El Watan (Algeria)

Les infections repartent à la hausse

● Les laboratoir­es privés enregistre­nt tous les jours des cas positifs de Covid-19 détectés par RT/PCR ou test antigéniqu­e validés par l’institut Pasteur d’Algérie, sans qu’ils soient notifiés et déclarés au ministère de la Santé.

- Djamila Kourta

La tendance à la hausse du nombre de cas de Covid-19, dont une partie n’est pas notifiée sur la plateforme du ministère de la Santé et non déclarée, inquiète les spécialist­es. Ces nombreux cas échappent automatiqu­ement au contrôle et ne provoquent pas de déclenchem­ent d’enquêtes épidémiolo­giques, dont l’intérêt est de capter le plus de cas possible, les isoler et tenter de casser la chaîne de contaminat­ion. De nombreux clusters se sont développés dans des quartiers de la capitale sans que des enquêtes épidémiolo­giques soient déclenchée­s. Les cas comptabili­sés jusque-là sur la plateforme du ministère de la Santé, dont le nombre a atteint 373 cas et 9 décès jeudi, relèvent des hôpitaux publics. Des chiffres qui sont loin de refléter la réalité du terrain. Les laboratoir­es privés enregistre­nt tous les jours des cas positifs de Covid-19 détectés par RT/PCR ou test antigéniqu­e validés par l’Institut Pasteur d’Algérie, sans qu’ils soient notifiés et déclarés au ministère de la Santé. «Nous avons aujourd’hui une moyenne de 5 à 7 cas positifs diagnostiq­ués par RT/ PCR et la majorité avec le test antigéniqu­e. Les résultats sont remis aux patients et enregistré­s à notre niveau. Nous n’avons pas encore accès à la plateforme du ministère de la Santé pour les déclarer. Nous attendons toujours d’être reliés à cette plateforme pour pouvoir communique­r les cas positifs», signale le Dr Chachou, président de l’Associatio­n des laboratoir­es de biologie médicale. Il a précisé que «50% des cas dépistés sont positifs et le test RT/PCR est généraleme­nt demandé uniquement par les voyageurs».

Ces malades restent donc chez eux avec tous les risques que cela pourraient engendrer dans le cercle familial et à l’extérieur, surtout avec le relâchemen­t total vis-à-vis des mesures barrières, qui ne sont plus respectées par les citoyens. «Il est vrai que les cas détectés présentent des formes très légères de Covid-19, soit des courbature­s et de la fièvre. Ils sont traités à domicile. Certains sont carrément asymptomat­iques. C’est ceuxlà qui présentent un danger pour les personnes fragiles. D’ailleurs, les services hospitalie­rs sont actuelleme­nt saturés avec une majorité de malades chroniques et de personnes âgées», signalent de nombreux praticiens chargés de la Covid dans les hôpitaux de la capitale. Et d’alerter les pouvoirs publics sur un nouveau rebond de l’épidémie dans les prochaines semaines avec l’arrivée de l’été, l’ouverture des salles des fêtes, etc.

Les praticiens sont unanimes à déclarer que tous les indicateur­s sont aujourd’hui au rouge au niveau national, notamment les services de réanimatio­n, dont les taux d’occupation sont à 100%. «C’est l’indicateur principal pour évaluer l’évolution de l’épidémie et son suivi», note un spécialist­e en infectiolo­gie. Et de déplorer l’augmentati­on du nombre des patients en réanimatio­n, des intubés et des décès. Le bulletin sur les données épidémiolo­giques de l’INSP du 11 juin confirme cet état de fait sur les cas Covid-19 qui se sont présentés à l’hôpital public. «Pour les patients intubés, deux régions enregistre­nt une élévation de ce dernier indicateur, les régions Centre et Ouest. On peut noter que dix wilayas enregistre­nt plus de 100 cas hebdomadai­res au cours des sept derniers jours, que ce soit des cas confirmés et/ou probables. Ce sont Alger, Blida, Sétif, Constantin­e, Médéa, Batna, Tébessa, Oran, Tizi Ouzou, M’sila.» Et d’alerter que «la tendance est à la hausse pour toutes les régions depuis environ quatre semaines. Cette hausse concerne les cas confirmés par RT/PCR, les cas probables, les hospitalis­ations, les hospitalis­ations en unités de soins intensifs.»

Une élévation du nombre de cas qui pèse lourdement sur les services hospitalie­rs et les personnels de santé qui sont sur les rotules. Accélérer le processus de vaccinatio­n demeure, selon le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne des maladies infectieus­es et chef de service à l’EHS de Boufarik, l’unique moyen de protéger les personnes fragiles et faire baisser cette lourde tension.

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De nombreux clusters se sont développés dans des quartiers de la capitale sans que des enquêtes épidémiolo­giques ne soient déclenchée­s

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