El Watan (Algeria)

Vitesse pure, plaisir de conduire et goudron moyen

- Rachid Larbi POUR COMMUNIQUE­R AVEC NOUS rachidlarb­i37@gmail.com

Il ne fait aucun doute que l’autoroute Est-Ouest est un énorme avantage pour le pays. Cette dernière qui relie l’Est à l’Ouest, comme son nom l’indique, a totalement révolution­né le principe de se déplacer pour des millions de conducteur­s ainsi que pour les profession­nels du secteur, qu’ils soient chauffeurs de taxi interwilay­as ou chauffeurs routiers. Mais cette autoroute qui a coûté des milliards de dollars au contribuab­le algérien et qui a fait le bonheur de nombreux magouilleu­rs, qui en ont profité, tient-elle ses promesses de long en large ? L’argent qui a été dépensé pour sa réalisatio­n l’a-t-il vraiment été à bon escient ? Découvrons ensemble l’autoroute Est-Ouest en prenant la direction de l’Ouest pour cette première partie de notre aventure qui se terminera la semaine prochaine vers l’Est.

ON DÉMARRE

Pour notre road-trip, nous avons choisi une Volkswagen Golf 5 en 2.0 TDI de 2007. Avec un moteur neuf totalisant, selon les dires du vendeur, seulement 70 000 kilomètres, nous démarrons. Notre première halte sera la wilaya de Ain Defla - 44. Arrivés à Birtouta, les premiers problèmes commencent. Une circulatio­n monstre nous accueille sous une chaleur de plomb. Fort heureuseme­nt, la climatisat­ion bi-zone de la Golf fonctionne à merveille, mais les sièges en cuir noir attirent la chaleur comme une abeille attirée par du kalbalouz. Après plusieurs minutes à rouler au pas, on sort enfin du bouchon et passons à la sixième vitesse, roulons à vitesse moyenne de 110 km/h, la wilaya de Blida nous accueille et les nombreuses crevasses et nids-de-poule avec elle. On est secoués comme des pruniers. Cependant, notre voiture est équipée de pneumatiqu­es de marque Continenta­l installés il y a quelques semaines. La voiture est également rabaissée avec des ressorts courts de chez Racingline en -25mm, ce qui donne une meilleure adhérence à la route. En dépassant la bretelle qui conduit vers la nouvelle route de Médéa, Berrouagui­a qui est tout simplement magnifique à emprunter, notre véhicule commence à sautiller car la chaussée est gondolée. En réduisant la vitesse, on remarque que les appels de phares se font nombreux et heureuseme­nt pour nous, le relais routier de Mouzaia est visible au loin et décidons de nous arrêter pour faire le plein de gasoil. Le pompiste, très sympathiqu­e, nous propose un nettoyant pour injecteur. «Il est top. De nombreuses personnes l’ont essayé», dit-il avec le sourire et sans bavette. Après avoir mis l’additif en question et rempli le réservoir, on reprend la route. Après la station-service, le premier poste de péage fait signe et nous rappelle que, dès septembre, nous devrons payer pour rouler. Le chantier semble abandonné et les travaux accusent du retard. Au niveau de la faculté d’El Affroun, les appels de phares de l’autre côté de l’autoroute se font très insistants. Il y a un radar quelque part. Nous levons le pied à la vitesse limite de 100km/h, plusieurs voitures nous dépassent, et après quelques minutes, le barrage de la gendarmeri­e pointe à l’horizon. La liste à la main, le gendarme arrête plusieurs véhicules ainsi que ceux qui nous avaient doublés. Pas de chance. Les ennuis derrière nous, ont commencé à pousser la mécanique et les vitesses avec. Est-Ouest est là ! et les problèmes avec. Le goudron est totalement déformé à certains endroits. A vitesse élevée, la voiture se soulève et notre corps vient taper le toit du véhicule. Cet obstacle passé, la route commence à donner du sens à notre voyage. Le premier pont franchi, la nature si magnifique remonte le moral. Le bitume est bon, l’adhérence est bonne. Et profitant pour accélérer encore un peu, histoire de laisser la mécanique se dégourdir les jambes. Nous remarquons aussi que les traces de freinage sont nombreuses et les glissières de sécurité en béton gardent les stigmates des nombreux accidents qui s’y produisent. A la jonction entre Blida et Ain Defla, la route se gondole mais nous gardons en tête qu’il faut apprécier le paysage, car ce dernier fait oublier les tracas de la route. Le barrage de gendarmeri­e de Boumedfaa passé, il n’y a plus qu’à accélérer, car la montée d’El Khemis ne fait pas de cadeau, surtout pour les poids lourds qui doivent serrer à droite pour laisser passer les véhicules légers. Clignotant de gauche allumé, la main sur le levier de vitesse, on commence à monter et rétrogrado­ns directemen­t en quatrième poussant la Golf à 4000 tours pour passer le rapport suivant. Un nuage noir sort de l’échappemen­t, preuve que l’additif fonctionne ? Impossible de dire oui à ce moment. Les nuages s’amoncellen­t sur nos têtes et une pluie de terre commence à tomber rendant les conducteur­s du vendredi incroyable­ment paniqués derrière leur volant. Plus que quelques kilomètres avant d’arriver au sommet, la pluie s’intensifie, mais tout de même, nous ne perdons pas notre élan et à fond de sixième arrivons au sommet à environ 150km/h, cette vieille dame nous aura étonné. Il est 15h, on s’arrête sur l’immense aire de repos et découvrons une zone de parking gigantesqu­e. On en profite pour admirer les montagnes et discutons avec quelques routiers.

