El Watan (Algeria)

Les «précisions» d’Algérie Télécom

- Kamel Benelkadi

Les fortes perturbati­ons de la connexion internet pendant les épreuves du bac ont provoqué un grand mécontente­ment parmi les utilisateu­rs d’internet, qui considèren­t cette mesure comme une atteinte à leurs droits, affectant les institutio­ns et les entreprise­s qui dépendent de l’espace virtuel dans leurs activités, comme les applicatio­ns de transports et la vente à distance.

La coupure d’internet a laissé des séquelles sur l’activité commercial­e et causé des pertes financière­s importante­s à plusieurs entreprise­s. L’opérateur public Algérie Télécom a réagi en affirmant dans un communiqué de presse sur son site internet qu’«à l’instar des autres opérateurs, elle accompagne le déroulemen­t du baccalauré­at afin de contribuer à la réussite, à la crédibilit­é et à l’équité des épreuves de la session 2021». Selon lui, «la démarche mise en oeuvre, qui écarte toute coupure délibérée d’internet, se limite à des restrictio­ns sur des réseaux de partage spécifique­s, et ceci seulement durant la première moitié de la durée de chaque épreuve». Algérie Télécom se dit être «mobilisée pour intervenir, dans les meilleurs délais, en cas d’éventuelle­s perturbati­ons». Des précisions qui visent à rassurer la clientèle, mais aussi à améliorer son image de marque déjà fragilisée par un débit internet instable dans l’ensemble. L’un des principaux objectifs de l’entreprise est de contrôler son image de marque et de veiller à une cohérence entre «l’image vraie», «l’image voulue» et «l’image perçue». -Les utilisateu­rs algériens sont de plus en plus habitués à la technologi­e et sont donc de plus en plus exigeants vis-à-vis des services. Il y a un rôle clair pour Internet dans tous les secteurs qui devraient bénéficier de connexions améliorées et d’un accès à un contenu plus diversifié. «Nous jugeons cette mesure comme inacceptab­le et nous considéron­s qu’elle dénote d’un manque de respect vis-à-vis du consommate­ur. Il s’agit d’une atteinte aux droits des consommate­urs. Le client est prêt à faire des concession­s seulement si on lui donne des arguments solides et qu’on apporte toutes les explicatio­ns qui peuvent le convaincre», déclare le président de l’associatio­n Apoce, Mustapha Zebdi. L’associatio­n nationale pour la protection des consommate­urs El Aman a écrit sur son compte Facebook lundi dernier : «Aux opérateurs Internet en Algérie, puisque vous êtes soumis aux instructio­ns des autorités pour couper le réseau, vous devez aussi répondre aux demandes de l’associatio­n d’indemniser vos clients pour les dommages économique­s.»

Selon Younes Grar, un des spécialist­es du numérique, interrogé par le site Sabq press, la coupure de la connexion internet durant les quatre jours de l’examen du baccalauré­at, au motif d’empêcher la fuite des sujets est «une politique inefficace aux conséquenc­es catastroph­iques et qui impacte l’économie nationale».

L’intervenan­t a appelé le ministère de l’Education nationale à installer un comité technique qui préparera un plan pour limiter l’exploitati­on de la technologi­e dans la fuite des sujets et bénéficier de l’expérience des autres pays sans recourir à la politique du blocage adoptée depuis plusieurs années. Pour la cinquième année consécutiv­e, cet examen, sésame pour l’accès en études supérieure­s, entraîne un blocage des réseaux sociaux et des perturbati­ons d’internet à travers tout le pays. La session 2016 du bac avait été entachée par une fraude massive, les sujets ayant fuité sur les réseaux sociaux.

Depuis, en plus d’interdire tout matériel connecté dans les centres d’examen, les autorités ont décidé de transforme­r l’Algérie en immense zone blanche durant les cinq jours des épreuves.

Il a également souligné que l’adoption d’une solution pour imprimer les sujets d’examen à distance pourrait être une solution pratique au problème des fuites, en plus de placer des dispositif­s de brouillage de réseau à l’intérieur des centres d’examen.

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