Inquiétante hausse des cas de coronavirus
Depuis le début de la pandémie et l’apparition des premiers cas de Covid-19 à Oran en mars 2020, la situation épidémiologique dans la deuxième ville du pays est en dents de scie, tantôt le nombre de contaminations journalier se stabilise pour descendre à son seuil le plus bas, tantôt il repart à la hausse jusqu’à atteindre le pic. Ces joursci justement, nous sommes à une moyenne d’un décès par jour et 35 à 40 nouveaux cas de contamination quotidienne, alors que le service de réanimation comptabilise entre 10 et 15 patients tandis que la moyenne des personnes intubées est de 3 à 5 patients. Ces chiffres nous ont été communiqués, hier, par le Dr Boukhari, chargé de la communication de la direction de la santé d’Oran. Cette nette augmentation, explique-t-il, est due notamment à deux facteurs, la célébration de la fête de l’Aïd El Fitr (14 et 15 mai dernier) et les élections qui ont suivi (12 juin). «En effet, précise-t-il, avant le 20e jour du Ramadhan, on enregistrait rarement plus de 10 cas par jour, et pour ce qui est des décès, on ne déplorait qu’un à deux décès par semaine.» Cette fois-ci, même les personnes relativement jeunes (à partir de 45 ans) ne sont pas épargnées par des contaminations sévères. «Dernièrement, on a perdu un patient âgé de 27 ans suite à une syncope. Ceci dit, quand on a fait la PCR, il s’est avéré qu’elle était positive. Actuellement, même les signes cliniques ont plus ou moins changés, ce n’est plus comme avant : cette fois, ce sont des symptômes d’intoxication alimentaire, mais quand on fait la PCR, on la trouve positive, avec des vomissements, des diarrhées, etc.» En gros, c’est toute la symptomatologie qui a changé. Pour le Dr
Boukhari, il n’y a cependant pas lieu de parler de 3e vague, et les chiffres, bien que préoccupants, ne sont pas ceux de nos voisins en Tunisie et au Maroc, où la situation est malheureusement pire. Ceci dit, si la réouverture partielle des frontières, le 1er juin dernier, n’a pas amené une hausse des contaminations, ce n’est pas une raison pour baisser la garde, et les restrictions sanitaires doivent toujours être de mise. Le Dr Boukhari nous relatera à cet effet le déroulement d’une janaza (oraison funèbre) à Oran, qui a eu lieu tout de suite après l’Aïd et à cause de laquelle plus de 20 personnes ont été contaminées par une seule famille. «Il s’agit là de 20 personnes déclarées positives, mais leur nombre devait être plus important, notamment chez les jeunes qui sont asymptomatiques mais porteurs de la maladie.»
Pour ce qui est du registre de la vaccination, on apprendra que jusqu’à aujourd’hui, la wilaya d’Oran a reçu un total de 45 000 doses de vaccins anti-Covid-19, et jusqu’au 20 juin, plus 33 000 personnes ont déjà été inoculées avec les deux doses. «Quatre types de vaccins ont été acheminés à la wilaya d’Oran, deux lots du vaccin chinois, un lot d’AstraZeneca et deux lots de Sputnik V», détaille le Dr Boukhari, qui précise que la vaccination se fait à une moyenne de 600 à 1000 inoculations quotidiennes. Ces chiffres devront aller crescendo au fil des prochains jours et semaines, mais restent néanmoins tributaires de la disponibilité des doses. «Il y avait au départ une réticence pour l’AstraZeneca, mais après la réouverture des frontières, on a constaté que beaucoup de gens sont demandeurs de ce vaccin, et ce, pour pouvoir voyager.» Il est rappeler aussi que depuis le 6 juin, un chapiteau médical a été dressé à la place Tahtaha (le quartier populaire de M’dina J’dida, réputé pour sa grande affluence pendant les jours ouvrables), et ce, pour inciter les plus dubitatifs à se faire vacciner. Depuis le 6 juin jusqu’à avant-hier, un total de 1090 personnes se sont fait vacciner à Tahtaha, mais étant donné qu’Oran est pourvu d’une cinquantaine de centres de vaccination (entre polycliniques, salles de soins, etc.) point n’est besoin d’aménager d’autres chapiteaux médicaux. «Toutes les polycliniques de la wilaya sont dotées d’une unité de vaccination», explique le Dr Boukhari, qui précise que s’il y a lieu d’aménager de nouveaux chapiteaux, ce sera alors dans les communes comme Aïn El Turk ou Boutlélis, qui devront accueillir, à partir du 1er juillet prochain, un grand nombre d’estivants sur leurs plages. «On installera probablement des chapiteaux pour vacciner les estivants qui viendront d’autres wilayas», dit-il. Pour ce qui est de l’hôpital de Chteibou, dit 240 lits, exclusivement dédié au service Covid, le Dr Boukhari informe que son taux d’occupation actuellement est de l’ordre de 50%, et les personnes hospitalisées sont notamment les cas symptomatiques qui peuvent évoluer vers une gravité, notamment les personnes qui présentent des symptomatologies comme des problèmes respiratoires, «car parfois, quand des personnes sont atteintes de la Covid, il suffit d’une à deux heures pour que la maladie évolue vers la gravité. De ce fait, on les hospitalise systématiquement», conclut-il.