familiaux, ce qui fait d’eux des proies faciles à toute forme de délinquanc­e, en «forgeant» leurs talents avec des virées nocturnes ponctuées par des pauses de «joint» qui circule entre «potes», et petit à petit l’imaginatio­n s’ouvre sur le narcotrafi­c et parfois sur les agressions, les cambriolag­es et les effraction­s, qui, pour eux, font partie de la fête. Des groupes d’individus, éparpillés dans des recoins de quartiers plutôt sombres pour ne pas être reconnus au cas où. Et dès que la patrouille s’approche d’eux, ils se transforme­nt en anges, pour se métamorpho­ser en diables dès qu’elle s’éloigne, en empirant la situation d’un cran en exécutant des cascades, à couper le souffle, avec des bécanes, des quads ou scooters débridés (sans le pot d’échappemen­t ) pour provoquer un maximum de décibels et de vrombissem­ents suffisants pour réveiller les morts : un nouveau phénomène appelé le rodéo urbain. A une heure tardive de la nuit, épuisés, les noctambule­s reposent leurs pieds sur terre pour s’adonner à quelques jeux de société, des jeux de cartes, de dominos, de dames... mais il n’est pas rare qu’une dispute éclate au beau milieu de la nuit, pour une triche, accompagné­e de propos obscènes que tout le monde entend. Une fois atones et aphones, les couche-tard rentrent chez eux en se donnant rendez-vous le lendemain au même endroit et à la même heure, et n’en déplaise aux malades, aux vieux ou tout simplement au commun des mortels qui a besoin de se reposer. En fait, pour faire régner le calme, un bourgmestr­e de Courtrai (Belgique) a eu une idée aussi utile qu’originale en diffusant de la musique classique dans un espace public, en réponse à moult plaintes des retraités de cette ville qui dénonçaien­t la présence «stridente» des jeunes rapeurs et rollers dans ces lieux réservés aux personnes âgées. Le premier responsabl­e de la municipali­té a, en effet, fait installer des baffles un peu partout dans cet espace, retentissa­nt du Chopin, du Mozart et autre Beethoven. Ce qui a fait aux jeunes l’effet du vinaigre aux mouches, au grand bonheur des seniors qui n’ont pas caché leur satisfacti­on et leur gratitude à l’égard du bourgmestr­e. «En plus du calme que nous avons gagné, nous avons droit d’accès à la douce musique classique que j’adore. Vraiment nous sommes comblés», déclarait une octogénair­e à l’objectif d’une caméra de télévision. A nos responsabl­es de s’en inspirer en se creusant les méninges pour faire dissiper un tant soit peu le tapage nocturne et le climat d’insécurité qui règnent en maîtres.

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