El Watan (Algeria)

L’affaire reportée au 15 septembre après le retrait de la défense

- S. Tlemçani

● Prévu mercredi dernier, le procès de l’ancien patron de la Sécurité intérieure, le général Wassini Bouazza, et cinq de ses officiers n’a pas eu lieu. La cour d’appel militaire de Blida a fini par le renvoyer au 15 septembre prochain, après le retrait de l’ensemble des avocats, en signe de protestati­on contre son refus de l’ajourner.

Un débat houleux a eu lieu mercredi dernier à la cour d’appel militaire de Blida, où devait être jugé l’ex-directeur général de la Sécurité intérieure pour «abus de fonction», «trafic d’influence», «entrave à la justice», «non-respect des consignes militaires» et «enrichisse­ment illicite», avec cinq autres officiers du renseignem­ent militaire, tous déjà condamnés en première instance, il y a près de deux mois, à des peines allant de 10 à 16 ans de réclusion criminelle. En fait, faut-il rappeler, le général Bouazza est poursuivi pour «avoir interféré dans l’opération électorale présidenti­elle du 12 décembre 2019», au profit du candidat Azzedine Mihoubi, ex-secrétaire général par intérim du RND, en donnant des directives à ses subordonné­s, ce qui leur a valu, eux aussi, d’être jugés et condamnés. Six autres officiers, témoins dans le dossier, ont été, quant à eux, inculpés et placés en détention, lors du procès, au mois de mars dernier, et devront être jugés séparément.

Revenu après appel, le procès, déjà renvoyé une première fois, s’est ouvert mercredi dernier en présence de plus d’une dizaine d’avocats, parmi lesquels ceux du général Bouazza, apprend-on auprès de certains d’entre eux. D’emblée, ils demandent le renvoi en raison de l’état de santé de leur mandant. Le président refuse, mais les avocats, appuyés par d’autres confrères, persistent. La cour décide de faire appel à un médecin, et l’audience est suspendue une première fois, puis a repris quelque temps après.

L’examen fait état d’une tension artérielle «un peu élevée» et les magistrats décident de poursuivre l’audience. La défense conteste et réclame le report. Le président de la cour rejette la demande et les avocats persistent. S’ensuit alors un long échange entre ces derniers et le magistrat, qui campe sur sa décision, nous révèlent quelques avocats avec lesquels nous nous sommes entretenus. Le ton monte et après des heures d’insistance, le collectif d’avocats décide de quitter l’audience en signe de protestati­on contre le maintien du procès. Pris de court et après un long délibéré, le président décide de renvoyer l’affaire au 15 septembre prochain. Il l’annonce en l’absence des avocats.

Il faut dire que c’est la deuxième fois que la cour d’appel militaire de Blida est le théâtre d’incidents.

Il y a quelques semaines, c’était le général-major à la retraite Saïd Bey, ancien commandant de la 2e Région militaire, qui avait créé la surprise en décidant de quitter l’audience, après avoir exprimé aux magistrats sa «défiance» à l’égard de la justice. Il protestait ainsi contre la condamnati­on de 15 ans de réclusion criminelle, prononcée en appel, la veille de son jugement, alors qu’il «espérait une sentence plus clémente», nous dit-on. En quittant l’audience, Saïd Bey avait surpris également ses avocats, qui étaient dans l’obligation de se retirer eux aussi. Cela n’a cependant pas empêché la cour de poursuivre le procès en l’absence des parties et de prononcer à la fin la relaxe.

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