Un quotidien rythmé par le tapage nocturne
Généralement, le tapage nocturne est défini par tout bruit susceptible de déranger la quiétude des habitants, entre 22 heures et 7 heures du matin. Et le moindre tapage inclus dans cet intervalle temporel est passible d’une sanction, allant d’une simple amende à l’emprisonnement. Mais qu’en est-il chez nous ? Bonnement et simplement, le laxisme est tel que les noctambules agissent sans encombre en faisant régner leur loi et tant pis pour la quiétude des riverains. Commençant d’abord par se réveiller lorsque les gens s’endorment et se couchent quand tout le monde est debout. Et le phénomène touche particulièrement les jeunes, rongés par l’oisiveté, majoritairement issus de déperditions scolaires ou victimes de conflits familiaux, ce qui fait d’eux des proies faciles à toute forme de délinquance, en «forgeant» leurs talents avec des virées nocturnes ponctuées par des pauses de «joint» qui circule entre «potes», et petit à petit l’imagination s’ouvre sur le narcotrafic et parfois sur les agressions, les cambriolages et les effractions, qui, pour eux, font partie de la fête. Des groupes d’individus, éparpillés dans des recoins de quartiers plutôt sombres pour ne pas être reconnus au cas où. Et dès que la patrouille s’approche d’eux, ils se transforment en anges, pour se métamorphoser en diables dès qu’elle s’éloigne, en empirant la situation d’un cran en exécutant des cascades, à couper le souffle, avec des bécanes, des quads ou scooters débridés (sans le pot d’échappement ) pour provoquer un maximum de décibels et de vrombissements suffisants pour réveiller les morts : un nouveau phénomène appelé le rodéo urbain. A une heure tardive de la nuit, épuisés, les noctambules reposent leurs pieds sur terre pour s’adonner à quelques jeux de société, des jeux de cartes, de dominos, de dames... mais il n’est pas rare qu’une dispute éclate au beau milieu de la nuit, pour une triche, accompagnée de propos obscènes que tout le monde entend. Une fois atones et aphones, les couche-tard rentrent chez eux en se donnant rendez-vous le lendemain au même endroit et à la même heure, et n’en déplaise aux malades, aux vieux ou tout simplement au commun des mortels qui a besoin de se reposer. En fait, pour faire régner le calme, un bourgmestre de Courtrai (Belgique) a eu une idée aussi utile qu’originale en diffusant de la musique classique dans un espace public, en réponse à moult plaintes des retraités de cette ville qui dénonçaient la présence «stridente» des jeunes rapeurs et rollers dans ces lieux réservés aux personnes âgées. Le premier responsable de la municipalité a, en effet, fait installer des baffles un peu partout dans cet espace, retentissant du Chopin, du Mozart et autre Beethoven. Ce qui a fait aux jeunes l’effet du vinaigre aux mouches, au grand bonheur des seniors qui n’ont pas caché leur satisfaction et leur gratitude à l’égard du bourgmestre. «En plus du calme que nous avons gagné, nous avons droit d’accès à la douce musique classique que j’adore. Vraiment nous sommes comblés», déclarait une octogénaire à l’objectif d’une caméra de télévision. A nos responsables de s’en inspirer en se creusant les méninges pour faire dissiper un tant soit peu le tapage nocturne et le climat d’insécurité qui règnent en maîtres.