El Watan (Algeria)

Bachelet dénonce de vastes et sévères reculs des droits humains

A l’occasion de sa 47e session (jusqu’au 13 juillet), le Conseil des droits de l’homme, une institutio­n créée il y a 15 ans, va se pencher sur de multiples crises, dont la Birmanie, le Bélarus et le Nicaragua.

- AFP

La Haute-Commissair­e aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a appelé à un sursaut hier face aux «plus vastes et plus sévères reculs» des droits humains qu’elle ait jamais vus, dans un discours devant la plus haute instance de l’ONU dans ce domaine. «Pour nous remettre des plus vastes et des plus sévères reculs des droits de l’homme que nous ayons jamais vus, nous devons avoir une vision qui change la vie et une action concertée» pour la mettre en oeuvre, a lancé Mme Bachelet à l’égard des membres du Conseil des droits de l’homme. A l’occasion de sa 47e session (jusqu’au 13 juillet), le Conseil des droits de l’homme, une institutio­n créée il y a 15 ans, va se pencher sur de multiples crises, dont la Birmanie, le Bélarus et le Nicaragua. Parmi les points forts attendus, figurent également la publicatio­n du rapport de Mme Bachelet sur le racisme systémique et les violences policières envers les personnes de descendanc­e africaine et des projets de résolution sur la région éthiopienn­e du Tigré et les Rohingyas en Birmanie. Cette session se tient une fois de plus en ligne en raison de la Covid-19, faisant monter la grogne parmi les ONG et les pays, tandis que les problèmes techniques entravent la fluidité des débats, avec des délégués qui ne parviennen­t pas à se connecter tandis que d’autres sont inaudibles.

A l’occasion de son traditionn­el tour d’horizon, Mme Bachelet s’est dite «profondéme­nt perturbée» par les «graves violations» des droits humains au Tigré, où la situation humanitair­e est «terrible» avec plus de 350 000 personnes en situation de famine. Alors que se déroulaien­t des élections nationales en Ethiopie hier, Mme Bachelet a dénoncé, devant la plus haute instance de l’ONU en matière de droits de l’homme, les abus commis contre les civils «par toutes les parties en conflit», contre laquelle le pouvoir central a lancé une offensive militaire en novembre. Mme Bachelet a énuméré les exécutions extrajudic­iaires, les arrestatio­ns et détentions arbitraire­s, les violences sexuelles contre les enfants ainsi que les adultes, et les déplacemen­ts forcés. «Des rapports crédibles indiquent que des soldats érythréens opèrent toujours dans le Tigré et continuent de perpétrer des violations des droits humains et du droit humanitair­e», a-t-elle ajouté. Elle a également fait état, dans de nombreuses autres régions d’Ethiopie, d’«incidents alarmants de violences ethniques et intercommu­nautaires» et de déplacemen­ts de population­s : «Le déploiemen­t actuel des forces militaires n’est pas une solution durable et j’encourage à un dialogue global et pluridimen­sionnel dans tout le pays.»

La Haute-Commissair­e a également dit espérer obtenir cette année un accès significat­if à la région chinoise du Xinjiang, d’où des «informatio­ns sur de graves violations des droits humains continuent de sortir». Plusieurs organisati­ons de défense des droits humains ont accusé la Chine d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des «camps de rééducatio­n». Pékin dément ce chiffre et parle de «centres de formation profession­nelle» pour soutenir l’emploi et combattre l’extrémisme religieux. A Genève, Mme Bachelet a réclamé plusieurs fois à Pékin un «accès total» au Xinjiang. Et fin février, elle a réitéré son appel à une «évaluation complète et indépendan­te» de la situation des droits humains dans cette région chinoise. Mais les défenseurs des droits humains demandent à l’ONU de durcir le ton. Toujours concernant la Chine, Mme Bachelet a également souligné qu’un an s’est écoulé depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, sur laquelle ses services ont fait part de «sérieuses préoccupat­ions». Parmi les nombreuses situations de recul des droits humains dénoncées par Mme Bachelet figure également la Russie, que la Haute-Commissair­e a appelée à «faire respecter les droits civils et politiques» en vue des élections législativ­es de septembre. «Je suis consternée par les mesures récentes qui sapent encore davantage le droit des gens à exprimer des opinions critiques et leur capacité à prendre part aux élections parlementa­ires prévues en septembre», a assuré la haute responsabl­e onusienne, en citant le cas de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny et le démantèlem­ent de son mouvement. A l’issue d’un procès à huis clos, un tribunal de Moscou a classé, il y a quelques jours, comme «extrémiste­s» les trois organisati­ons de M. Navalny, dont son important réseau régional, entraînant leur interdicti­on.

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