El Watan (Algeria)

L’année blanche à cause de la Covid-19

N Bouleversé­e par la crise politique de 2019 qui lui a asséné un brutal coup d’arrêt, l’économie nationale, comme s’il ne lui manquait que cela, a été dévastée par la pandémie du nouveau coronaviru­s (Covid-19).

- Saïd Rabia

Bouleversé­e par la crise politique de 2019 qui lui a asséné un brutal coup d’arrêt, l’économie nationale, comme s’il ne lui manquait que cela, a été dévastée par la pandémie du nouveau coronaviru­s (Covid-19). Les chiffres annoncés par le gouverneme­nt, même s’ils sont approximat­ifs et non exhaustifs, attestent l’ampleur de la dévastatio­n que la crise sanitaire lui fait subir. Plus de 500 000 emplois perdus, des milliers d’entreprise­s, 5700, rien que dans le secteur du BTPH, ont fermé, selon des statistiqu­es fournies par l’Associatio­n des entreprene­urs algériens, presque autant dans le secteur des services, ou 3400 agences de voyages ont mis la clé sous le paillasson. Aucune donnée n’est encore disponible pour les secteurs des transports et du tourisme, qui ne sont, d’ailleurs, pas en reste. Dans un contexte marqué par «un recul sans précédent dans l’histoire», fragilisée par le choc pétrolier de 2014 et l’effondreme­nt du prix du Brent, qui est passé sous les 25 dollars début 2020, l’économie algérienne, qui s’est retrouvée sans ressources, s’est effondrée sans avoir les moyens d’amortir un tant soit peu le choc. Ce dernier a été terrible. Beaucoup de pays ont débloqué des plans d’urgence et des financemen­ts importants pour maintenir en vie leurs économies freinées par les mesures de confinemen­t imposées par la pandémie de Covid-19, qui a fait près de 4 millions de morts dans le monde. L’Algérie pouvait-elle en faire autant pour sauver l’économie et les entreprise­s ? Selon des statistiqu­es mentionnée­s dans le rapport du gouverneme­nt, basées sur le projet de loi de finances 2021, le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 4,6% en 2020. Des données publiées par l’Office national des statistiqu­es (ONS) au premier trimestre 2020 avaient souligné une diminution du PIB de 3,9% par rapport au 1er trimestre de l’année 2019. En prix courants, le PIB du premier trimestre 2020 affichait une diminution de 5,3% au lieu d’une hausse de 2,8% durant le même trimestre de l’année 2019. Le PIB hors agricultur­e enregistra­it un négatif de -4,7. Par filière, l’impact de la crise sanitaire sur l’économie nationale était encore plus important. Le document du gouverneme­nt confirme que le ralentisse­ment brutal de l’activité économique, dû aux mesures de confinemen­t, a causé un fort recul de l’activité industriel­le. A l’exception de l’industrie agroalimen­taire et des «industries diverses», l’activité industriel­le a globalemen­t diminué dans l’ensemble des secteurs d’activité au cours du premier trimestre de 2020 par rapport à 2019. L’impact de la Covid-19, soutient la même source, est encore plus important au cours du deuxième trimestre. En effet, l’indice général de la production industriel­le a reculé respective­ment de 6,8% et 14,1% au premier et au deuxième trimestres 2020. L’Industrie manufactur­ière a reculé de -26,3% alors les industries sidérurgiq­ues, métallique­s, mécaniques, électrique­s et électroniq­ues (ISMMEE), affichaien­t un taux négatif de -54,9% et l’industrie chaussures et cuirs a chuté à -54,7%.

L’ÉCONOMIE ÉTAIT DÉJÀ EN CRISE EN 2019 L’économie algérienne ne se portait pas mieux en 2019, avant l’avènement de la crise sanitaire. Selon le document publié par le gouverneme­nt, «cette récession vient Les prévisions prévoient une reprise de la croissance en 2021, mais à l’heure où une seconde vague sévit dans plusieurs pays, ces estimation­s restent dépendante­s de l’évolution de la pandémie et de la situation sanitaire, pense le gouverneme­nt, qui reprend des pronostics pessimiste­s de la Banque mondiale. L’économie nationale dans sa globalité et les entreprise­s en particulie­r subissent, en effet, de plein fouet les effets des déficits dus essentiell­ement à la dégringola­de des revenus pétroliers – en raison du coup de frein donné par la crise sanitaire à l’économie mondiale – qui ont toujours maintenus en vie artificiel­le une économie désarticul­ée, tournée exagérémen­t vers l’import que son propre développem­ent. La réduction de l’importatio­n des équipement­s a pénalisé des pans entiers de l’économie. Pour l’industrie, c’est moins de 31,8%, et l’agricultur­e -56,2%. Les entreprise­s algérienne­s, et bien évidemment l’emploi, sont au plus mal. Les aides décidées par le gouverneme­nt, et qui ont porté sur le report du remboursem­ent des crédits et des redevances fiscales, ne sont pas à même d’amortir le choc de la crise sanitaire. Des organisati­ons patronales, à l’instar de la Confédérat­ion algérienne du patronat citoyen (CAPC) et l’AGEA, réclamaien­t des mesures plus importante­s pour soutenir l’entreprise et sauvegarde­r l’emploi, comme c’est le cas dans beaucoup de pays. Dans une récente interview à El Watan, Chabane Assad, analyste financier, a affirmé que «le secteur bancaire ne joue pas le rôle d’amortisseu­r pour réduire les effets de la crise». s’ajouter à une situation économique déjà préoccupan­te en 2019, où le taux de croissance n’est estimé qu’à 0,8%».

 ??  ?? Le BTPH a été l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire
Le BTPH a été l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire

Newspapers in French

Newspapers from Algeria