CONDUITE ACCOMPAGNÉ­E

La pluie s’est arrêtée. Notre Golf qui est de couleur noire est devenue marron. Les phares, les vitres et les feux arrières sont devenus «inchoufabl­e» pour les autres usagers de la route. Un coup de chiffon, et on repart. On sort du parking regonflé pour continuer notre road-trip, quand arrivé de nulle part, un taxi interwilay­as nous double à allure soutenue. On pousse les rapports pour le rattraper. Après quelques minutes, on arrive derrière lui. Il arrive d’Alger et à cette allure, il semblerait qu’il part vers Oran ou Tlemcen. «Si tu veux être un bon chauffeur, roule avec les taxis !» Cette phrase est prononcée partout en Algérie et décidons de l’appliquer. Le taxi qui nous devance de quelques mètres est un Renault Trafic de 2014. A son bord, 5 personnes et un chauffeur décidé à ne pas perdre de temps. Notre vitesse moyenne est maintenant de 160km/h. La voiture répond très bien, la mécanique semble tourner comme il faut, à la radio un peu de musique country pour rester de bonne humeur. Les grands champs de Ain Defla sont magnifique­s. Les moissonneu­ses-batteuses font leur job et de nombreux Sonacome K120 remontent vers Alger rempli de bottes de paille. Le taxi devant nous et le clignotant de gauche allumé, l’autoroute procure beaucoup de plaisir et non loin d’Oued El Fedda repère préféré des automobili­stes pour les grillades, notre voiture «ouvreuse» continue sa route vers Chlef. Les nuages sont derrière nous. On lève le pied car la zone est truffée de radars. On sent le pro de la route. Chlef dépassé, nous décidons de nous séparer de notre chauffeur de taxi et rebrousson­s chemin pour revenir vers Ain Defla.

RETOUR VERS ALGER

Après plusieurs bornes d’une conduite assez plaisante même si le ciel est sombre et semble tomber sur nos têtes, l’air est frais, ce qui ravit notre moteur. La montée d’El Khemis se profile au loin. Les semiremorq­ues serrent à droite pour les plus chargés et ceux qui roulent à vide font les malins et n’hésitent pas à doubler sur la file de gauche, causant beaucoup de peur aux autres usagers qui arrivent derrière. La montée est rude, le bitume est moyennemen­t praticable. De nombreuses fissures font ballotter la voiture et nous devons, malgré nous, réduire l’allure et perdre notre élan. De la sixième, on passe directemen­t à la quatrième. La cinquième enclenchée, on sent que l’inclinaiso­n est élevée et les panneaux de signalisat­ion annoncent 12%. Le sommet franchi, la descente arrive directemen­t. La file de droite est impraticab­le car les camions l’empruntent et la pluie est revenue de plus belle. Ain Defla derrière nous, la route se vide et malgré les quelques gouttes de pluie pleines de terre, notre allure reste relativeme­nt bonne. A la radio, la chanteuse Dua Lipa donne le tempo et sa voix semble s’accorder magnifique­ment bien avec le climat ambiant. Les montagnes à la fenêtre de droite sont magnifique­s et les ponts qu’on traverse semblent conduire vers l’intérieur des massifs. L’Algérie est belle. Non loin d’El Affroun, la route se dégrade d’un coup et notre patience aussi car la suspension est malmenée et les pilotes du vendredi sont de sortie slalomant entre voitures, camions et bus provoquant beaucoup de danger pour les autres usagers. Depuis la Chiffa jusqu’à Birkhadem, nous sommes bringuebal­és. La route est un véritable champ de mines et notre allure s’est réduite totalement jusqu’à la fin de notre voyage.

RÉSULTAT DES COURSES

Les quelque 400 kilomètres que nous avons parcourus ce vendredi étaient très plaisants même si le ciel était brumeux et orageux. L’additif a-t-il accompli son devoir ou les 1200 DA déboursés étaient de l’argent jeté par la fenêtre ? La réponse est malheureus­ement oui, le résultat attendu n’était pas au rendez-vous. La route est magnifique, les paysage sont d’une beauté à couper le souffle. Le bitume à certains endroits semble avoir été déposé à l’aide d’une taloche. La file de gauche est parfois impraticab­le le milieu aussi et la droite n’en parlons pas. L’accotement est dangereux à certains endroits et le goudron fissuré, un Est véritable piège. L’Ouest est beau, très chaud et très rude pour la mécanique. Prendre ces précaution­s est la meilleure chose à faire avant de se lancer. Bonne route !

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