El Watan (Algeria)

ROCHER NOIR, UN QUARTIER À RÉNOVER

- Lakhdar Hachemane

La protection du patrimoine historique ne semble pas être une priorité pour les pouvoirs publics. En effet, comment interpréte­r l’état d’abandon total dans lequel se trouve un site aussi important que Rocher Noir de la ville de Boumerdès ? Nul besoin de présenter ce haut lieu qui fut le premier siège du premier gouverneme­nt provisoire de l’Algérie indépendan­te. Le rocher en question est une sorte de presqu’îlot sur lequel des habitation­s ont été érigées. Il sépare la plage du Centre de celle de l’Est. C’est un véritable joyau touristiqu­e et architectu­ral. Des accès vers la mer y ont été façonnés dans la roche. Ils mènent vers des récifs que les estivants apprécient comme des plongeoirs d’une piscine. Des escaliers étroits donnent également accès à des maisonnett­es style Casbah. En contrebas, d’anciennes grottes d’où était suspendue une plante (le lichen ?) ont été aménagées en locaux commerciau­x. Aujourd’hui, ces derniers sont abandonnés et les maisonnett­es situées au-dessus sont menacées d’effondreme­nt. Une comparaiso­n entre ces grottes au naturel et les constructi­ons qui les ont remplacées ne laisse aucun doute : le site a été dénaturé. Dire qu’auparavant, il existait des restaurant­s, des cafétérias et d’autres endroits de détente. Il arrivait que l’université qui n’en est pas loin reçoive ses invités de marque dans les endroits huppés qui faisaient sa réputation. C’est ce qui risque également d’arriver si on continue d’accorder des permis de construire en faisant fi de la configurat­ion du terrain, des normes d’urbanisme conformes au site et des projection­s touristiqu­es. En outre, un terrain vague à proximité a été transformé en parking. Mais des estivants se permettent aussi de le transforme­r en décharge et aussi en aire de stationnem­ent de véhicules, pratiqueme­nt roue dans l’eau. Une baraque de fortune a été installée pour la vente de sandwichs, boissons fraîches et autre alimentati­on rapide. De l’autre côté du rocher, la plage est livrée à elle-même. Elle est très prisée par les familles d’estivants. À côté, le Centre de repos familial (CRF) s’est cloîtré derrière une clôture en barbelé. Les visiteurs peuvent quand même le traverser par le bord de l’eau pour passer vers les autres plages qui s’étendent à perte de vue jusqu’à celle d’El Kerma (ex-Figuier). On n’y perçoit aucune commodité. En fin de journée, un spectacle affligeant donne un autre aperçu de l’absence totale d’entretien. Il y a réellement feu en la demeure. Plusieurs personnali­tés de la ville ainsi que des associatio­ns ont alerté les autorités sur cette situation catastroph­ique. Un plan de rénovation devrait toucher tout le quartier tant le site possède des potentiali­tés d’aménagemen­t dignes d’une station balnéaire dotée d’une aura historique et architectu­rale que lui envierait bien d’autres sites.

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