El Watan (Algeria)

L’opposition s’organise

● Réunis hier à Alger, les membres de cette coalition de partis de la mouvance démocratiq­ue ont décidé, selon Ouamar Saoudi, de «tenir une journée de réflexion sur des actions à mener».

- MADJID MAKEDHI

Le rejet massif des législativ­es du 12 juin, marquées par un taux historique d’abstention et du boycott des urnes, donne visiblemen­t des ailes aux partis de l’opposition qui ne se sont pas engagés dans cette joute. Ils estiment avoir vu juste et que la feuille de route du régime en place a subi un troisième revers en moins de deux ans : présidenti­elle du 12 décembre 2019, référendum du 1er novembre 2020 et législativ­es du 12 juin dernier. Trois consultati­ons qui ont confirmé un donne importante : la crise de confiance est sans précédent et le pouvoir a échoué à ramener les électeurs. Ce constat, explique Ouamar Saoudi, secrétaire national du RCD, est une preuve de «l’isolement du pouvoir», qui n’a plus suffisamme­nt de clientèle pour sauver les apparences. «Le cafouillag­e autour du taux de participat­ion qu’ils n’ont pas ramené à une proportion acceptable suppose des interrogat­ions : est-ce qu’il y a un accord au sommet du pouvoir ? Ce n’est visiblemen­t pas le cas, car même la restaurati­on symbolique du système avec la reconducti­on de l’alliance présidenti­elle est faible. Il n’y a pas de rapport de force favorable à cette option», souligne-t-il. Face à ses échecs répétés, le pouvoir, selon le dirigeant du RCD, «a opté pour la répression». «Celle-ci n’était pas conjonctur­elle finalement. C’est une option stratégiqu­e du pouvoir qui continue de brimer les libertés, en arrêtant et en emprisonna­nt les militants politiques et les activistes du hirak. C’est un signal inquiétant qui vient d’être donné», dénoncet-il. Face à cette situation, les forces du Pacte pour l’alternativ­e démocratiq­ue (PAD) préparent des actions. Réunis hier à Alger, les membres de cette coalition de partis de la mouvance démocratiq­ue ont décidé, selon Ouamar Saoudi, de «tenir une journée de réflexion sur des actions à mener». «Cette réflexion sera élargie à d’autres forces en dehors du PAD», précise-t-il, rappelant que le «rejet massif des dernières législativ­es est une autre forme de mobilisati­on des Algériens, après celle des manifestat­ions hebdomadai­res dans le cadre du hirak».

«RESPECTER LE DROIT DU PEUPLE À DÉCIDER DE SON SORT»

Pour Ramadan Taazibt, cadre dirigeant du Parti des travailleu­rs (PT), l’avenir politique du pays «ne concerne pas seulement les partis». «Le fossé s’élargit entre le peuple et le pouvoir. A cela, il faut ajouter la crise économique, le malaise social profond et l’illégitimi­té des institutio­ns. La situation est également intenable sur le plan des libertés démocratiq­ues», résume-t-il. Selon lui, les résultats des dernières législativ­es sont «une autre forme d’expression du ras-le-bol des millions d’Algériens qui ont boudé les urnes». «Les faits sont là. Le parti déclaré vainqueur, en l’occurrence le FLN, ne représente que 1,2% de l’électorat. Donc le problème de légitimité se pose avec acuité», enchaîne-t-il. Ainsi, a-t-il indiqué, la «solution à cette crise ne viendra pas de ce que fait le pouvoir actuelleme­nt». «Il faut redonner la parole au peuple algérien pour décider en toute souveraine­té de son sort et de la manière d’édifier son Etat», dit-il, en rappelant la nécessité de passer par «une constituan­te souveraine» pour sortir le pays de ce bourbier. Le responsabl­e du PT appelle, dans la foulée, «à l’arrêt de la répression, à la libération inconditio­nnelle des détenus d’opinion et à la libération des champs politique et médiatique».

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Les forces du Pacte pour l’alternativ­e démocratiq­ue (PAD) préparent des actions
Les forces du Pacte pour l’alternativ­e démocratiq­ue (PAD) préparent des actions

Newspapers in French

Newspapers from Algeria