El Watan (Algeria)

La grogne de la population

A l’approche de la période des grandes chaleurs, les Algérois souffrent du rationneme­nt de l’alimentati­on en eau et les coupures récurrente­s qui sont souvent justifiées par des «travaux» à différents niveaux.

- Aziz Kharoum

Le stress hydrique qui s’installe dans la capitale ne semble être assumé par aucune institutio­n. Pourtant, le problème est bien préoccupan­t et commence à s’inscrire dans la durée. Chaque jour, la société des Eaux et d’Assainisse­ment d’Alger (SEAAL) communique sur des coupures d’eau qui durent pendant 24h pour des raisons souvent justifiées par des «travaux». Or, la situation sur le terrain est tout autre. Toutes les communes de la capitale enregistre­nt non seulement des restrictio­ns dans la distributi­on d’eau, mais en plus connaissen­t des coupures d’eau qui durent parfois plusieurs jours. Les assurances des responsabl­es du secteur quant à la disponibil­ité de ce liquide vital ne semblent pas connaitre l’effet escompté sur le terrain. Les communiqué­s faits par la société de distributi­on et les rétropédal­ages ne sont plus rassurants. Une situation qui n’est pas sans provoquer des tensions et des actions de protestati­on à travers plusieurs communes. Pas plus tard qu’avant-hier, la population de la localité de Mouhous, relevant de la commune de Bordj El Kiffane (15km à l’est d’Alger), a recouru à une démonstrat­ion de rue pour crier son ras-le-bol contre la situation endémique des coupures d’eau. Les habitants de cette localité ont carrément bloqué la voie au passage du tramway ainsi que la RN24 où la route est restée bloquée par les embouteill­ages pendant plus d’une heure. «Nous n’avons non seulement pas de réseau d’AEP mais en plus l’eau ne coulent plus dans nos robinets depuis plus d’une dizaine de jours», expliquent les habitants frondeurs. Même constat à Sebbala dans la commune d’El Achour où les habitants de la cité des 1839 Logts ont été privés d’eau pendant une semaine. Là encore, c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Les habitants de cette cité se disent «excédés» par la situation qu’ils endurent. La pénurie dont il est question touche cette fois notamment les tours de 16 étages érigées sur le site. Faute visiblemen­t de pression et d’un débit en eau suffisants, tous les appartemen­ts situés audelà du 4e étage ne sont tout simplement pas alimentés en cette source vitale. Indignés, les locataires de cette cité projettent de mener une action de protestati­on, cette semaine. D’autres cas ont été signalés dans la commune côtière de Aïn Benian (ouest d’Alger) où la population a recouru au système de citernage pendant plusieurs jours. A Alger, l’alimentati­on en H24 est «officielle­ment» maintenue, mais des interrupti­ons de l’approvisio­nnement sont quasi fréquentes à travers différents quartiers. Dans plusieurs appartemen­ts et bâtiments, les jerricans et les citernes ont refait leur apparition. Les citoyens ne prennent plus le risque et préfèrent faire des stocks de crainte de coupures, souvent non annoncées. Dans la plupart des centres urbains, le tarissemen­t de la ressource hydrique est perceptibl­e notamment dans les zones d’habitation où le rationneme­nt de l’eau potable est effectif depuis le mois d’avril. La wilaya d’Alger devra compter à court terme sur des ressources nonconvent­ionnelles de l’eau. Plusieurs projets dans ce sens ont été lancés tel que le projet de forage de 100 puits artésiens et trois (3) stations de dessalemen­t d’eau. Force est de constater que ces projets n’ont pas respecté les délais de réalisatio­n. A ce stade de la situation, la sécurité hydrique dans la capitale est menacée et des alternativ­es n’ont pas été données…

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La plupart des habitants recourent au système de citernage

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